JOSEPH LIOUVILLE (1809–1882, X 1825).

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°657 Septembre 2010Rédacteur : Alexandre Moatti (78)Editeur : Bulletin n° 45 (janvier 2010) de la Société des amis de la bibliothèque et de l’histoire de l’X - 2010

Bulletin N°45 de la SABIXCe Bul­letin de la Sabix, con­sacré au math­é­mati­cien Joseph Liou­ville, est sor­ti (presque) à temps à l’occasion du bicen­te­naire de sa nais­sance, en tout cas pour le col­loque que Nor­bert Verdier et moi-même lui avons con­sacré à l’X à Palaiseau le 29 jan­vi­er dernier. Il célèbre – aus­si ! – le don à la Bib­lio­thèque, via la Sabix, d’un cer­tain nom­bre de man­u­scrits de Liou­ville, offerts par un de ses descen­dants, Michel Drouineau.

Les travaux math­é­ma­tiques de Liou­ville sont bien évidem­ment rap­pelés dans ce Bul­letin. Citons la mise en évi­dence du pre­mier nom­bre tran­scen­dant (1844) – non-solu­tion d’une équa­tion algébrique – qui ouvri­ra la voie à la démon­stra­tion de la tran­scen­dance de pi (1882) et con­damn­era à l’inaction une armée de quadra­teurs du cer­cle… Citons aus­si le prob­lème de Sturm- Liou­ville (1836), pro­lon­ga­tion ô com­bi­en fructueuse du tra­vail de Joseph Fouri­er sur l’équation de la chaleur, qui con­duit à des méth­odes de réso­lu­tion des équa­tions aux dérivées par­tielles par­ti­c­ulière­ment inno­vantes – jusqu’à l’équation de Schrödinger en physique quan­tique : on ver­ra dans le Bul­letin que Claude Cohen-Tan­noud­ji par­le le « liou­vil­lien » couram­ment dans ses cours au Col­lège de France en 1975.

Mais Liou­ville (répéti­teur puis pro­fesseur d’analyse à Poly­tech­nique de 1832 à 1851) était aus­si un remar­quable organ­isa­teur, au cen­tre d’un réseau de math­é­mati­ciens européens puisqu’il crée en 1836 le Jour­nal de math­é­ma­tiques pures et appliquées. La deux­ième par­tie du Bul­letin vous fait revivre, grâce à trois his­to­riens des sci­ences, l’édition math­é­ma­tique au XIXe siè­cle en France. Gageons que ce qui s’appellera rapi­de­ment le Jour­nal de Liou­ville (et sera édité par Camille Jor­dan, X1865, de 1885 à 1922) devait cor­re­spon­dre à un besoin et que le pro­jet a été bien mené par son insti­ga­teur, puisque cette revue existe tou­jours et con­stitue une mar­que de ray­on­nement de l’école math­é­ma­tique française – Pierre-Louis Lions, médaille Fields, en est le respon­s­able, digne suc­cesseur de Liouville.

Ce dernier, ingénieur des ponts, math­é­mati­cien excep­tion­nel, reste curieuse­ment mécon­nu dans la mémoire poly­tech­ni­ci­enne et bien sûr celle du grand pub­lic : entre Cauchy (X1805) et Poin­caré (X1873), elles ont oublié Liou­ville et Jor­dan. Ce numéro vous per­me­t­tra de le redécouvrir.

Poster un commentaire