Concert anniversaire pour le centenaire de Sir Georg SOLTI : Mozart, Verdi, Bartok, Strauss, Malher

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°694 Avril 2014Par : World Orchestra for Peace, direction Valery GERGIEVRédacteur : Marc DARMON (83)Editeur : 1 DVD ou un Blu-Ray Arthaus 108073

Sir Georg Solti (1912–1997) a été un des tout plus grands chefs d’orchestre du XXe siè­cle. Ayons même l’impudeur d’avouer qu’il a été notre chef préféré pen­dant plusieurs décennies.

Il laisse une discogra­phie phénomé­nale, pub­liée avec une prise de son de démon­stra­tion pen­dant cinquante ans con­tinû­ment chez Dec­ca, exem­ple unique de fidél­ité. Nous chéris­sons ses Mahler, ses Bartók, ses Strauss, mais aus­si ses Beethoven, ses Haydn qui ont moins bonne presse désormais.

Et naturelle­ment nous vénérons ses enreg­istrements d’opéras, genre auquel il a con­sacré ses pre­mières décen­nies de chef d’orchestre. Peu de mélo­manes con­tes­teront le car­ac­tère « défini­tif » des enreg­istrements qu’il nous a lais­sés des opéras de Wag­n­er (la Tétralo­gie, bien sûr, mais aus­si Les Maîtres, Tannhäuser, Lohen­grin, etc.), de Mozart (La Flûte, Cosi, Don Gio­van­ni, L’Enlèvement au sérail, Les Noces), de Strauss (Elek­tra, La Femme sans ombre, Ara­bel­la, etc.), de Ver­di (mais oui, écoutez son Bal masqué, son Aïda, son Don Car­los !).

Des références absolues, pour longtemps, pour toujours.

Le con­cert hom­mage pour son cen­te­naire, en octo­bre 2012, se devait d’avoir lieu à Chica­go, là où il a dirigé le dernier orchestre dont il a été chef per­ma­nent (1969–1991). Et il se devait d’être inter­prété par le World Orches­tra for Peace, le seul orchestre fondé par Solti, com­posé d’instrumentistes des orchestres du monde entier, soutenu par l’Unesco, et qui se réu­nit tou­jours annuelle­ment sous la direc­tion de Valery Gergiev pour des con­certs événe­ments lourds de sens.

Voyez par exem­ple, dans le film bonus du DVD, des images du con­cert à Cra­covie en 2009, pour se remé­mor­er soix­ante-dix ans plus tard l’invasion de la Pologne.

L’histoire de cet orchestre remonte à un con­cert sur­prise mon­té en 1992 pour les qua­tre-vingts ans du mae­stro à Buck­ing­ham Palace : une quin­zaine de musi­ciens des nom­breux orchestres que Solti avait dirigés se sont réu­nis pour lui inter­préter ce con­cert. Solti décide alors en 1995 de fonder le World Orches­tra for Peace autour de ces musi­ciens et de près d’une cen­taine d’autres venus d’un nom­bre incroy­able d’orchestres dif­férents (en France, l’orchestre de l’Opéra de Paris et l’Orchestre nation­al de France).

À titre d’exemple, il réu­nit les pre­miers vio­lons du Phil­har­monique de Vienne, de l’Orchestre nation­al de France, de la Mon­naie de Brux­elles, de Cleve­land, de São Paulo, de Buenos Aires, des orchestres nationaux de Chine, de Let­tonie et de Géorgie.

Ce con­cert, joué égale­ment quelques jours aupar­a­vant au Carnegie Hall, est présen­té de façon très émou­vante et très digne par Valérie Solti, qui intro­duit égale­ment les hom­mages à son mari offerts par les grands artistes que Solti a con­tribué à pro­mou­voir : Placido Domin­go, Angela Ghe­o­rghiu (lancée dans La Travi­a­ta en 1991, trou­vez le DVD, superbe), Mur­ray Per­ahia, Andras Schiff (pianiste hon­grois qui a beau­coup partagé avec Solti), René Pape (lancé dans La Flûte enchan­tée), etc.

Les œuvres du pro­gramme sont naturelle­ment un sym­bole de la car­rière du chef. Mais ce pro­gramme n’a rien d’un pot-pour­ri, il a une vraie cohérence avec quelques œuvres complètes.

L’ouverture des Noces de Figaro de Mozart, ain­si que des airs de Don Gio­van­ni, La Flûte enchan­tée, Rigo­let­to et La Travi­a­ta, pour rap­pel­er qu’il a été directeur de maisons d’opéras de 1946 à 1971 (dont dix ans à Covent Gar­den). Puis Don Juan de Strauss et l’Adagi­et­to de Mahler (ren­du célèbre par Vis­con­ti), pour que l’on se sou­vi­enne quel chef du réper­toire postro­man­tique il a été.

Puis le Con­cer­to pour orchestre de Bartók, un Hon­grois qui œuvrait là pour un orchestre améri­cain (ce con­cer­to fut com­mandé par Kous­se­vitzky pour l’orchestre de Boston), comme Solti. Et enfin Stars and Stripes, dirigé par Solti lorsque les Chica­go Bears ont gag­né le Super­bowl en 1986.

Solti a fini sa vie et sa car­rière à Chica­go, dans son pays d’adoption depuis près de trente ans. Pour ce dernier bis, l’orchestre est du reste rejoint par des piliers de l’Orchestre sym­phonique de Chica­go qui ont joué avec Solti il y a plus de vingt ans.

Bra­vo et mer­ci à Gergiev pour avoir fait per­dur­er l’héritage de Solti, en plus de ses charges acca­blantes à tra­vers le monde. Un con­cert auquel on revien­dra souvent.

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