Comment la finance peut-elle contribuer à la reprise ?

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°707 Septembre 2015Par : Sous la direction de Denise Flouzat-Osmont d’Amilly et Pierre-Henri Cassou (66)Rédacteur : Gérard DRÉAN (54)Editeur : Revue Banque Édition, L’Année des professions financières, vol. 9 – édition 2014 – 18, rue La Fayette, 75009 Paris

La pub­li­ca­tion annuelle du Cen­tre des pro­fes­sions finan­cières affiche une louable ambi­tion péd­a­gogique pour « com­pren­dre et faire com­pren­dre les pro­fes­sions finan­cières ». Le pro­fane alléché par cette per­spec­tive y trou­ve plutôt une revue des­tinée aux « pro­fes­sion­nels de la pro­fes­sion », tant y abon­dent les ter­mes et les références qui sup­posent une bonne con­nais­sance des tech­niques financières.

Vingt-trois arti­cles, écrits par vingt-six auteurs dont qua­tre de nos cama­rades, pro­posent une réponse évidem­ment pos­i­tive mais pru­dente : oui, la finance est prête à favoris­er la reprise, mais à con­di­tion que les entre­pris­es veuil­lent bien la solliciter.

Une « vague de régle­men­ta­tion sans précé­dent » pro­tège certes les ban­ques en lim­i­tant le risque, mais en même temps renchérit l’intermédiation et enferme les acteurs dans un car­can qui les dis­suade d’exercer cor­recte­ment leur méti­er : per­me­t­tre aux entre­pre­neurs de pren­dre des risques.

Ces derniers sont donc poussés à rechercher des finance­ments en dehors du secteur ban­caire et de sa régle­men­ta­tion étouf­fante, et les acteurs de la finance à pro­pos­er en réponse toutes sortes de nou­velles solu­tions. Ain­si se met­tent en place simul­tané­ment de nou­velles con­traintes et les moyens de les con­tourn­er, allant des place­ments privés au bitcoin.

Ces boule­verse­ments inces­sants ajoutent à la per­plex­ité des entre­pre­neurs quant à l’avenir de l’économie et de la fis­cal­ité, qui les dis­suade de pren­dre trop de risques. Devant cette pru­dence, inon­der les marchés de liq­uid­ités ne sert qu’à ali­menter une finance « virtuelle » déjà hyper­trophiée et décon­nec­tée de l’économie « réelle », gon­flant ain­si les bulles à venir jusqu’à leur éclate­ment inéluctable.

Ain­si se con­stru­it une extra­or­di­naire usine à gaz dont les acteurs cherchent à répon­dre à la com­plex­ité par une com­plex­ité encore accrue, en ajoutant de l’obscurité à l’obscurité sous pré­texte de transparence.

For­mi­da­ble gâchis de tal­ents, où les uns se don­nent l’illusion de gou­vern­er en fab­ri­quant des prob­lèmes que les autres gag­nent leur vie en cher­chant à les résoudre. Tout cela dit à mots cou­verts comme il con­vient dans les cer­cles feu­trés de la Banque française.

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