Nous étions seuls. Une histoire diplomatique de la France. 1919–1939

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°786 Juin 2023Par : Gérard Araud (X73)Rédacteur : Pierre Séguin (X73)Editeur : Éditions Tallandier, mars 2023

Alors que le per­son­nel diplo­ma­tique est générale­ment incon­nu du grand pub­lic, Gérard Araud a réus­si le tour de force d’obtenir une réelle notoriété au-delà du cer­cle des ini­tiés. Depuis son départ en retraite du corps diplo­ma­tique, il met à prof­it son expéri­ence pro­fes­sion­nelle et cette notoriété pour sat­is­faire un goût de la plume qui était déjà man­i­feste à l’École. Et tant mieux pour nous, puisqu’il nous livre à présent une excel­lente syn­thèse his­torique de la diplo­matie française entre les deux guer­res : 330 pages point trop grandes.

L’auteur souligne que cet ouvrage est en quelque sorte un pro­duit dérivé de ses His­toires diplo­ma­tiques parues l’an dernier, dont nous avons ren­du compte dans notre récent numéro 785. Comme l’auteur le dit pour lui dans son pre­mier chapitre, comme moi-même qui aus­si ai servi mon pays avec fierté, nous sommes nom­breux à être restés trau­ma­tisés par la défaite de 1940, par his­toire famil­iale inter­posée, et à nous deman­der com­ment on en était arrivé là, ce que nous auri­ons fait alors… Je crois pou­voir dire que ce livre répond bien à la pre­mière ques­tion et il m’a apporté des lumières inédites, tout en met­tant de l’ordre dans un ensem­ble de con­nais­sances un peu dis­parates. Il se lit avec facil­ité et plaisir. Son seul défaut est de nous laiss­er par­fois sur notre faim, car c’est une syn­thèse et il ne pou­vait entr­er dans tous les détails ; mais n’est-ce pas une qual­ité que de don­ner envie d’approfondir ? La suc­ces­sion des événe­ments est agré­men­tée par des réflex­ions que je crois per­ti­nentes (le dernier chapitre, qui envis­age la péri­ode non plus chronologique­ment mais par aire géo­graphique, est par­ti­c­ulière­ment fort) et surtout par des por­traits à charge et à décharge qui avec gour­man­dise sont bien brossés ; ces por­traits nous ren­voient au rôle des per­son­nal­ités dans l’évolution des événe­ments, par-delà le déter­min­isme des faits ; ils nous ren­voient à la sec­onde ques­tion : qu’aurions-nous fait ? qu’avons-nous fait ? que faisons-nous de la part de respon­s­abil­ités que la Nation nous a con­fiées ?  

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