Ambition et leadership au féminin par quatre polytechniciennes de la promo 89

Ambition et leadership au féminin par quatre polytechniciennes de la promo 89

Dossier : 50 ans de féminisation de l'XMagazine N°777 Septembre 2022
Par Pascale MOREAU (X89)
Par Isabelle GASTINEAU (X89)
Par Sylvie JÉHANNO (X89)
Par Olfa MAALEJ (X89)

Qua­tre femmes et amies de la même pro­mo­tion X89 à Poly­tech­nique ont souhaité se retrou­ver pour échang­er sur leurs car­rières autour de deux con­cepts évi­dents pour leurs homo­logues mas­culins mais encore sou­vent délais­sés par les jeunes femmes : l’ambition et le leadership.

Pascale Moreau

Peux-tu te présenter en quelques mots ? 

X Ensae, j’ai effec­tué tout mon par­cours dans la banque, d’abord à la Caisse des dépôts où j’ai fait mes class­es en tant qu’ingénieure ana­lyste quan­ti­tatif puis trad­er, et ensuite à SG où j’ai pro­gressé ver­ti­cale­ment dans la vente pour finir par être respon­s­able mon­di­ale de la vente de pro­duits de marché aux entre­pris­es. Récem­ment j’ai été appelée à pren­dre la respon­s­abil­ité de l’ensemble des fonc­tions de sou­tien pour les activ­ités de marché, que ce soit les opéra­tions, les pro­jets de développe­ment, le régle­men­taire, le risque man­age­ment ou les con­trôles. Je suis aus­si colonelle de l’armée de l’air dans la réserve citoyenne et engagée dans de nom­breux pro­jets caritatifs.

Qu’est-ce que la formation scientifique t’a apporté ? 

Indé­ni­able­ment un esprit d’analyse et de syn­thèse pour arriv­er au bout de sit­u­a­tions com­plex­es et aux con­séquences lour­des. L’activité de marché requiert à la fois de la rigueur, de la déter­mi­na­tion et aus­si sou­vent de la résilience au stress. Au départ le diplôme de l’X est un passe­port pour accéder à une posi­tion intéres­sante (« on va lui con­fi­er ce chantier, elle a la tête bien faite ») et ensuite faire ses preuves sur la durée per­met de se hiss­er dans la hiérarchie. 

L’ambition au féminin : qu’a‑t-elle de spécifique selon toi ? 

Il est dif­fi­cile de rassem­bler toutes les femmes dans un com­porte­ment stéréo­typé unique. On peut néan­moins dire que les femmes auront davan­tage ten­dance à faire leur choix de car­rière en fonc­tion de mul­ti­ples critères. Alors que, sur le nom­bre d’hommes qui accè­dent à des hauts postes, on recon­naî­tra surtout une ambi­tion visant à pro­gress­er le plus rapi­de­ment pos­si­ble pour gag­n­er les som­mets, les femmes auront ten­dance à peser le con­texte de leur évo­lu­tion à la lumière du plaisir qu’elles auront à tra­vailler dans ce nou­veau rôle, l’inspiration qu’elles y trou­veront et la valeur ajoutée qu’elles apporteront. D’autres con­sid­éra­tions pour­ront entr­er en ligne de compte dans leur raison­nement, comme le besoin de tir­er les équipes vers le haut, le besoin de tra­vailler pour l’ensemble du groupe, le besoin de péren­nis­er l’activité à long terme et aus­si la quête de sens pour tous. 

Y a‑t-il un leadership au féminin ? 

Très cer­taine­ment. Plus qu’un style de man­age­ment, le lead­er­ship féminin vise à embar­quer l’ensemble des équipes pour les men­er vers une étape supérieure, c’est une démarche par­tic­i­pa­tive qui s’appuie sur un juste mix entre exi­gence et bien­veil­lance. Le résul­tat est d’égale impor­tance avec le chemin par­cou­ru. J’ai sou­vent vu des femmes dévelop­per ce type de lead­er­ship plutôt que des hommes. Per­son­nelle­ment j’adhère totale­ment à cette vision : une équipe en forme, où cha­cun a un rôle clair et où la trans­parence et la coopéra­tion règ­nent, est une équipe qui indé­ni­able­ment ira plus loin qu’une équipe gérée selon d’anciennes méth­odes de man­age­ment autori­taires et individualistes. 

Pourquoi as-tu fait le choix de l’entreprise dans laquelle tu fais carrière ? 

J’ai été attirée par les métiers de la banque per­me­t­tant de financer l’économie réelle, tout en ayant une bonne vision des enjeux économiques et stratégiques. Les activ­ités de marché, de par leur aspect high-tech et aus­si l’instantanéité des déci­sions à pren­dre, m’ont paru très attrac­tives. SG est une des meilleures ban­ques dans le secteur, où l’innovation est favorisée grâce à un esprit entre­pre­neur­ial. J’ai pu très rapi­de­ment pren­dre des ini­tia­tives et men­er à bien des actions aux­quelles je croy­ais. Même si la régle­men­ta­tion des activ­ités s’est con­sid­érable­ment accrue cette dernière décen­nie, les pos­si­bil­ités d’innovation restent nom­breuses et la créa­tion de valeur impor­tante. Aujourd’hui, entre les sujets de tran­si­tion énergé­tique, les tech­nolo­gies (dig­i­tal, datas, blockchain, cryp­to…), la feuille de route est bien remplie !

Te semble-t-il plus difficile de faire son chemin en tant que femme ? 

Je pense que cela a joué notam­ment dans les milieux forte­ment mas­culins, où la coop­ta­tion et les pro­mo­tions s’appuyaient sur des biais con­scients ou non. Les jeunes femmes pou­vaient par­fois paraître comme des ani­maux étranges aux codes décalés et aux méth­odes dif­férentes. La con­fi­ance n’était pas tou­jours au ren­dez-vous, surtout pour des mis­sions risquées où il était plus sim­ple de se rabat­tre vers un pro­fil plus clas­sique au com­porte­ment bien bal­isé. J’ai par­fois con­staté que cer­tains choix pou­vaient se faire sur la base d’idées pré­conçues. Aujourd’hui beau­coup d’entreprises jouent la carte de la diver­sité, dont les mérites ne sont plus à démon­tr­er, et chas­sent les com­porte­ments de biais cog­ni­tifs. Aus­si il y a, à présent, une autoroute pour que les jeunes femmes tal­entueuses et volon­taires sai­sis­sent des postes à responsabilité. 

Quel conseil donnerais-tu aux jeunes générations ? 

Écoutez vos intu­itions, mon­trez votre valeur, osez, foncez… 

Quel fait marquant de ta carrière souhaites-tu partager ? 

Il y a beau­coup d’activités de mon anci­enne équipe dont j’ai eu l’intuition et que j’ai lancées, cer­taines étaient extrême­ment avant-gardistes (comme l’ESG et les tech­nolo­gies en 2016). Ces activ­ités tour­nent tou­jours à plein et je suis fière d’avoir don­né une telle impul­sion à l’activité. Je peux notam­ment faire état d’une dynamique d’équipe lancée au tra­vers d’un moment fort avec mes équipes européennes. Cette séquence se nom­mait Embrace the future, elle con­sis­tait à vivre une journée de réflex­ion ensem­ble, de manière à s’inscrire et imag­in­er nos activ­ités dans le futur. Grâce à des inter­venants bien choi­sis, une mise en scène et un rythme bien con­stru­its, les équipes ont atteint des niveaux d’inventivité et d’idéation très élevés, amenant plusieurs ini­tia­tives à voir le jour et à être dévelop­pées sur le long terme. Ce fut un beau suc­cès inspi­rant et productif ! 

Un souvenir de l’X à nous confier ? 

Beau­coup d’excellents sou­venirs tant sur le cam­pus de Palaiseau, avec les deux années d’études ryth­mées par des cours de qual­ité excep­tion­nelle et des moments de con­vivi­al­ité forte entre cama­rades, que pen­dant la pre­mière année de ser­vice mil­i­taire. À cet égard je ne man­querai pas de relater une expéri­ence vécue en binôme avec Isabelle lors de notre PMS (pré­pa­ra­tion mil­i­taire supérieure) à La Cour­tine, où nous parta­gions le sort d’être les deux seules filles de la sec­tion. Nous avions un adju­dant qui était très pro­tecteur et pater­nal­iste avec nous. Il s’inquiétait de notre état de fatigue après les march­es en rangers et était aux petits soins pen­dant les bivouacs. Il nous appelait « les petites cailles de l’adjudant » et ce terme est resté à la fois comme un sou­venir joyeux et comme un trait d’union entre nous deux. 

Et, pour finir, ton état d’esprit en un mot ? 

Aller de l’avant. Regarder vers le haut, pour con­tin­uer de pro­gress­er dans la struc­ture dans le cadre de pro­jets ent­hou­si­as­mants, et regarder vers le bas pour aider les plus jeunes à grandir le mieux pos­si­ble, dans un con­texte de plus en plus com­plexe et volatil. 

Isabelle Gastineau

Peux-tu te présenter en quelques mots ? 

X Ponts-Lon­don School of Eco­nom­ics, je tra­vaille depuis vingt-huit ans pour la com­pag­nie qui s’appelle main­tenant Total­En­er­gies. Un seul employeur, et pour­tant j’ai sans cesse changé de méti­er (logis­tique, stratégie, com­mu­ni­ca­tion, finance, busi­ness devel­op­ment), de pays (Grande-Bre­tagne, France, Qatar et les dizaines de pays où je suis allée en mis­sion) et de branche d’activité (raf­fi­nage mar­ket­ing, gaz élec­tric­ité, explo­ration pro­duc­tion). Aujourd’hui je suis chargée des affaires générales des Amériques à l’exploration production.

Qu’est-ce que la formation scientifique t’a apporté ? 

En tout pre­mier lieu je pense au réflexe que j’ai d’analyser avec logique toute sit­u­a­tion ou ques­tion qui se pose, et d’arriver ain­si à des déci­sions argu­men­tées. Par ailleurs les opéra­tions de Total­En­er­gies ont un fort con­tenu tech­nologique et la for­ma­tion que j’ai reçue me per­met de bien en com­pren­dre les enjeux. 

L’ambition au féminin : qu’a‑t-elle de spécifique selon toi ? 

Il me sem­ble que, dans leurs choix de car­rière, les femmes écoutent plus sou­vent que les hommes la voix de la pas­sion, en cher­chant par exem­ple plutôt l’intérêt de leurs postes que des respon­s­abil­ités tou­jours plus impor­tantes. Les deux sont par­fois alignés, mais cela peut aus­si con­duire de nom­breuses femmes à chang­er de méti­er ou à men­er des car­rières plus atypiques. 

Y a‑t-il un leadership au féminin ? 

Je n’en suis pas sûre. En effet, cer­taines femmes font preuve d’une grande écoute envers leurs équipes et les inspirent forte­ment, alors que d’autres, qui ont dû se bat­tre dans des envi­ron­nements peu fémin­isés, peu­vent adopter des codes con­sid­érés comme plus « mas­culins ». En revanche, je pense les femmes plus à même de pren­dre des risques, par exem­ple en n’hésitant pas à chang­er la stratégie ou l’organisation des entités qu’elles mènent. 

Pourquoi as-tu fait le choix de l’entreprise dans laquelle tu fais carrière ? 

Je suis entrée chez Total presque par hasard en 1994, embauchée locale en Grande-Bre­tagne. Ensuite j’y suis restée, car je me suis prise de pas­sion à la fois pour les pro­jets géants et inno­vants de cette indus­trie de l’énergie si con­nec­tée à la géopoli­tique, et pour l’entreprise elle-même, qui me per­me­t­tait de chang­er de méti­er régulière­ment et de côtoy­er des gens d’origines très divers­es. Aujourd’hui je suis hyper­mo­tivée par le rôle que Total­En­er­gies joue dans la tran­si­tion énergétique ! 

A‑t-il semblé difficile de faire ton chemin en tant que femme ? 

Pas vrai­ment. Au début de ma car­rière on tombait encore de temps en temps sur un man­ag­er qui ne voy­ait pas les femmes ailleurs que chez elles, mais c’était plus que com­pen­sé par les nom­breuses per­son­nes qui m’ont fait confiance. 

Quel conseil donnerais-tu aux jeunes générations ? 

Osez relever avec pas­sion les défis qui s’offrent à vous ! 

Quel fait marquant de ta carrière souhaites-tu partager ? 

Lorsque la guerre a éclaté au Yémen au print­emps 2015, nous avions dans le pays plusieurs sites en activ­ité, dont une grande usine de gaz naturel liqué­fié. À ce moment-là, j’étais directeur adjoint de la cel­lule de crise de Total qui a piloté et accom­pa­g­né les opéra­tions d’évacuation de nos employés sur place. Un intense tra­vail d’équipe avec un scé­nario digne d’un film hollywoodien ! 

Un souvenir de l’X à nous confier ? 

Le cours de physique quan­tique, où pour illus­tr­er l’effet tun­nel notre pro­fesseur nous avait dit que la prob­a­bil­ité de se retrou­ver sur l’île du lac n’était pas nulle ! Et bien enten­du, tout comme Pas­cale, « les petites cailles de l’adjudant »…

Et, pour finir, ton état d’esprit en un mot ? 

Pas­sion­née.

Sylvie Jéhanno

Peux-tu te présenter en quelques mots ? 

X Mines, je suis entrée chez EDF pour y faire du man­age­ment de ter­rain, en tant que chef d’exploitation de réseaux de gaz, puis en tant que respon­s­able d’un cen­tre d’appels. Le secteur de l’énergie étant en pleine trans­for­ma­tion, je me suis ori­en­tée vers les fonc­tions mar­ket­ing et com­mer­ciales pour con­tribuer à faire de l’ouverture des marchés de l’électricité et du gaz à la con­cur­rence un suc­cès pour EDF. J’ai ain­si été nom­mée direc­trice mar­ket­ing BtoB, puis direc­trice grands comptes et, enfin, direc­trice des clients par­ti­c­uliers, encad­rant plus de 5 000 per­son­nes au ser­vice des 25 mil­lions de clients d’EDF. Aujourd’hui, je suis PDG de Dalkia depuis cinq ans et c’est une autre trans­for­ma­tion d’ampleur qui nous ani­me, celle induite par la tran­si­tion énergé­tique et la lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique. Dalkia, c’est aujourd’hui 5 mil­liards d’euros de chiffre d’affaires avec 19 000 salariés qui opèrent en France et à l’international pour dévelop­per les éner­gies renou­ve­lables des ter­ri­toires et l’efficacité énergé­tique des bâtiments. 

Qu’est-ce que la formation scientifique t’a apporté ? 

Beau­coup de légitim­ité ! Sur plein de sujets ! Chez Dalkia, la ther­mo­dy­namique est partout et mes équipes sont ras­surées de me voir com­pren­dre leurs pro­jets tech­niques. On ne réus­sira pas la tran­si­tion énergé­tique sans ingénieur(e)s !

L’ambition au féminin : qu’a‑t-elle de spécifique selon toi ? 

Je trou­ve qu’il y a encore trop de femmes qui juste­ment n’ont pas suff­isam­ment d’ambition ! Lorsque je reçois des can­di­dats, j’aime à pos­er la ques­tion « com­ment vous pro­jetez-vous dans dix ans ? ». Ce n’est pas une ques­tion facile, mais je con­state que les hommes y répon­dent mieux et plus pré­cisé­ment. Cela ren­voie très cer­taine­ment au sujet des rôles mod­èles de femmes qui sont peu nom­breux, parce que c’est plus facile de se pro­jeter lorsque l’on a des sources d’inspiration.

Y a‑t-il un leadership au féminin ? 

Je ne suis pas à l’aise avec cette expres­sion qui tend à laiss­er enten­dre que les femmes sont moins direc­tri­ces que les hommes, plus autori­taires et plus rigoureux. Je con­nais des femmes qui le sont plus ! L’essentiel est de dévelop­per son pro­pre style de lead­er­ship, le plus équili­bré pos­si­ble, pour entraîn­er et motiv­er son équipe. Cela repose sur un mélange d’écoute, de com­mu­ni­ca­tion, de vision, de bien­veil­lance et d’intelligence émo­tion­nelle. Est-ce vrai­ment genré ? 

Pourquoi as-tu fait le choix de l’entreprise dans laquelle tu fais carrière ? 

Au départ, une ren­con­tre, la qual­ité d’un entre­tien et la con­fi­ance qu’EDF m’a accordée pour me met­tre en sit­u­a­tion de man­age­ment dès le pre­mier jour. Ensuite, une suc­ces­sion de chal­lenges à relever, que j’ai à chaque fois trou­vés pas­sion­nants et respon­s­abil­isants. Enfin, le secteur de l’énergie car l’énergie, c’est vital ! 

A‑t-il semblé difficile de faire ton chemin en tant que femme ? 

Non, car j’ai su créer l’adhésion autour de moi. C’est une femme qui a défendu mon pro­fil pour ma pre­mière nom­i­na­tion de dirigeante, mais ensuite ce sont des dirigeants qui ont cru en moi. J’ai con­duit de nom­breux pro­jets de trans­for­ma­tion chez EDF, avec de nom­breuses équipes pluridis­ci­plinaires et divers­es. Lorsqu’on est engagé pour réus­sir un pro­jet, on oublie les dif­férences. C’est la com­pé­tence qui compte ! 

Quel conseil donnerais-tu aux jeunes générations ? 

Ne vous cen­surez pas et exploitez vos marges de manœuvre ! 

Quel fait marquant de ta carrière souhaites-tu partager ? 

J’en cit­erai deux. Le pre­mier, c’est la créa­tion d’une start-up en par­tant de zéro pour lancer un four­nisseur d’énergie alter­natif posi­tion­nant EDF dans la Smart Home. Nous avions dix mois pour lancer l’offre. J’ai mon­té l’équipe pro­jet, trou­vé un plateau pour tra­vailler en mode agile et nous avons réus­si. Ce fut la nais­sance de Sowee, fil­iale d’EDF. Le deux­ième, c’est lorsque j’ai été décorée de la Légion d’honneur. Ce fut une surprise ! 

Un souvenir de l’X à nous confier ? 

Là encore, deux sou­venirs. Deux « 14 juil­let », car je fais en effet par­tie des rares élèves qui ont défilé deux fois : la pre­mière fois dans le cadre de mon ser­vice mil­i­taire et la sec­onde fois en tant qu’élève de l’X. À chaque fois, j’ai trou­vé cela très impressionnant ! 

Et, pour finir, ton état d’esprit en un mot ? 

Engagée, car je me sens extrême­ment impliquée dans la réus­site de Dalkia, pour nos clients, nos salariés et l’ensemble de nos par­ties prenantes. Engagée aus­si car je souhaite apporter ma con­tri­bu­tion à la con­struc­tion d’une société plus inclusive. 

Olfa Maalej

Peux-tu te présenter en quelques mots ? 

X Ponts, j’ai fait toute ma car­rière dans la finance, entre banque et asset man­age­ment. J’ai com­mencé en 1994 dans un poste de trad­ing chez JP Mor­gan, puis j’ai rejoint Paribas Asset Man­ag­ment pour gér­er des fonds de pro­duits struc­turés. J’ai ensuite rejoint les équipes de Société Générale Asset Man­age­ment, avant d’arriver en 2003 dans le groupe néer­landais ABN Amro pour être chargée du mar­ket­ing et de la struc­tura­tion des pro­duits dérivés. En octo­bre 2017, j’ai été nom­mée direc­trice des pro­duits & solu­tions et mem­bre du direc­toire de Neu­flize OBC, la fil­iale française du groupe. 

Qu’est-ce que la formation scientifique t’a apporté ? 

Une méth­ode de tra­vail rigoureuse et une capac­ité à pos­er les prob­lèmes et les solu­tion­ner. L’approche sci­en­tifique per­met d’apporter une réelle valeur ajoutée et de com­pléter d’autres approches. Elle a été un vrai atout dans mon par­cours pro­fes­sion­nel, notam­ment avec le besoin accru d’appliquer les mod­èles math­é­ma­tiques aux métiers de la finance. 

L’ambition au féminin : qu’a‑t-elle de spécifique selon toi ? 

Sans vouloir généralis­er, l’ambition au féminin est for­cé­ment influ­encée par cer­tains déter­min­ismes soci­aux et les stéréo­types qui con­di­tion­nent les hommes et les femmes dif­férem­ment dès leur jeune âge. Sou­vent, les femmes se met­tent des lim­ites parce qu’elles ne se font pas suff­isam­ment con­fi­ance ou qu’elles n’osent pas deman­der, si elles ne con­sid­èrent pas avoir toutes les com­pé­tences req­ui­s­es. En out­re, elles étab­lis­sent une échelle de valeurs dif­férente de leurs homo­logues mas­culins. La quête de sens est au moins aus­si impor­tante que le pou­voir et l’argent.

Y a‑t-il un leadership au féminin ? 

Chaque per­son­ne, qu’elle soit homme ou femme, a son pro­pre style de lead­er­ship qui dépend de sa per­son­nal­ité, de son his­toire et de son expéri­ence. On a ten­dance à penser que les femmes exer­cent un lead­er­ship par­tic­i­patif car elles sont plus dans l’empathie et l’écoute, alors que les hommes auraient un lead­er­ship plus direc­tif. J’ai pu voir des exem­ples qui con­fir­ment cette règle, mais j’ai égale­ment assisté à quelques excep­tions. Aujourd’hui, la plu­part des man­agers visent à acquérir un lead­er­ship agile avec un bon équili­bre entre bien­veil­lance et exi­gence, écoute et fermeté. 

Pourquoi as-tu fait le choix de l’entreprise dans laquelle tu fais carrière ? 

Dès mes pre­miers stages, j’ai été attirée par les métiers de la finance. Le pro­fil d’ingénieur y était très recher­ché pour répon­dre à de nou­veaux besoins, nés notam­ment du développe­ment de pro­duits plus sophis­tiqués. Au début de ma car­rière, j’ai eu l’occasion de chang­er plusieurs fois d’employeur mais, depuis 2003, je suis dans le groupe ABN Amro. C’est une banque néer­landaise qui avait une présence inter­na­tionale et une longue his­toire en France, notam­ment grâce à l’acquisition de ban­ques locales. J’ai pu évoluer au sein de cette entre­prise avec des équipes basées dans plusieurs pays et j’ai eu l’occasion d’exercer dif­férents métiers pas­sion­nants. Être dans un monde en per­pétuel mou­ve­ment et devoir relever de nou­veaux défis était source de moti­va­tion pour moi. 

A‑t-il semblé difficile de faire ton chemin en tant que femme ? 

Je dois recon­naître que, dans un milieu forte­ment mas­culin, il m’a fal­lu quelques expéri­ences dif­fi­ciles avant de réalis­er à quel point il est utile de me faire con­fi­ance, dévelop­per mon assertiv­ité et gag­n­er en influ­ence, tout en con­ser­vant mon authen­tic­ité et rester moi-même. Cer­taines for­ma­tions et la par­tic­i­pa­tion à des réseaux féminins ont favorisé cette prise de conscience. 

Quel conseil donnerais-tu aux jeunes générations ? 

Ne vous met­tez pas de lim­ites, faites-vous con­fi­ance et allez de l’avant !

Quel fait marquant de ta carrière souhaites-tu partager ? 

La crise finan­cière de 2008 a été l’un des événe­ments les plus mar­quants de ma car­rière. Elle a eu un impact phénomé­nal sur le secteur financier dans son ensem­ble et a été à l’origine de change­ments struc­turants. Elle a aus­si démon­tré que savoir s’adapter et se relever après une chute sont des grandes qual­ités dans l’expérience professionnelle. 

Un souvenir de l’X à nous confier ? 

De beaux chal­lenges avec l’équipe de vol­ley­ball fémi­nine. De très belles ami­tiés nouées pour la vie. Mais le sou­venir le plus drôle pour moi est l’une des réal­i­sa­tions de la Khômiss. Un jour d’hiver où le lac avait gelé, le Général a été sur­pris de voir sa voiture posée en plein milieu du lac et il a fal­lu la récupér­er à l’aide d’un hélicoptère ! 

Et, pour finir, ton état d’esprit en un mot ? 

Ent­hou­si­aste, engagée et positive ! 

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