Table de polytechniciennes

Des femmes d‘exception qui ne doivent pas rester des exceptions

Dossier : ExpressionsMagazine N°686 Juin/Juillet 2013
Par Ariane CHAZEL (90)

Mar­i­on Guil­lou, prési­dente du con­seil d’administration de l’École poly­tech­nique, expose les chiffres : « Il y a 45 % de filles dans les class­es de ter­mi­nale sci­en­tifique, et elles ne sont plus que 26 % en pré­pa. » Dans les grandes écoles d’ingénieurs, la pro­por­tion dimin­ue encore : par­mi les élèves de l’École poly­tech­nique, elles sont à peine plus de 20 %. « Dans les grands groupes, on est loin du compte et c’est inacceptable. »

C’est une erreur de penser que le fémin­isme est un com­bat révolu

« Chez les poli­tiques, c’est pire », souligne Karine Berg­er, députée des Hautes-Alpes. Quant à l’accès aux respon­s­abil­ités – en par­ti­c­uli­er à celles par­ti­c­ulière­ment lour­des de man­dataire social – on tan­gen­terait 0 %, selon Dominique Senequier, prési­dente d’AXA Pri­vate Equi­ty, au sein du CAC40.

De vrais atouts

Pourquoi en est-on là quand les grands com­bats fémin­istes sem­blent appartenir à un passé finale­ment assez loin­tain ? D’autant que, rap­pelle Karine Berg­er, les poly­tech­ni­ciens et les poly­tech­ni­ci­ennes dis­posent de vrais atouts, en par­ti­c­uli­er une rigueur sci­en­tifique et intel­lectuelle que per­son­ne ne leur con­teste. Qu’en penser ?


Cécile Def­forge (2011), Karine Berg­er (93), Mar­i­on Guil­lou (73), Dominique Senequier (72), Michèle Cyna (76) et Nathalie Kosciusko-Morizet (92). 
© JÉRÉMY BARANDE – ÉCOLE POLYTECHNIQUE

À lire

Femmes de pro­grès – Femmes de poly­tech­nique est un ouvrage soutenu par Dominique Senequier et coor­don­né par Michèle Cyna. On y lit – avec intérêt – les tra­jec­toires et les com­bats de quelque 40 femmes qui com­posent la (encore trop petite) famille des polytechniciennes.

L’AX est fière de l’avoir fait naître.

À lire absolument.

Le livre des polytechniciennes Com­man­der le livre en ligne
FEMMES DE PROGRÈS
DE POLYTECHNIQUE

Compétition

Mar­i­on Guil­lou met en avant l’image sociale de l’ingénieur : les jeunes filles n’ont pas d’exemples dont elles pour­raient s’inspirer. Une étude présen­tée dans le livre con­clut que les femmes ne vont pas là où elles ne sont pas atten­dues. Est souligné aus­si le rôle des médias qui exposent finale­ment peu la diversité.

Dévelop­per un tra­jet autonome se con­stru­it dès le début

Et puis « tous les sys­tèmes, quels qu’ils soient, ont voca­tion à s’autoreproduire et à lut­ter con­tre ce qui ne leur ressem­ble pas, souligne encore Nathalie Kosciusko-Morizet, députée de l’Essonne. C’est vrai en par­ti­c­uli­er en péri­ode de crise, quand le sys­tème se rétracte. […] La com­péti­tion est très dure pour les hommes, pourquoi seraient-ils enclins à rajouter l’autre moitié de l’humanité ? »

Ne pas procrastiner

Un défi et un combat
Quar­ante ans que les femmes font l’X. C’est peu au regard de l’histoire de l’École. C’est peu quand on sait ce que la diver­sité – quelle qu’elle soit – apporte à nos entre­pris­es, à nos économies et à nos sociétés.
La défendre et la val­oris­er, dans les moments glo­rieux comme dans les crises, est un noble com­bat, un défi aus­si. Par leur tra­jet et dans ce com­bat, Mar­i­on, Dominique, Karine, Michèle et Nathalie sont des femmes d’exception.
Elles ne doivent pas rester des exceptions.

C’est finale­ment une erreur de penser que le fémin­isme est un com­bat révolu. Elles, en tout cas, le mènent. Et Michèle Cyna, prési­dente de Burgeap, de rap­pel­er les actions con­tin­ues du groupe Grandes Écoles au féminin pour favoris­er la mix­ité au sein des entre­pris­es. Nathalie se sou­vient aus­si que les jeunes femmes élèves dans les années 1990 n’étaient pas mil­i­tantes. Lorsqu’elles ont débuté leur vie pro­fes­sion­nelle, elles ont ren­con­tré des dis­crim­i­na­tions. Pas pré­parées à cela, sou­vent elles n’ont pas su les contrer.

Elle enjoint aus­si les femmes à ne pas pro­cras­tin­er. C’est une erreur de croire qu’on peut avoir une deux­ième ou une troisième vie : à chaque étape, il leur fau­dra défendre leurs intérêts. Elle souligne enfin les risques à entr­er dans une écurie, à se met­tre dans la roue d’un autre. Dévelop­per un tra­jet autonome se décide et se con­stru­it dès le début en poli­tique, comme en affaires, com­plétera Dominique Senequier.

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