Dictionnaire de stratégie

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°561 Janvier 2001Par : Sous la direction de Thierry de Montbrial (63) et Jean KleinRédacteur : Paul-Ivan de SAINT GERMAIN (55)

Pour ceux qui s’intéressent à la stratégie dans le domaine politi­co-mil­i­taire, ce gros ouvrage de 600 pages, auquel ont con­tribué soix­ante-dix spé­cial­istes sous la houlette du directeur de l’Institut français des rela­tions inter­na­tionales (IFRI), doit être con­sid­éré comme un ouvrage de référence.

Env­i­ron 140 arti­cles y explorent les con­cepts stratégiques tels que les ont for­mulés au fil des siè­cles les prin­ci­paux théoriciens, explici­tent le vocab­u­laire et les pra­tiques mil­i­taires, met­tent en évi­dence les aspects juridiques, cul­turels, éthiques… de la stratégie.

Le titre de dic­tio­n­naire ne rend pas bien compte de ce qu’est réelle­ment cet ouvrage, il s’agit plutôt d’une ency­clopédie, où chaque auteur a béné­fi­cié, dans un style qui reste tou­jours dense, de toute la place pour dévelop­per son analyse (accom­pa­g­née chaque fois d’une abon­dante bib­li­ogra­phie) : sept pages pour explor­er tout ce que l’on peut met­tre sous le mot de “ ges­tion des crises ”, cinq pour dis­sert­er sur la cul­ture arabo-musul­mane de la guerre, six pour la théorie des jeux, sept pour la géostratégie…

En revanche, de Gaulle n’a droit qu’à deux pages, Lid­dle Hart à une et Clause­witz à trois ; ce qui mon­tre bien l’ambition des auteurs : présen­ter la stratégie et ses con­cepts plutôt que les hommes, qu’ils soient stratégistes (théoriciens) ou stratèges (prati­ciens).

On pour­ra regret­ter le peu d’articles con­sacrés aux arme­ments et à leur évo­lu­tion, et par exem­ple au grand bouil­lon­nement intel­lectuel qui se pré­pare avec la révo­lu­tion de l’information ; mais ce n’est qu’un des rares reproches que l’on puisse faire à un ouvrage dont, par ailleurs, la présen­ta­tion est extrême­ment soignée, ce qui en rend par­ti­c­ulière­ment aisée et agréable la consultation.

Depuis la fin de la guerre froide et la réap­pari­tion de mul­ti­ples crises, la stratégie rede­vient une dis­ci­pline essen­tielle : le Dic­tio­n­naire de stratégie de Thier­ry de Mont­br­i­al est en effet le troisième d’une série, laque­lle com­prend égale­ment le Dic­tio­n­naire de stratégie mil­i­taire de Gérard Chaliand et Arnaud Blin, paru chez Per­rin en 1998, et qui, plus que celui de Thier­ry de Mont­br­i­al, s’intéresse aux grandes batailles et aux stratèges, ain­si que le Dic­tio­n­naire de la pen­sée stratégique, de François Géré, qui vient de sor­tir chez Larousse, et qui sem­ble incon­tourn­able si l’on s’intéresse aux fonde­ments de la stratégie.

Trois ouvrages français, il faut le soulign­er, qui méri­tent donc de fig­ur­er dans la bib­lio­thèque de l’homme cultivé.

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