GUSTAV MAHLER : SYMPHONIES N° 1 À 7 ET 9

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°670 Décembre 2011Par : L'orchestre du festival de Lucerne, Claudio AbbadoRédacteur : Marc DARMON (83)

On a déjà par­lé ici des con­certs enreg­istrés année après année depuis 2003 lors du fes­ti­val d’été de Lucerne sous la direc­tion de Clau­dio Abba­do. Abba­do a recréé cet orchestre, inspiré par ce qu’avait fait Toscani­ni dans les années trente : les artistes qu’il appré­cie depuis des décen­nies, chefs de pupitre de l’Orchestre phil­har­monique de Berlin, d’autres solistes inter­na­tionaux tels que Sabine Mey­er, Natalia Gut­man, Wol­fram Christ, Emmanuel Pahud, Renaud Capuçon, les Quatuors Alban Berg et Hagen et bien d’autres, se réu­nis­sent tous les ans pour inter­préter Mahler, entre autres, sous la direc­tion du maestro.

Excep­tion­nelles cir­con­stances ne mènent pas sys­té­ma­tique­ment à un excep­tion­nel con­cert. Pour­tant, à Lucerne chaque année le mir­a­cle se repro­duit et les con­certs qu’on voit sont vrai­ment inou­bli­ables. Les cordes somptueuses sont mémorables, mais com­ment ne pas être impres­sion­nés par la qual­ité des bois (clar­inettes, haut­bois) et des cuiv­res (trompettes, trom­bones, cors), qui jouent très sou­vent à décou­vert et qui sont merveilleux.

Coffret DVD Malher Symphonies 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7

Déjà événe­ment en DVD, la paru­tion de ces films en Blu-Ray est une aubaine. Tout d’abord, et très prosaïque­ment, la capac­ité de stock­age des Blu-Ray est très accrue par rap­port au DVD, et la réédi­tion des sept pre­mières sym­phonies par Euroarts tient en seule­ment qua­tre dis­ques, cof­fret ven­du au prix de deux sym­phonies en disque com­pact. Ensuite, l’image haute déf­i­ni­tion superbe des DVD est en Blu-Ray encore mag­nifiée, nous sommes tour à tour au milieu du con­cert et au milieu de l’orchestre, impos­si­ble de ne pas être inté­grale­ment pris par cette musique.

L’univers sym­phonique de Gus­tav Mahler com­prend neuf pier­res d’un édi­fice mon­u­men­tal com­posé entre 1888 et 1911. Neuf chefs‑d’œuvre par­mi les plus impor­tants de l’histoire de la musique, tous extrême­ment prenants et émouvants.

Ces dis­ques sont à la fois une intro­duc­tion idéale pour celui qui souhaite pénétr­er ce monde fan­tas­tique et un tré­sor pour les con­nais­seurs. En effet, de nom­breuses caméras, cachées pour ne pas per­turber l’image, per­me­t­tent de voir l’ensemble des détails de l’interprétation et de la par­ti­tion. Les images splen­dides des artistes se suc­cè­dent à mesure qu’ils inter­vi­en­nent, ren­dant les œuvres très faciles à suiv­re mal­gré leur richesse. On sort émer­veil­lé, et épuisé, de cha­cune des sym­phonies, d’avoir vu, et donc enten­du, tous ces détails au sein d’une archi­tec­ture grandiose. Nous parta­geons la ten­sion de l’œuvre et des artistes. Le même phénomène se repro­duit d’ailleurs tous les ans : l’auditoire met près d’une minute à se décider à applaudir à l’issue des finals, qua­si­ment hyp­no­tisé par la force de la sym­phonie et de son interprétation.

Coffret DVD Gustav Malher Symphony N°9

Dernière paru­tion, la 9e Sym­phonie enreg­istrée à l’été 2010, est peut-être le som­met du cycle. Mal­gré le change­ment d’éditeur (Accen­tus est un récent pro­duc­teur d’une immense qual­ité), les principes esthé­tiques de la réal­i­sa­tion ne changent pas. Comme tou­jours lorsqu’il dirige la 9e Sym­phonie, Abba­do demande de baiss­er con­sid­érable­ment la lumière pour les dix dernières min­utes de l’adagio final. Une fin extrême­ment impres­sion­nante, très lente et pianis­si­mo ponc­tuée de nom­breux silences, moments d’apesanteur avec un pub­lic absol­u­ment silen­cieux et médusé, et qui cette fois-ci met­tra trois min­utes pour applaudir après l’accord final.

Le Chant de la Terre a été enreg­istré en mai 2011 à Berlin, avec l’Adagio de la 10e Sym­phonie. Il ne manque plus que la gigan­tesque Sym­phonie n° 8 « des Mille » pour clore le cycle, espérons qu’Abbado l’a bien prévue.

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