DVD La passion selon Saint Jean (Peter Sellars)

Jean-Sébastien BACH : Passion selon Saint Jean

Dossier : Arts,Lettres et SciencesMagazine N°718 Octobre 2016Par : l'orchestre philharmonique de Berlin, Camillia Tilling, Mark Padmore, Magdalena Kozena, direction Sir Simon Rattle, mise en scène Peter SellarsRédacteur : Marc DARMON (83)Editeur : Coffret de deux DVD et un Blu-Ray

Jean-Sébastien Bach a prob­a­ble­ment écrit qua­tre Pas­sions, ora­to­rios sur les derniers jours du Christ, selon les qua­tre Évangiles. Seules celles selon Jean et Matthieu ont survécu, et comptent par­mi les œuvres les plus célèbres et célébrée s du compositeur. 

La Pas­sion selon saint Jean est la plus intime, et il existe en DVD plusieurs édi­tions à recom­man­der en ver­sion tra­di­tion­nelle (Harnon­court et Suzu­ki, principalement). 

Mais le con­cert que nous com­men­tons aujourd’hui n’a rien à voir avec un enreg­istrement tra­di­tion­nel de la Pas­sion selon saint Jean. En effet, Peter Sel­l­ars met réelle­ment en scène en 2014 cette Pas­sion, pour­tant des­tinée à être représen­tée sta­tique­ment comme un oratorio. 

Or, il ne la met pas en scène comme on pour­rait le faire avec un opéra, à grand ren­fort de cos­tumes, décors et scènes réal­istes, mais au con­traire avec une mise en espace, un jeu sur les corps et les mou­ve­ments qui tranchent avec la sobriété des cos­tumes et des décors, et en font un spec­ta­cle musi­cal et plas­tique à la fois. 

Le chœur, générale­ment sta­tique, ici joue vrai­ment, tout en noir, représente la foule qui tan­tôt se lamente lev­ant les bras au ciel, tan­tôt hurle, prie, pleure en se roulant par terre. La foule partage sa souf­france avec nous, Sel­l­ars créant avec le chœur le même effet que des sculp­tures de Rodin (quel tra­vail sur les mains, les pos­tures, etc.). 

L’Orchestre phil­har­monique de Berlin, d’habitude l’un des plus four­nis au monde, est ce soir-là réduit à un effec­tif « baroque » plus con­forme à l’époque de sa créa­tion, et com­plété d’un orgue posi­tif, de vio­les et d’un théorbe, grand luth très élégant. 

L’orchestre est sur la scène, mais les instru­ments solistes qui accom­pa­g­nent cer­tains airs se dépla­cent pour entour­er les chanteurs qui bougent beau­coup égale­ment, comme, par exem­ple, les deux haut­bois qui accom­pa­g­nent le pre­mier air de sainte Anne. 

Cette mise en scène sub­tile tient en haleine l’auditeur pen­dant les deux heures de spec­ta­cle, il vibre, il pleure, il passe par toutes les émo­tions des per­son­nages de la pas­sion du Christ. 

Il se passe tou­jours quelque chose, pen­dant les réc­i­tat­ifs, les chœurs, les arias. Men­tion spé­ciale pour la très poignante scène du reniement de saint Pierre d’une incroy­able émotion. 

Musi­cale­ment, naturelle­ment le meilleur : un des plus beaux orchestres du monde en for­mat d’époque, on l’a dit, son chef attitré pen­dant encore quelque mois (Rat­tle va rejoin­dre son Lon­dres l’année prochaine), le grand ténor Mark Pad­more comme évangéliste réc­i­tant, Pad­more que l’on a vu à Paris diriger lui-même cette Pas­sion un ven­dre­di saint de 2014, cumu­lant les rôles de chef d’orchestre et d’évangéliste, grand souvenir. 

La Pas­sion selon saint Matthieu avec la même équipe avait été jouée et filmée qua­tre ans plus tôt, avec la même réus­site, égale­ment disponible en DVD, Blu-Ray et sur le site de la Phil­har­monie de Berlin, digitalconcerthome.com.

La passion selon Saint Jean avec Peter Sellars

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