Christian Brossier (56)

Christian Brossier (56) Le sage des transports

Dossier : ExpressionsMagazine N°653 Mars 2010Par Georges MERCADAL (56)
Par Michel GÉRARD (55)

Enfant boulim­ique de lec­tures, ado­les­cent bril­lant élève, il réus­sit l’X et Nor­male sup. À l’É­cole, il part à la décou­verte de la pein­ture abstraite, de la musique con­tem­po­raine, de tou­jours plus de lit­téra­ture. C’est un sportif accom­pli… jusqu’à sa maladie. 

Sa pro­fonde atten­tion aux autres lui vaut médi­a­tions réussies et indé­fectibles dévouements 

À sa sor­tie du Val-de-Grâce, il entre au CEA dans l’équipe de physique math­é­ma­tique sur la fusion. Mais en 1965 il devient clair que celle-ci n’est pas pour demain ! Chris­t­ian s’in­ter­roge sur son util­ité sociale. Il intè­gre alors, par choix car il veut rester homme de réflex­ion, le ser­vice des études économiques et finan­cières de la direc­tion des ports. Il maîtrise vite tous les aspects de la con­struc­tion et de l’ex­ploita­tion des ports et acquiert une exper­tise qui le mèn­era à la tête de cette direc­tion. Il y aura par­ticipé ou présidé aux plus grandes réal­i­sa­tions : Fos, Antifer, Grande Écluse du Havre. 

Les hommes que ses fonc­tions de directeur des pêch­es puis des ports pla­cent à son con­tact entre 1976 et 1990 décou­vrent son altru­isme et son human­isme. L’at­ten­tion qu’il porte à ceux qu’il ren­con­tre lui vaut d’indé­fectibles fidélités. 

Le statut des dockers

Ses qual­ités font mer­veille face à des ques­tions sociales majeures : le statut des dock­ers et la survie de la pêche. Bra­vant son hand­i­cap, il sort en mer avec les pêcheurs, les écoute, gagne leur con­fi­ance et les con­va­inc d’adopter des solu­tions ouvertes sur l’avenir. Se dépen­sant sans compter à Brux­elles, il fait recon­naître ces solu­tions. Pour lui l’ac­tion publique c’est aus­si le rap­port aux hommes. 

Son ouver­ture et ses syn­thès­es lui valent l’é­coute des plus hauts respon­s­ables des transports 

En 1990, nom­mé prési­dent de la sec­tion économique au Con­seil général des ponts, il y est vite recon­nu comme le sage de la poli­tique des trans­ports. Plusieurs rap­ports qui por­tent son nom font date : ses propo­si­tions aux min­istres de déci­sions sur les réal­i­sa­tions des LGV Méditer­ranée et Est, du canal Seine-Nord, ses sug­ges­tions pour une poli­tique française des trans­ports dans les Alpes1. Sa capac­ité à saisir toutes les dimen­sions d’un prob­lème, sa rigueur intel­lectuelle, ses qual­ités de con­tact et son dévoue­ment lui per­me­t­tent une fran­chise sans com­pro­mis­sion avec tous les ministres. 

Compétence économique et compréhension sociale

Ils lui con­fient des respon­s­abil­ités de pre­mier plan : la prési­dence du Comité 8 du FDES, juge en dernier ressort des investisse­ments publics en matière d’équipement et d’en­vi­ron­nement, le secré­tari­at à la Marine marchande, la vice-prési­dence des con­seils d’ad­min­is­tra­tion d’Air France et de SNCF. 

Voilà com­ment, avec sa volon­té d’aci­er, Chris­t­ian Brossier a dépassé la ter­ri­ble épreuve de ses 20 ans en vouant sa vie au ser­vice de la nation. 

Pour ceux qui l’ont côtoyé, qui parta­gent la tristesse de ses proches, il laisse le sou­venir d’un être dis­tin­gué et fin, d’une intel­li­gence rare, d’un esprit élevé. Aimant la vie, et, en bon Sarthois, les voitures, les plaisirs de la table, les bons crus et les whiskies vieil­lis, sa cama­raderie était légendaire : racon­ter, dis­cuter… et rire ! Ah ! Ces explo­sions toni­tru­antes de franche rigo­lade ! Adieu Ami. 

1. Ce rap­port lui vaut les félic­i­ta­tions de la min­istre de l’En­vi­ron­nement.

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