Histoire de guérisons

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°605 Mai 2005Par : Gérard Pétillon et François Turlot (56)Rédacteur : René PADIEU (57)

Il est quo­ti­di­en que la ratio­nal­ité sci­en­tifique côtoie des faits et com­porte­ments qu’alors on qual­i­fie d’irrationnels. Il est plus rare qu’on les fasse dia­loguer. C’est ce que pro­pose ce livre. Un de nos cama­rades, rompu donc à l’exigence d’objectivité dans la preuve, ren­con­tre un “ guéris­seur ” : il est intrigué par l’art ou le don de celui-ci, qui sem­ble effi­cace et pour­tant échappe aux expli­ca­tions pos­i­tives. D’autant que, avant de s’établir très formelle­ment comme kiné, il était, de son pre­mier méti­er, géomètre : les pieds sur terre, il voudrait lui aus­si com­pren­dre ce qu’il fait. Il se con­sid­ère “ fait pour soign­er ”, mais l’idée d’avoir un don le gêne. Il ne pré­tend pas pos­séder un secret ni une quel­conque sci­ence occulte. Touche-à- tout, il explore cepen­dant les tech­niques par­al­lèles, ori­en­tales ou dites para­nor­males. Il s’en sert par­fois, mais n’y adhère pas pour autant : c’est comme un sup­port, un déclencheur pour son intuition.

Or, ses patients guéris­sent : est-ce lui qui les guérit, ou se guéris­sent-ils ? Lui dit qu’il soigne ; eux dis­ent qu’ils guéris­sent. Y a‑t-il des remèdes illu­soires qui guéris­sent réelle­ment ? Inqui­et, curieux, insta­ble, à cause de cela peut-être il est récep­tif : il ne donne rien mais ressent. Le patient se sent-il accueil­li et puise-t-il là même les ressources salvatrices ?

Notre ratio­nal­isme est-il ras­suré par cette idée d’autosuggestion ? Ou n’est-ce là qu’une ten­ta­tive pour met­tre une expli­ca­tion : faut-il qu’entre un acte et un effet le lien soit con­nu pour que l’effet soit ?

Cela n’est pas “ sci­en­tifique ”. Pour­tant, la pre­mière ver­tu de la sci­ence est le doute : ne pas s’en tenir à ce qu’on explique, ni récuser ce qu’on n’explique pas. Et, puisque ce thérapeute est lui-même per­plexe quant à l’explication de ce qu’il fait, nous qui nous croyons sci­en­tifiques, dou­tons avec lui et écoutons-le.

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