Faut-il défendre le français en automobile ?

Dossier : ExpressionsMagazine N°717 Septembre 2016
Par Jean-Pierre VÉROLLET (64)

S’il est inévitable que l’anglais glob­al tri­om­phe dans l’in­dus­trie auto­mo­bile qui se mon­di­alise, il est moins nor­mal que des inven­tions français­es soient affublées de désig­na­tions anglais­es pour paraître branché. 

Dans le fonc­tion­nement quo­ti­di­en, la mon­di­al­i­sa­tion rassem­ble en réu­nion des nation­al­ités de plus en plus divers­es, induisant l’utilisation automa­tique de l’anglais glob­al.

Cela pro­longe la présence d’expressions anglais­es pour qual­i­fi­er pro­fes­sion­nelle­ment la plu­part des actions quo­ti­di­ennes en matière de man­age­ment, d’organisation ou de sci­ences et tech­nolo­gies, même si leurs orig­ines ne sont pas tou­jours anglo-saxonnes. 

“ La résilience même de notre langue peut, à la longue, être mise à mal ”

Et que dire, à l’extérieur des entre­pris­es, de la pub­lic­ité, de la mode, du lan­gage médi­a­tique, tous avides d’expressions anglais­es pour paraître « branchés » ? 

Devant ce défer­lement, la ques­tion de la néces­sité ou non d’une résis­tance organ­isée se pose, car la résilience même de notre langue peut, à la longue, être mise à mal. 

TOILETTER LA FRENCH TOUCH

Si l’on veut que la French touch per­dure comme attrait et argu­ment de vente fort de nos pro­duits (pas seule­ment nos voitures, du reste), il faut que ses bases soient durables, entretenues, toi­let­tées, car se con­tenter d’une pro­tec­tion admin­is­tra­tive serait évidem­ment illu­soire dans un monde ouvert. 

Or notre langue, plus que nos bâti­ments, nos ter­roirs, notre cul­ture, est exposée tous les jours aux atteintes furtives prin­ci­pale­ment de l’anglais.

Résis­ter ou accepter l’inévitable ? Entre le mar­quage rigoureux, mot à mot, à la cana­di­enne et le wait and see pas­sif, pour éventuelle­ment résis­ter, que faire ? 

AU SECOURS DU FRANÇAIS AUTOMOBILE

Pour se faire sa pro­pre opin­ion, le lecteur peut tester la qual­ité des ter­mes en français pro­posés par les 

Col­lèges de terminologie 

Pour le vocab­u­laire spé­ci­fique­ment auto­mo­bile, le dic­tio­n­naire et glossaire

« Des mots et des Autos »

Depuis longtemps, le Col­lège de l’automobile réu­nit des représen­tants des con­struc­teurs (CCFA), des équipemen­tiers (FIEV) et de l’État (Académie française, min­istère de l’Économie) ain­si que des jour­nal­istes et des lin­guistes de qual­ité pour entretenir notre belle langue en matière automobile. 

Ses mem­bres, en par­ti­c­uli­er ceux qui sont issus des con­struc­teurs ou des équipemen­tiers, doivent se tenir au plus proche des inno­va­tions de façon à détecter très tôt les oppor­tu­nités de néol­o­gismes offen­sifs ou défensifs. 

La voiture con­nec­tée, la voiture autonome, la voiture zéro émis­sion sont leurs gros chantiers actuels et durables. 

BAPTISER NOS INVENTIONS EN FRANÇAIS

En plus du suc­cès indus­triel, nous pou­vons au moins réus­sir ensem­ble le bap­tême en français de nos inven­tions, quitte à pro­pos­er en même temps une tra­duc­tion en anglais, au lieu de laiss­er le chemin se faire (assez mal) dans l’autre sens, même si cela ne garan­tit pas la sauve­g­arde de l’élégance à la française, dev­enue la touche française par tra­duc­tion automa­tique de French touch.

DÉFENSE ET ILLUSTRATION DE LA LANGUE FRANÇAISE

Monospace, covoiturage, citadine, AFU (Assistance au freinage d’urgence), suspension anticipative, voiturier automatique, etc. : autant de termes créés par le Collège de l’automobile pour faire pièce à l’invasion des termes anglophones dans le domaine automobile.
N’ayant pas oublié les contraintes de toute nature qui pèsent sur les constructeurs, Jean-Pierre Vérollet se livre, de façon modérée et compréhensive, à une défense et illustration de la langue française comme élément de la French touch, cette « élégance à la française » qui constitue un des arguments marketing de notre industrie.

2 Commentaires

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jean-yves crois­santrépondre
11 septembre 2016 à 17 h 20 min

le français et l’au­to­mo­bile
j’ai enten­du nos cousins québe­cois employer :
“flasheur” = clignotant
“break à bras” = frein à main

l’ilot de résis­tance faiblit …

Jean-Paul Lan­lyrépondre
14 septembre 2016 à 21 h 06 min

Franglais
Bra­vo à Jean-Pierre Vérol­let pour son arti­cle et son action. Un autre domaine où le français ne devrait pas per­dre pied, c’est celui de la nav­i­ga­tion. Le cap­i­taine est devenu le “skip­per”, les treuils des “winchs”… et tout à l’avenant. Pour­tant, nous avons un vocab­u­laire con­sid­érable dans ce secteur, comme le mon­trait par­faite­ment il y a une soix­an­taine d’an­nées le volon­tiers provo­ca­teur écrivain Jacques Per­ret (auteur du “Capo­ral épinglé”) dans son livre “Rôle de plaisance”. 

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