Histoire d’une névrose

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°699 Novembre 2014Par : Jean PEYRELEVADE (58)Rédacteur : Jean-Claude PRAGER (64), président d’X-Démographie-ÉconomieEditeur : Éditions Albin Michel – 2014 – 22, rue Huyghens, 75014 Paris

L’auteur est bien placé pour dépein­dre le refus de l’entreprise comme source de pro­grès asso­cié à un cer­tain déni des réal­ités économiques, patholo­gie française qu’il a vu de près aux manettes du pays en 1981 puis comme patron suc­ces­sive­ment de trois entre­pris­es nation­al­isées à l’époque.

La France, à l’inverse des Pays-Bas et de l’Angleterre, a opté depuis le XVIIe siè­cle pour la soumis­sion de l’économie au politique .

Riche­lieu et surtout Col­bert aimaient l’entreprise, mais ne lui fai­saient pas con­fi­ance, l’étouffant sous les régle­men­ta­tions, au nom de leur plus grand bien, et sous les tax­es, pour per­me­t­tre au sou­verain de faire la guerre, sans oubli­er de se servir généreuse­ment au pas­sage ; le parox­ysme est atteint à l’ère napoléonienne.

Les deux épisodes de rémis­sion, entre 1830 et 1870, et pen­dant les trente glo­rieuses, seront trop brefs et super­fi­ciels. Les rares Gour­nay, Tur­got, Con­dorcet ou Barre ont été rapi­de­ment bal­ayés par les sou­verain­istes pré­ten­du­ment répub­li­cains dont l’empreinte est encore pro­fonde de nos jours, à gauche comme à droite, les élec­tions et les dif­fi­cultés de l’emploi étant tou­jours l’occasion d’une rechute.

Le par­al­lèle psy­ch­an­a­ly­tique, ten­tant et osé, peut être dis­cuté, mais est stim­u­lant. Où donc serait le trau­ma­tisme infligé aux Français par l’Économie, leur Mère nourri­cière pour les pouss­er ain­si à se réfugi­er à chaque occa­sion dans les bras de l’État, un Père pro­tecteur, un père prodigue et scin­til­lant ? Si les Français n’ont pas bas­culé dans la réforme au XVIe siè­cle, est-ce là la cause du mal comme l’avançait Peyr­e­fitte ou sim­ple­ment un symp­tôme ? Le débat reste ouvert.

Face aux urgences économiques, un choc est main­tenant indis­pens­able, mais il fau­dra bien le dos­er pour éviter des con­tre­coups encore plus graves que le mal.

Surtout, et c’est là que le par­al­lèle du psy prend sa valeur, une longue cure s’impose com­mençant néces­saire­ment par un tra­vail de mémoire sur notre mytholo­gie et son cortège d’erreurs.

Jean Peyrel­e­vade vien­dra par­ler avec nous de son livre au cours d’un dîner-débat
le 27 jan­vi­er 2015 de 19 h 30 à 22 h 30 à la Mai­son des X.
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