FRANCE, ÉTAT CRITIQUE

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°669 Novembre 2011Par : Jean Peyrelevade (58)Rédacteur : Michel Didier (60)Editeur : Paris – Plon

Dans son onz­ième livre en quar­ante ans d’engagement dans la vie économique au plus haut niveau, Jean Peyrel­e­vade ne fait pas dans la den­telle. La France est en état cri­tique. Le mod­èle social français, auquel se réfèrent en toutes occa­sions droite et gauche, n’est qu’un anti­mod­èle. Ni économie de pro­duc­tion, ni pays à mon­naie de réserve, la France se trou­ve entre les deux, c’est-à-dire nulle part.

Couverture du livre : France, état critiqueTout vient de notre manque de courage et d’une suc­ces­sion d’erreurs économiques qui ont lais­sé se creuser une dette publique « par­a­site » et sac­ri­fié notre appareil indus­triel à la con­som­ma­tion immé­di­ate. Nous allons même jusqu’à cri­ti­quer l’Allemagne de men­er une poli­tique « non coopéra­tive » parce qu’elle s’impose les règles de com­péti­tiv­ité et d’équilibre public !

L’auteur fustige abon­dam­ment les 35 heures qui ont mis du temps à « dif­fuser leur poi­son » dans l’économie. La France a gag­né en RTT ce qu’elle a per­du en parts de marché. Mais que fait la droite rev­enue au pou­voir ? Elle ter­gi­verse et elle espère répar­er le mal des 35 heures en ajoutant une deux­ième couche de dépens­es pour encour­ager les heures sup­plé­men­taires. En obser­vant les can­di­dats à 2012, Jean Peyrel­e­vade se dit très inqui­et car ils sont tous hors sujet.

Face à nos maux, la droite n’a pro­posé que de l’homéopathie. Quant à l’opposition, elle avance au mieux des remèdes d’un autre temps, au pire des mesures irréal­istes et sui­cidaires. L’acte d’accusation, très étayé et appuyé sur de nom­breux chiffres et exem­ples, se ter­mine par un chapitre sur le redresse­ment. Le Plan Rueff de 1958 mon­tre que c’est pos­si­ble. Mais il y avait à l’époque la déval­u­a­tion et surtout le général de Gaulle.

Le « plan Peyrel­e­vade » que par mod­estie l’auteur qual­i­fie « d’esquisse d’un pro­gramme » com­porte qua­tre volets : rétablir les finances publiques – l’auteur dénonce au pas­sage mais à juste titre l’erreur à la mode selon laque­lle il suf­fi­rait d’aligner la fis­cal­ité du cap­i­tal sur celle du tra­vail –, cor­riger notre sous-com­péti­tiv­ité, inve­stir dans la recherche indus­trielle, jouer à fond la sol­i­dar­ité européenne.

Un livre sérieux et doc­u­men­té. Au moins, les can­di­dats ne pour­ront pas dire « on ne savait pas ».

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