EPR de Flamanville CNPE d'EDF

CNEPE d’EDF : Ingénieurs, Ingénieures : osez l’industrie !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°779 Novembre 2022
Par Nathalie MESSER

Nathalie Mess­er, direc­trice du CNEPE (Cen­tre Nation­al d’Équipements de Pro­duc­tion d’Électricité) d’EDF, nous présente ce cen­tre d’ingénierie nucléaire qu’elle dirige et ses prin­ci­paux métiers. Elle revient égale­ment, de manière plus large, sur les per­spec­tives que l’ingénierie et l’industrie peu­vent offrir aux ingénieurs.

Le Centre National d’Équipements de Production d’Électricité (CNEPE) d’EDF est un centre d’ingénierie. Quels sont son périmètre d’action et son cœur de métier ? 

Le CNEPE est le cen­tre d’ingénierie nucléaire d’EDF qui tra­vaille sur les cen­trales nucléaires exis­tantes et en con­struc­tion. Au cœur de son activ­ité, on retrou­ve l’ingénierie, c’est-à-dire l’ensemble des fonc­tions, de la con­cep­tion aux études, jusqu’à la fab­ri­ca­tion et la mise en ser­vice d’une instal­la­tion indus­trielle en pas­sant par les achats, la fab­ri­ca­tion d’équipements… L’ingénierie est une étape clé dans de nom­breux domaines. Elle est néces­saire, par exem­ple, à la con­struc­tion d’un pont, la fab­ri­ca­tion d’une pompe, d’une voiture, ou encore d’un avion… 

Dans l’ingénierie nucléaire, notre atten­tion et notre inter­ven­tion por­tent sur les cen­trales nucléaires de pro­duc­tion d’électricité. Notre périmètre d’action en cou­vre toutes les dimen­sions, en dehors de ce qu’on appelle l’îlot nucléaire dont l’objectif est de pro­duire de la vapeur à par­tir de la fis­sion nucléaire. Nous sommes ain­si en charge de la salle des machines où se trou­ve la tur­bine de pro­duc­tion d’électricité à par­tir de la vapeur pro­duite par l’îlot nucléaire ; de la trans­for­ma­tion de l’électricité et de son envoi sur le réseau ; de la source froide à savoir les instal­la­tions qui garan­tis­sent le refroidisse­ment des dif­férents sys­tèmes ; des dif­férents bâti­ments annex­es ; des sys­tèmes de pro­tec­tion d’accès des installations…

Le CNEPE d’EDF regroupe mille cinq cent personnes et une centaine d’alternants à Tours et sur 8 centrales nucléaires.”

Sur les réac­teurs exis­tants, dans le cadre du pro­gramme « grand caré­nage » qui a voca­tion à pro­longer la durée d’exploitation des réac­teurs, nous tra­vail­lons sur les mod­i­fi­ca­tions à apporter et sur leur déploiement dans les cen­trales. En par­al­lèle, nous sommes mobil­isés sur toutes les phas­es de développe­ment de nou­veaux réac­teurs, de la phase de con­cep­tion sur des pro­jets tels que NUWARD, le pro­jet SMR dévelop­pé par EDF en parte­nar­i­at avec Naval Group, Tech­ni­cAtome et le CEA ; à la phase de con­struc­tion sur des pro­jets tels Hink­ley Point au Roy­aume-Uni, et le futur réac­teur EPR2, pour lequel nous pro­duisons les plans de con­struc­tion néces­saires aux chantiers ; ou encore le développe­ment des procé­dures et de la réal­i­sa­tion d’essais avant la mise en ser­vice des instal­la­tions telles que l’EPR de Fla­manville … Nous cou­vrons ain­si tous les champs de vie des réac­teurs en con­struc­tion et en exploitation. 

Aujourd’hui, le CNEPE regroupe mille cinq cent per­son­nes et une cen­taine d’alternants à Tours et sur 8 cen­trales nucléaires. Le Cen­tre s’appuie sur une organ­i­sa­tion matricielle avec des équipes pro­jets, études, et réal­i­sa­tion, ain­si que des fonc­tions sup­port.  


Lire aus­si : EDF, au coeur du renou­veau nucléaire


Actuellement, la filière nucléaire est au cœur des enjeux énergétiques actuels et de la lutte contre le réchauffement climatique. Comment contribuez-vous à cet effort ?

En effet ! La place stratégique du nucléaire n’est plus à démon­tr­er. La fil­ière nucléaire con­tribue à ren­forcer la sou­veraineté nationale en matière d’approvisionnement énergé­tique, un sujet que la guerre en Ukraine a remis sur le devant de la scène. Dans le con­texte actuel, il est impor­tant de ne pas oppos­er le nucléaire, les éner­gies renou­ve­lables et la sobriété énergé­tique : pour lut­ter con­tre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, nous avons besoin de toutes les formes d’énergies et de tous les leviers d’économie d’énergie !

L’ambition de neu­tral­ité car­bone en 2050 a poussé le gou­verne­ment à adapter sa feuille de route en matière de nucléaire, feuille de route ren­for­cée par les derniers événe­ments géopoli­tiques et leurs impacts sur la sit­u­a­tion énergé­tique en France. Lors de son dis­cours à Belfort, le Prési­dent de la République, Emmanuel Macron a réaf­fir­mé que, dans la lutte con­tre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, l’électrification des usages est essen­tielle, moyen­nant une pro­duc­tion d’électricité bas carbone.

L’augmentation des besoins en élec­tric­ité néces­site la con­struc­tion de nou­veaux moyens de pro­duc­tion. Le développe­ment des éner­gies renou­ve­lables ne sera toute­fois pas suff­isant. Il doit se pour­suiv­re, en par­al­lèle du développe­ment du nucléaire. En effet, le nucléaire per­met de pro­duire une élec­tric­ité bas car­bone. Grâce à son parc nucléaire et à ses cen­trales hydrauliques, la France dis­pose d’un con­texte assez favor­able sur ce point, en com­para­i­son à d’autres pays comme l’Allemagne.

Con­cer­nant la pro­duc­tion élec­trique d’origine nucléaire, le prési­dent indique trois points essen­tiels nous con­cer­nant : le fait que doré­na­vant les fer­me­tures de cen­trales ne doivent être motivées que par des raisons de sécu­rité, la volon­té de lancer un pro­gramme nation­al de con­struc­tion de six réac­teurs de type EPR2 avant la demande d’étudier la pos­si­bil­ité d’en con­stru­ire huit de plus. Tous ces pro­jets impliquent un impor­tant tra­vail d’ingénierie à notre niveau.

Nathalie Messer, directrice du CNPE d’EDF.
Nathalie Mess­er, direc­trice du CNPE d’EDF.

Dans cette continuité, quelles sont les opportunités de carrière qu’EDF et son centre d’ingénierie nucléaire, le CNEPE, peuvent offrir à des ingénieurs ?

EDF, le CNEPE tout comme la fil­ière nucléaire dans son ensem­ble ont de très belles car­rières à offrir aux jeunes femmes et aux jeunes hommes qui nous rejoin­dront. En effet, sur les pro­jets que j’ai précédem­ment men­tion­nés, nous ne sommes pas seuls. Nous tra­vail­lons avec nos parte­naires et nos four­nisseurs (chau­dron­ner­ie, matériel, tuyau­terie, bureaux d’études…). Sur la prochaine décen­nie, en prenant en compte l’augmentation de la charge de tra­vail et des départs à la retraite, nous aurons besoins de recruter plus de 10 % des ingénieurs diplômés en France chaque année sur un marché glob­al de l’emploi très com­péti­tif. Les ingénieurs peu­vent accéder à une large palette de métiers : génie civ­il, élec­tric­ité, infor­ma­tique… Et je vous assure, tous les métiers d’ingénieurs mènent au nucléaire. 

Au-delà, c’est toute l’industrie qui recrute mas­sive­ment. L’industrie est aujourd’hui à la croisée de très forts enjeux cli­ma­tiques et envi­ron­nemen­taux, mais aus­si économiques alors qu’on par­le de plus en plus de relo­cal­i­sa­tion et de sou­veraineté énergé­tique. Ce sont des métiers qui ont du sens, mais qui peinent à recruter à cause de la per­sis­tance de nom­breux clichés. L’industrie s’est con­sid­érable­ment mod­ernisée au cours des dernières décen­nies. Elle est beau­coup plus dig­i­tale et a adop­té les nou­velles pos­tures man­agéri­ales qu’on retrou­ve dans les autres secteurs d’activité.

“EDF, le CNEPE tout comme la filière nucléaire dans son ensemble ont de très belles carrières à offrir.”

La salle des machines et tous ses composant, une expertise du CNEPE d'EDF
La salle des machines et tous ses com­posant, une exper­tise du CNEPE.

J’aimerais aus­si insis­ter sur le fait qu’en tant qu’ingénieur, il est pos­si­ble de faire de la tech­nique sans for­cé­ment pass­er par la R&D. Il y a de très belles choses à réalis­er dans l’ingénierie, un domaine con­cret avec de larges champs d’application.

Pour un ingénieur, opter pour l’ingénierie est une très belle manière de se lancer dans la vie pro­fes­sion­nelle et d’avoir une car­rière riche et pas­sion­nante. Il est réduc­teur de penser que l’ingénierie et la tech­nique sont réservées aux ingénieurs qui souhait­ent devenir des experts. C’est la voie la plus adap­tée pour évoluer égale­ment vers la fil­ière pro­jet, chantier et/ou man­agéri­ale. Enfin, avoir une expéri­ence dans le con­seil ne favorise pas l’accès à un poste de dirigeant. Au sein d’EDF, mais aus­si chez nos parte­naires et nos four­nisseurs, une très large majorité des dirigeants ont eu un par­cours tech­nique. Sur un plan plus per­son­nel, c’est mon cas. J’ai démar­ré sur des fonc­tions tech­niques qui m’ont per­mis d’acquérir une con­nais­sance méti­er sur laque­lle je m’appuie, aujourd’hui, au quo­ti­di­en dans le cadre de ma mis­sion de dirigeante. 

Quel message pourriez-vous adresser à nos lecteurs ? 

Osez l’industrie et vous aurez de très belles car­rières, por­teuses de sens ! 

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