Covid-19 et impression 3D

Covid-19 et impression 3D : une crise peut-elle changer le destin d’une technologie ?

Dossier : ExpressionsMagazine N°759 Novembre 2020
Par Thierry RAYNA

La crise de la Covid-19 a propul­sé l’impression 3D sur le devant de la scène. Véri­ta­ble per­cée tech­nologique ou sim­ple emballe­ment médi­a­tique ? L’auteur rebon­dit sur nos récents dossiers Impres­sion 3D (La J&R n° 756) et Covid-19 (La J&R n° 758).

« À Paris, l’impression 3D à la rescousse de l’hôpital pub­lic » (Libéra­tion, 31/03/2020), « Des valves imprimées en 3D » (La Tri­bune 28/03/2020), « Res­pi­ra­teurs, pro­tec­tions pour les soignants… : l’impression 3D mobil­isée con­tre le coro­n­avirus » (Le Monde 31/03/2020), « Covid-19 : « La pro­duc­tion par impres­sion en 3D fonc­tionne et porte l’espoir de refaire autrement le monde d’après » (Le Monde 30/04/2020).

La technologie star du confinement

L’impression 3D, ou fab­ri­ca­tion addi­tive, a été la tech­nolo­gie « star » de la péri­ode de con­fine­ment du print­emps 2020. Sa capac­ité à faire fi des rup­tures de chaînes de dis­tri­b­u­tion, son adapt­abil­ité (visières, masques, valves, res­pi­ra­teurs, équipements d’intubation, etc. : l’impression 3D est partout), sa capac­ité à réin­ven­ter dans l’urgence l’usage d’objets courants (les masques de plongée recon­ver­tis en res­pi­ra­teurs), sa rapid­ité de développe­ment, sa capac­ité à fédér­er des équipes de développe­ment inter­na­tionales d’acteurs hétérogènes (chercheurs, indus­triels, enseignants, et même le com­mun des mor­tels, les fameux Mak­ers) alors que nul ne peut se déplac­er, sa « scal­a­bil­ité » (l’installation de parcs de dizaines, voire de cen­taines d’imprimantes en un temps record), sa capac­ité à per­me­t­tre une pro­duc­tion entière­ment locale, etc., l’ont con­duite sur le devant de la scène.

L’adoption de l’impression 3D est con­trastée selon ses dif­férentes formes d’usage. Du point de vue de son pre­mier usage (his­torique), le pro­to­ty­page rapi­de, la fameuse rup­ture a déjà eu lieu, et l’impression 3D est, de fait, la tech­nolo­gie main­stream de pro­to­ty­page. En ce qui con­cerne l’out­il­lage rapi­de (util­i­sa­tion de l’impression 3D pour fab­ri­quer des out­ils de pro­duc­tion, par exem­ple des moules), il est en pleine pro­gres­sion, l’impression 3D per­me­t­tant de gag­n­er en temps, argent et per­for­mance (par exem­ple, Miche­lin imprime en 3D ses moules de pneu­ma­tiques afin d’obtenir une sur­face de roulage bien plus com­plexe), et ce n’est sans doute qu’une ques­tion de temps avant que l’impression 3D ne devi­enne la tech­nolo­gie main­stream d’outillage.

Encore peu d’usages en fabrication

En revanche, son adop­tion pour la fab­ri­ca­tion directe et la fab­ri­ca­tion locale n’a que peu pro­gressé. Le manque d’économies d’échelle asso­cié à l’impression 3D est, dans ce cas, très pénal­isant. Quels que soient les pro­grès tech­nologiques, il y a un vol­ume de pro­duc­tion (générale­ment une cen­taine d’unités) au-delà duquel il est plus rentable d’utiliser des méth­odes de fab­ri­ca­tion tra­di­tion­nelle (typ­ique­ment, par moulage-injec­tion) que d’imprimer en 3D. 

En con­séquence, l’impression 3D util­isée en fab­ri­ca­tion directe ne « gagne » que dans trois cas bien par­ti­c­uliers : un besoin urgent du pro­duit, un besoin de toutes petites séries, ou un besoin de pro­duits aux formes très complexes. 

Une technologie victime de désengouement

Ces trois fac­teurs per­me­t­tent d’expliquer à la fois le désen­goue­ment con­nu par l’impression 3D ces dernières années et le fort regain d’intérêt de ces derniers mois. Ils ne sont présents que dans des cas très spé­ci­fiques. Même en cas de besoin urgent, des chaînes de pro­duc­tion et de dis­tri­b­u­tion mon­di­ales hyper­op­ti­misées per­me­t­tent une fab­ri­ca­tion et livrai­son extrême­ment rapi­de, au point que, mis à part quelques cas de niche, la fab­ri­ca­tion directe par impres­sion 3D n’est pas la solution. 

En ce qui con­cerne la fab­ri­ca­tion de très petites séries, si on laisse de côté les cas con­nus des secteurs médi­caux ou aérospa­ti­aux (pour lesquels l’impression 3D ne « gagne » d’ailleurs pas for­cé­ment non plus : par exem­ple, de nos jours, un grand nom­bre de pro­thès­es den­taires sont fab­riquées ou per­son­nal­isées à la main), la ques­tion de la fameuse per­son­nal­i­sa­tion de masse, moteur clé d’adoption de l’impression 3D, reste entière.

“La taille du marché mondial est telle
que même des préférences ou des besoins très particuliers
correspondent nécessairement à ceux de milliers d’individus
dans le monde.”

Out­re les doutes qui exis­tent sur sa per­ti­nence même, la taille du marché mon­di­al est telle que même des préférences ou des besoins très par­ti­c­uliers cor­re­spon­dent néces­saire­ment à ceux de mil­liers d’individus dans le monde, ce qui con­duit donc à un vol­ume de pro­duc­tion, certes faible en com­para­i­son de pro­duits de masse, mais néan­moins supérieur à celui pour lequel la fab­ri­ca­tion directe par impres­sion 3D est rentable. Reste le dernier aspect, celui de la com­plex­ité. Out­re des raisons artis­tiques ou esthé­tiques, l’utilisation de la fab­ri­ca­tion directe pour des struc­tures très com­plex­es con­siste à amélior­er le ratio solid­ité-poids de l’objet. Si cette ques­tion est essen­tielle dans cer­tains cas (pro­thès­es osseuses ou aérospa­tiale, par exem­ple), elle reste en général secondaire.

Urgence, per­son­nal­i­sa­tion, com­plex­ité : si de tels besoins exis­tent bien, ils ne le sont en général que dans des sit­u­a­tions très par­ti­c­ulières, d’où le statut per­ma­nent de tech­nolo­gie de niche de l’impression 3D en fab­ri­ca­tion directe, mal­gré son poten­tiel de rup­ture. Jusqu’à l’arrivée de la Covid et de l’épisode de con­fine­ment nation­al et inter­na­tion­al qui a suivi.

Un besoin d’urgence

Dans cette pre­mière phase de con­fine­ment, il y avait urgence, en par­ti­c­uli­er dans le secteur médi­cal et hos­pi­tal­ier, où l’afflux inédit de patients a pris de court les autorités san­i­taires et a créé subite­ment de très forts besoins, lit­térale­ment une ques­tion de vie ou de mort. Pour­tant, prise seule, une crise san­i­taire, même de cette ampleur, n’aurait pas causé d’utilisation plus impor­tante de l’impression 3D. Les car­nets de com­man­des des fab­ri­cants se seraient rem­plis et les chaînes de pro­duc­tion auraient tourné à plein vol­ume. Il est prob­a­ble que les capac­ités de pro­duc­tion mon­di­ales auraient per­mis de répon­dre rapi­de­ment au sur­croît de demande de masques, visières, blous­es et même de res­pi­ra­teurs : l’impression 3D serait restée sur le banc de touche. 

Mais la rup­ture des chaînes logis­tiques mon­di­ales a con­duit l’impression 3D à jouer un plus grand rôle dans cette crise, lorsqu’il est devenu clair qu’il faudrait atten­dre des semaines, voire des mois, les équipements même les plus élé­men­taires (masques, visières, etc.). Dans un tel con­texte, l’impression 3D, mal­gré sa lenteur légendaire, est soudaine­ment dev­enue le moyen le plus rapi­de d’obtenir des équipements qui man­quaient cru­elle­ment, mais sans doute d’une manière inattendue.

“La rupture des chaînes logistiques mondiales
a conduit l’impression 3D à jouer un plus grand rôle.”

En réal­ité, seule une pro­duc­tion assez lim­itée d’équipements médi­caux a été faite en fab­ri­ca­tion directe : une grande par­tie des équipements annon­cés comme étant fab­riqués en impres­sion 3D, au sein des fameux Fab Lab et Mak­er­spaces, les visières, par exem­ple, étaient en fait fab­riquées au moyen de machines de découpe laser. On aurait été bien en peine de pro­duire tous les équipements man­quants au moyen d’imprimantes 3D : out­re sa lenteur et le fait qu’elle n’existe que pour cer­tains matéri­aux, les capac­ités de pro­duc­tion en 3D étaient large­ment insuff­isantes. Cette crise a en revanche per­mis de met­tre en avant un des béné­fices clés de l’impression 3D : le repur­pos­ing, c’est-à-dire la recon­ver­sion d’objets exis­tants à de nou­veaux usages (par exem­ple, les fameux masques de plongée).

Impression en 3D de visières lors de la première vague de Covid-19
Fab­ri­ca­tion de visières de pro­tec­tion à des­ti­na­tion du per­son­nel médi­cal et de sec­ours au Fab Lab de l’École poly­tech­nique en avril 2020. © École poly­tech­nique — J. Barande

Un besoin de volume

Au niveau mon­di­al, la forte demande en équipements médi­caux, objets très stan­dard­is­és, n’est a pri­ori pas prop­ice à l’impression 3D. L’effondrement des chaînes logis­tiques a, là encore, joué en sa faveur. Les bar­rières nationales qui se sont rapi­de­ment érigées ont subite­ment ren­du les marchés beau­coup plus petits. Les chaînes logis­tiques ont été forte­ment per­tur­bées au niveau nation­al, ren­dant dif­fi­ciles la pro­duc­tion et l’approvisionnement au sein même du ter­ri­toire. La capac­ité de l’impression 3D de per­me­t­tre une pro­duc­tion locale et dis­tribuée a per­mis de pal­li­er ces perturbations.

Un besoin de complexité

Au-delà du gain résis­tance-poids, la capac­ité, dans un envi­ron­nement où les ressources en matéri­aux sont raré­fiées et les réap­pro­vi­sion­nements dif­fi­ciles, de fab­ri­quer en util­isant moins de matéri­aux, au moyen de pièces évidées et con­sti­tuées de treil­lis, plutôt que des pièces pleines est d’un intérêt évi­dent. Par ailleurs, le manque de main‑d’œuvre disponible a fait val­oir un autre béné­fice de l’impression 3D : per­me­t­tre la fab­ri­ca­tion d’objets com­plex­es dis­pen­sant par­tielle­ment ou totale­ment d’assemblage.

Que va-t-il rester de cette vague de popularité ?

L’environnement très par­ti­c­uli­er auquel il a fal­lu faire face lors de cette pre­mière phase de con­fine­ment a ren­du les avan­tages clés de la fab­ri­ca­tion directe par impres­sion 3D per­ti­nents de manière générale, au-delà des nich­es habituelles. Mais une fois passé cet épisode extrême, aurons-nous sim­ple­ment assisté à une vague de hype qui retombera, con­fi­nant l’impression 3D à des usages de nich­es ? Ou ce change­ment de con­texte rad­i­cal a‑t-il durable­ment affec­té sa tra­jec­toire d’adoption ?

L’étude menée cet été par Hadrien Cay­ol (2018), dans le cadre d’un stage de recherche de 3A au lab­o­ra­toire i3-CRG (Cen­tre de recherche en sci­ences de ges­tion de l’X, CNRS UMR 9217), con­state un essouf­fle­ment rapi­de de la nou­velle vague d’impression 3D, même au sein du pub­lic très ent­hou­si­aste des fameux Mak­ers. Nom­bre de pro­jets, y com­pris les plus médi­atisés (masques, res­pi­ra­teurs manuels ou automa­tiques, etc.), sont tombés en déshérence. Pire, cette étude rap­pelle les lim­ites intrin­sèques de ces tech­nolo­gies dans leur état de développe­ment actuel.

“Dans un grand nombre de cas,
l’implication de l’impression 3D n’était, en termes de fabrication,
que très restreinte.”

En effet, dans un grand nom­bre de cas, l’implication de l’impression 3D n’était, en ter­mes de fab­ri­ca­tion, que très restreinte : les fameuses visières, par exem­ple, étaient essen­tielle­ment fab­riquées au moyen de machines de découpe laser. Même dans le cas de pièces plus com­plex­es, par exem­ple celles des res­pi­ra­teurs ou autres masques à ven­ti­la­tion active, si de pre­mières unités ont bel et bien été pro­duites en fab­ri­ca­tion directe au moyen d’imprimantes 3D, la mon­tée en échelle s’est faite, elle, au moyen de méth­odes de fab­ri­ca­tion tra­di­tion­nelles (générale­ment des machines de moulage-injection). 

Ain­si, même au plus fort de cette pre­mière péri­ode de crise, en dehors de quelques cas emblé­ma­tiques (par exem­ple, le parc d’imprimantes 3D instal­lé à l’AP-HP Paris), l’impression 3D a été essen­tielle­ment can­ton­née à ses usages tra­di­tion­nels : pro­to­ty­page et out­il­lage rapi­des. Pire, les exem­ples avérés de fab­ri­ca­tion directe cor­re­spon­dent à des péri­odes d’urgence où le pro­duit doit être util­isé, mais son design n’est pas sta­bil­isé. Ain­si, la fab­ri­ca­tion directe sem­ble avoir été essen­tielle­ment util­isée dans le cadre de MVP (pro­duit min­i­mum viable), c’est-à-dire des pro­to­types mis en util­i­sa­tion. Une fois le design sta­bil­isé, on est passé à d’autres méth­odes de production.


Un facteur coût exceptionnellement favorable

Habituelle­ment, c’est le coût uni­taire de pro­duc­tion qui, par manque d’économies d’échelle, pénalise l’impression 3D. Or la rup­ture des chaînes logis­tiques a subite­ment renchéri le coût de la fab­ri­ca­tion tra­di­tion­nelle (qui se déroule typ­ique­ment en Asie du Sud-Est) ce qui, au-delà des longs délais subite­ment apparus, a soudaine­ment ren­du la fab­ri­ca­tion directe rentable dans des cas où elle ne l’était habituelle­ment pas. 


Un changement durable

La pop­u­lar­ité de l’impression 3D lors de cette crise n’aurait-elle été qu’une par­en­thèse qu’il con­viendrait dès à présent de refer­mer ? Un exa­m­en atten­tif de ce qui s’est passé ces derniers mois tend à mon­tr­er que, même si l’on n’entendra prob­a­ble­ment plus beau­coup par­ler d’impression 3D dans un pre­mier temps, cette crise a provo­qué des change­ments plus durables qu’il peut y paraître à pre­mière vue.

Le rétab­lisse­ment, même par­tiel, des chaînes logis­tiques mon­di­ales a réduit, voire anni­hilé, l’éventuel avan­tage coût qu’a pu briève­ment avoir la fab­ri­ca­tion directe pen­dant la péri­ode ini­tiale de con­fine­ment. Cepen­dant, s’il est trop tôt pour avoir des chiffres pré­cis, la vague d’équipement en imp­ri­mantes 3D qui a eu lieu ces derniers mois (par les entre­pris­es et les prestataires de ser­vices) per­me­t­tra sans aucun doute une baisse des prix qui ren­dra rentable la fab­ri­ca­tion directe dans de plus nom­breux cas.

“La capacité d’adapter son outil de production
à toute éventualité est un must.”

Mais l’impact de l’impression 3D sur les coûts est plus sub­til qu’il n’y paraît. Con­traire­ment à d’autres méth­odes de fab­ri­ca­tion, l’impression 3D est recon­fig­urable à la volée et per­met de fab­ri­quer dans la même fournée des pièces totale­ment dif­férentes. Par con­séquent, une entre­prise, qui se serait équipée en impres­sion 3D pour la fab­ri­ca­tion de pièces par­ti­c­ulières pour lesquelles cela était rentable, se retrou­vera selon toute prob­a­bil­ité avec des capac­ités de pro­duc­tion excé­den­taires qui pour­ront être mis­es à prof­it pour des pièces pour lesquelles l’utilisation de l’impression 3D n’était a pri­ori pas rentable, mais le devient de par l’équipement en imp­ri­mantes 3D, qu’il con­vient de rentabilis­er autant que faire se peut.

La vague d’équipement lors de la crise Covid pour­rait donc servir d’amorce à un cycle vertueux qui ver­rait l’équipement en imp­ri­mantes 3D éten­dre, pour des raisons de rentabil­i­sa­tion du parc instal­lé, leur usage à d’autres pièces, entraî­nant à son tour d’autres investisse­ments, etc.

Fabriquer localement ou transporter ?

Un sec­ond fac­teur con­séquent à la crise Covid est lié à la manière dont les sys­tèmes logis­tiques mon­di­aux fonc­tion­nent. Ces sys­tèmes hyper­op­ti­misés tirent leurs forces des économies d’échelle qu’ils génèrent, comme l’illustre la taille démesurée des porte-con­teneurs, en per­ma­nente aug­men­ta­tion. Or cette force est égale­ment leur faib­lesse : qu’ils voy­a­gent, ne serait-ce qu’un peu, en sous-capac­ité et les prix mon­tent. Alors, les alter­na­tives (comme la pro­duc­tion locale par impres­sion 3D) devi­en­nent plus renta­bles, ce qui réduit la demande pour ces mastodontes, ce qui renchérit leur coût, etc.

Or, il se passera du temps avant que le com­merce mon­di­al retrou­ve son vol­ume passé et, entre-temps, des alter­na­tives locales (notam­ment grâce à l’impression 3D) auront sans aucun doute vu le jour. Ain­si, même si l’avantage coût de l’impression 3D apparu lors de la crise a en grande par­tie dis­paru dès la fin du con­fine­ment, le désa­van­tage coût subi par les sys­tèmes de pro­duc­tion et logis­tiques mon­di­aux à la suite de cette crise est, lui, appelé à per­dur­er, ce qui aug­mente la rentabil­ité des pro­jets basés sur l’impression 3D.

L’atout de la flexibilité

Troisième effet dû à la crise Covid : le pas­sage perçu d’une sit­u­a­tion de risque, où le futur n’est pas pré­cisé­ment con­nu, mais obéit à des prob­a­bil­ités que l’on peut déter­min­er en amont, à une sit­u­a­tion d’incertitude où l’on ne sait plus du tout à quoi s’attendre. Les entre­pris­es sont désor­mais placées dans un envi­ron­nement où elles ne peu­vent même plus savoir ce qu’elles pro­duiront demain – des auto­mo­biles ou des masques ? – ou même si elles vont pro­duire tout court ! Dans un tel con­texte d’incertitude, la capac­ité d’adapter son out­il de pro­duc­tion à toute éven­tu­al­ité, même la plus improb­a­ble, est un must qui peut jus­ti­fi­er le sur­coût d’acquisition d’un tel équipement. De ce point de vue, l’impression 3D, qui per­met de recon­fig­ur­er à la volée l’outil de pro­duc­tion, est imbattable.

La 3D, outil de relocalisation durable ? 

Au-delà des aspects économiques, les ques­tions poli­tiques et sociales sont déter­mi­nantes. Ain­si, la volon­té affichée par de nom­breux gou­verne­ments de relo­calis­er ou de réin­dus­tri­alis­er ne peut que jouer en faveur de l’impression 3D, parce que les coûts de pro­duc­tion poten­tielle­ment plus élevés et les vol­umes de pro­duc­tion plus faibles que ces poli­tiques impliquent ne peu­vent qu’être favor­ables à l’impression 3D, qui devient dès lors plus com­péti­tive. Par­al­lèle­ment, l’appétence des jeunes généra­tions pour le développe­ment durable et le com­bat con­tre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique ne peut que con­tribuer au développe­ment de la 3D ; non que cette tech­nolo­gie soit intrin­sèque­ment plus vertueuse que les autres tech­nolo­gies de pro­duc­tion, mais parce que les usages qu’elle per­met : pro­duc­tion à la demande et locale, répara­bil­ité et repur­pos­ing, réduc­tion du trans­port de marchan­dis­es sont en phase avec ces nou­velles exigences.

En con­clu­sion, tout laisse à penser que la crise Covid a causé une nou­velle vague de hype autour de l’impression 3D qui retombera vite. Cette crise, cepen­dant, a bel et bien affec­té, poten­tielle­ment durable­ment, cer­tains fon­da­men­taux d’adoption de cette tech­nolo­gie. Ces change­ments, tout d’abord assez sub­tils, met­tront sans doute du temps à devenir vis­i­bles. Mais il arrive sou­vent, avec les nou­velles tech­nolo­gies, que nous ten­dions à sures­timer leur impact à court terme, et puis déçus et trahis, nous nous retrou­vions sur­pris des trans­for­ma­tions rad­i­cales qu’elles entraî­nent à long terme. Au-delà de ce qui se passera dans les mois à venir, gageons que l’impression 3D saura nous surprendre.

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