Honoré d’Estienne d’Orves

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°565 Mai 2001Par : Étienne de MONTETYRédacteur : JR

Quand on a le panache d’un cheva­lier, com­ment acceptet- on le risque d’un des­tin obscur et sans gloire, d’une vie errante, entre faux papiers, espi­onnage et clandestinité ?

Quand, depuis la pre­mière heure de la défaite de 1940, on éprou­ve l’occupation nazie comme une oppres­sion, comme un scan­dale pour lequel on est prêt à affron­ter la prison, la tor­ture et la mort, par quel mys­tère sur­mon­tet- on son ardeur patri­o­tique jusqu’à se choisir pour ultime con­fi­dent un aumônier allemand ?

Éclair­cir ces para­dox­es qui ont nour­ri la légende d’Honoré d’Estienne d’Orves (X 1921), telle est la belle ambi­tion d’Étienne de Mon­te­ty (jour­nal­iste). Grâce à de nom­breuses sources famil­iales, il brosse le por­trait d’un enfant né avec le siè­cle en 1901, aus­si doué pour les études sci­en­tifiques que curieux de décou­vrir le monde après sa sor­tie de Poly­tech­nique, mais han­té, déjà, par le trau­ma­tisme d’une guerre, celle de 14–18, qui façonne le patri­o­tisme d’un ado­les­cent de bonne famille.

Ce mélange déto­nant per­met de com­pren­dre, grâce égale­ment à des archives mil­i­taires inédites, l’attitude du marin pris dans la nasse d’Alexandrie à l’été 1940 par l’amirauté bri­tan­nique. Le lieu­tenant de vais­seau d’Estienne d’Orves gagne Lon­dres en sep­tem­bre et se ral­lie au général de Gaulle. S’ouvrent alors trois mois d’une car­rière météorique où il devient chef du Deux­ième Bureau de la France libre, puis respon­s­able d’un réseau d’espionnage avant d’être arrêté, en jan­vi­er 1941, sur dénonciation.

Et, tan­dis que Vichy s’agite pour le faire libér­er, que les Alle­mands hési­tent avant de l’exécuter le 29 août 1941, c’est en prison que d’Estienne d’Orves révèle, dans la foi et la médi­ta­tion, l’ultime facette de sa per­son­nal­ité et qu’il devient, pour la mémoire nationale, le héros “ qui croy­ait au ciel ”.

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