Haro sur le gaspillage énergétique !

Dossier : Dossier FFEMagazine N°706 Juin/Juillet 2015
Par Christophe PERRON

Dans quel contexte est née STIMERGY ?

Alors que j’étais respon­s­able du sys­tème d’information d’une start-up, une panne de la cli­ma­ti­sa­tion dans une salle serveurs s’est produite.

C’est là que j’ai réal­isé qu’il y avait une aber­ra­tion à utilis­er de l’énergie élec­trique pour absorber de la chaleur, alors que de la chaleur, nous en avons besoin au quo­ti­di­en pour chauf­fer nos piscines et notre eau chaude san­i­taire dans notre con­texte de tran­si­tion énergétique.

Comment a débuté l’aventure ?

Je me suis rap­proché d’un incu­ba­teur (GATE1), organ­isme sous tutelle de l’État qui per­met d’identifier les pro­jets promet­teurs et de struc­tur­er la démarche entrepreneuriale.

Son sou­tien ain­si que celui de l’institut INRIA et des entre­pris­es KIC InnoEn­er­gy et EIT ICT Labs nous a été pré­cieux dans le finance­ment de nos pre­miers pilotes et la réus­site de nos pre­mières ventes.

Concrètement, comment recycle-t-on de la chaleur ?

Les serveurs pro­duisent autant de chaleur qu’ils con­som­ment d’énergie.

…Notre dispositif propose une synergie entre la salle serveurs et le bâtiment…

Cette chaleur émise par les serveurs inté­grés à l’intérieur de notre « chaudière numérique » est cap­tée par notre dis­posi­tif de refroidisse­ment liquide.

Grâce à un jeu d’échangeurs, nous trans­férons les calo­ries issues des serveurs jusqu’à un sys­tème de stock­age (bal­lon tam­pon, piscine), qui inverse­ment per­met de main­tenir les serveurs à basse température.

Ce type de système n’existe-t-il pas déjà ?
Où se situe l’innovation ?

Notre inno­va­tion est une inno­va­tion archi­tec­turale et de mod­èle d’affaires référencée dans le guide BPI France. En effet, STIMERGY répond à deux problématiques.

Les salles serveurs pro­duisent un déchet coû­teux à évac­uer : la chaleur. Les bâti­ments doivent réduire leur con­som­ma­tion énergé­tique et la chaleur est un élé­ment pré­cieux. Dans ce con­texte, notre dis­posi­tif pro­pose une syn­ergie directe à coût d’investissement opti­misé entre la salle serveurs et le bâtiment.

Cette approche de salle serveurs inté­grée au bâti­ment chauf­fant de l’eau en son lieu de puis­age est aujourd’hui unique.

Comment reliez-vous les deux ?

STIMERGY repense les cen­tres de don­nées à l’ère de la révo­lu­tion indus­trielle en les décen­tral­isant. Au lieu de trans­porter la chaleur d’un data cen­ter vers un lieu de con­som­ma­tion, nous trans­portons l’information à la vitesse de la lumière grâce à la fibre optique. Avec le pro­gramme nation­al très haut débit, 100 % des bâti­ments seront con­nec­tés à la fibre optique.

Par exem­ple, une mairie qui a une piscine peut la chauf­fer grâce à ses serveurs. Cela est ren­du pos­si­ble grâce à une fibre optique tirée entre la mairie et la piscine.

Demain toutes les piscines, les bâti­ments rési­den­tiels col­lec­tifs, les usines auront au sein de leur chauf­ferie un data cen­ter. La syn­ergie des deux devient donc pour moi plus qu’une cohérence, une évidence.

Aujourd’hui, comment vous positionnez-vous sur ce marché naissant ?

Aujourd’hui, nous cher­chons à nous posi­tion­ner comme leader européen de la con­cep­tion et la con­struc­tion de salles serveurs éco-respon­s­ables pour les villes intel­li­gentes et les éco-campus.

Par ailleurs, nous com­mençons à avoir quelques con­cur­rents (alle­mands et ital­iens), ce qui est bon signe.

Quelles sont vos perspectives de croissance ?

Nous comp­tons mul­ti­pli­er par 10 notre chiffre d’affaires en 2015 et attein­dre notre pre­mier mil­lion d’euros en 2016.

Au niveau stratégique, nous sommes en posi­tion de pro­pos­er tout type de ser­vice numérique. À nous de trou­ver les nich­es pour pou­voir les faire pro­gress­er sur des marchés à gros volumes…

EN BREF

STIMERGY pro­pose un nou­veau sys­tème de recy­clage de l’énergie dis­sipée par les serveurs infor­ma­tiques, qui per­met de divis­er par 3 l’énergie con­som­mée aujourd’hui par la ville intel­li­gente pour ses besoins d’eau chaude et de traite­ment d’information.

Elle a rem­porté le Grand Prix du con­cours EDF Energie intel­li­gente en 2013.

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