Ambition et leadership au féminin par quatre polytechniciennes de la promo 89

Ambition et leadership au féminin par quatre polytechniciennes de la promo 89

Dossier : 50 ans de féminisation de l'XMagazine N°777 Septembre 2022
Par Pascale MOREAU (X89)
Par Isabelle GASTINEAU (X89)
Par Sylvie JÉHANNO (X89)
Par Olfa MAALEJ (X89)

Quatre femmes et amies de la même pro­mo­tion X89 à Poly­tech­nique ont sou­hai­té se retrou­ver pour échan­ger sur leurs car­rières autour de deux concepts évi­dents pour leurs homo­logues mas­cu­lins mais encore sou­vent délais­sés par les jeunes femmes : l’ambition et le leadership.

Pascale Moreau

Peux-tu te présenter en quelques mots ? 

X Ensae, j’ai effec­tué tout mon par­cours dans la banque, d’abord à la Caisse des dépôts où j’ai fait mes classes en tant qu’ingénieure ana­lyste quan­ti­ta­tif puis tra­der, et ensuite à SG où j’ai pro­gres­sé ver­ti­ca­le­ment dans la vente pour finir par être res­pon­sable mon­diale de la vente de pro­duits de mar­ché aux entre­prises. Récem­ment j’ai été appe­lée à prendre la res­pon­sa­bi­li­té de l’ensemble des fonc­tions de sou­tien pour les acti­vi­tés de mar­ché, que ce soit les opé­ra­tions, les pro­jets de déve­lop­pe­ment, le régle­men­taire, le risque mana­ge­ment ou les contrôles. Je suis aus­si colo­nelle de l’armée de l’air dans la réserve citoyenne et enga­gée dans de nom­breux pro­jets caritatifs.

Qu’est-ce que la formation scientifique t’a apporté ? 

Indé­nia­ble­ment un esprit d’analyse et de syn­thèse pour arri­ver au bout de situa­tions com­plexes et aux consé­quences lourdes. L’activité de mar­ché requiert à la fois de la rigueur, de la déter­mi­na­tion et aus­si sou­vent de la rési­lience au stress. Au départ le diplôme de l’X est un pas­se­port pour accé­der à une posi­tion inté­res­sante (« on va lui confier ce chan­tier, elle a la tête bien faite ») et ensuite faire ses preuves sur la durée per­met de se his­ser dans la hiérarchie. 

L’ambition au féminin : qu’a‑t-elle de spécifique selon toi ? 

Il est dif­fi­cile de ras­sem­bler toutes les femmes dans un com­por­te­ment sté­réo­ty­pé unique. On peut néan­moins dire que les femmes auront davan­tage ten­dance à faire leur choix de car­rière en fonc­tion de mul­tiples cri­tères. Alors que, sur le nombre d’hommes qui accèdent à des hauts postes, on recon­naî­tra sur­tout une ambi­tion visant à pro­gres­ser le plus rapi­de­ment pos­sible pour gagner les som­mets, les femmes auront ten­dance à peser le contexte de leur évo­lu­tion à la lumière du plai­sir qu’elles auront à tra­vailler dans ce nou­veau rôle, l’inspiration qu’elles y trou­ve­ront et la valeur ajou­tée qu’elles appor­te­ront. D’autres consi­dé­ra­tions pour­ront entrer en ligne de compte dans leur rai­son­ne­ment, comme le besoin de tirer les équipes vers le haut, le besoin de tra­vailler pour l’ensemble du groupe, le besoin de péren­ni­ser l’activité à long terme et aus­si la quête de sens pour tous. 

Y a‑t-il un leadership au féminin ? 

Très cer­tai­ne­ment. Plus qu’un style de mana­ge­ment, le lea­der­ship fémi­nin vise à embar­quer l’ensemble des équipes pour les mener vers une étape supé­rieure, c’est une démarche par­ti­ci­pa­tive qui s’appuie sur un juste mix entre exi­gence et bien­veillance. Le résul­tat est d’égale impor­tance avec le che­min par­cou­ru. J’ai sou­vent vu des femmes déve­lop­per ce type de lea­der­ship plu­tôt que des hommes. Per­son­nel­le­ment j’adhère tota­le­ment à cette vision : une équipe en forme, où cha­cun a un rôle clair et où la trans­pa­rence et la coopé­ra­tion règnent, est une équipe qui indé­nia­ble­ment ira plus loin qu’une équipe gérée selon d’anciennes méthodes de mana­ge­ment auto­ri­taires et individualistes. 

Pourquoi as-tu fait le choix de l’entreprise dans laquelle tu fais carrière ? 

J’ai été atti­rée par les métiers de la banque per­met­tant de finan­cer l’économie réelle, tout en ayant une bonne vision des enjeux éco­no­miques et stra­té­giques. Les acti­vi­tés de mar­ché, de par leur aspect high-tech et aus­si l’instantanéité des déci­sions à prendre, m’ont paru très attrac­tives. SG est une des meilleures banques dans le sec­teur, où l’innovation est favo­ri­sée grâce à un esprit entre­pre­neu­rial. J’ai pu très rapi­de­ment prendre des ini­tia­tives et mener à bien des actions aux­quelles je croyais. Même si la régle­men­ta­tion des acti­vi­tés s’est consi­dé­ra­ble­ment accrue cette der­nière décen­nie, les pos­si­bi­li­tés d’innovation res­tent nom­breuses et la créa­tion de valeur impor­tante. Aujourd’hui, entre les sujets de tran­si­tion éner­gé­tique, les tech­no­lo­gies (digi­tal, datas, blo­ck­chain, cryp­to…), la feuille de route est bien remplie !

Te semble-t-il plus difficile de faire son chemin en tant que femme ? 

Je pense que cela a joué notam­ment dans les milieux for­te­ment mas­cu­lins, où la coop­ta­tion et les pro­mo­tions s’appuyaient sur des biais conscients ou non. Les jeunes femmes pou­vaient par­fois paraître comme des ani­maux étranges aux codes déca­lés et aux méthodes dif­fé­rentes. La confiance n’était pas tou­jours au ren­dez-vous, sur­tout pour des mis­sions ris­quées où il était plus simple de se rabattre vers un pro­fil plus clas­sique au com­por­te­ment bien bali­sé. J’ai par­fois consta­té que cer­tains choix pou­vaient se faire sur la base d’idées pré­con­çues. Aujourd’hui beau­coup d’entreprises jouent la carte de la diver­si­té, dont les mérites ne sont plus à démon­trer, et chassent les com­por­te­ments de biais cog­ni­tifs. Aus­si il y a, à pré­sent, une auto­route pour que les jeunes femmes talen­tueuses et volon­taires sai­sissent des postes à responsabilité. 

Quel conseil donnerais-tu aux jeunes générations ? 

Écou­tez vos intui­tions, mon­trez votre valeur, osez, foncez… 

Quel fait marquant de ta carrière souhaites-tu partager ? 

Il y a beau­coup d’activités de mon ancienne équipe dont j’ai eu l’intuition et que j’ai lan­cées, cer­taines étaient extrê­me­ment avant-gar­distes (comme l’ESG et les tech­no­lo­gies en 2016). Ces acti­vi­tés tournent tou­jours à plein et je suis fière d’avoir don­né une telle impul­sion à l’activité. Je peux notam­ment faire état d’une dyna­mique d’équipe lan­cée au tra­vers d’un moment fort avec mes équipes euro­péennes. Cette séquence se nom­mait Embrace the future, elle consis­tait à vivre une jour­née de réflexion ensemble, de manière à s’inscrire et ima­gi­ner nos acti­vi­tés dans le futur. Grâce à des inter­ve­nants bien choi­sis, une mise en scène et un rythme bien construits, les équipes ont atteint des niveaux d’inventivité et d’idéation très éle­vés, ame­nant plu­sieurs ini­tia­tives à voir le jour et à être déve­lop­pées sur le long terme. Ce fut un beau suc­cès ins­pi­rant et productif ! 

Un souvenir de l’X à nous confier ? 

Beau­coup d’excellents sou­ve­nirs tant sur le cam­pus de Palai­seau, avec les deux années d’études ryth­mées par des cours de qua­li­té excep­tion­nelle et des moments de convi­via­li­té forte entre cama­rades, que pen­dant la pre­mière année de ser­vice mili­taire. À cet égard je ne man­que­rai pas de rela­ter une expé­rience vécue en binôme avec Isa­belle lors de notre PMS (pré­pa­ra­tion mili­taire supé­rieure) à La Cour­tine, où nous par­ta­gions le sort d’être les deux seules filles de la sec­tion. Nous avions un adju­dant qui était très pro­tec­teur et pater­na­liste avec nous. Il s’inquiétait de notre état de fatigue après les marches en ran­gers et était aux petits soins pen­dant les bivouacs. Il nous appe­lait « les petites cailles de l’adjudant » et ce terme est res­té à la fois comme un sou­ve­nir joyeux et comme un trait d’union entre nous deux. 

Et, pour finir, ton état d’esprit en un mot ? 

Aller de l’avant. Regar­der vers le haut, pour conti­nuer de pro­gres­ser dans la struc­ture dans le cadre de pro­jets enthou­sias­mants, et regar­der vers le bas pour aider les plus jeunes à gran­dir le mieux pos­sible, dans un contexte de plus en plus com­plexe et volatil. 

Isabelle Gastineau

Peux-tu te présenter en quelques mots ? 

X Ponts-Lon­don School of Eco­no­mics, je tra­vaille depuis vingt-huit ans pour la com­pa­gnie qui s’appelle main­te­nant Tota­lE­ner­gies. Un seul employeur, et pour­tant j’ai sans cesse chan­gé de métier (logis­tique, stra­té­gie, com­mu­ni­ca­tion, finance, busi­ness deve­lop­ment), de pays (Grande-Bre­tagne, France, Qatar et les dizaines de pays où je suis allée en mis­sion) et de branche d’activité (raf­fi­nage mar­ke­ting, gaz élec­tri­ci­té, explo­ra­tion pro­duc­tion). Aujourd’hui je suis char­gée des affaires géné­rales des Amé­riques à l’exploration production.

Qu’est-ce que la formation scientifique t’a apporté ? 

En tout pre­mier lieu je pense au réflexe que j’ai d’analyser avec logique toute situa­tion ou ques­tion qui se pose, et d’arriver ain­si à des déci­sions argu­men­tées. Par ailleurs les opé­ra­tions de Tota­lE­ner­gies ont un fort conte­nu tech­no­lo­gique et la for­ma­tion que j’ai reçue me per­met de bien en com­prendre les enjeux. 

L’ambition au féminin : qu’a‑t-elle de spécifique selon toi ? 

Il me semble que, dans leurs choix de car­rière, les femmes écoutent plus sou­vent que les hommes la voix de la pas­sion, en cher­chant par exemple plu­tôt l’intérêt de leurs postes que des res­pon­sa­bi­li­tés tou­jours plus impor­tantes. Les deux sont par­fois ali­gnés, mais cela peut aus­si conduire de nom­breuses femmes à chan­ger de métier ou à mener des car­rières plus atypiques. 

Y a‑t-il un leadership au féminin ? 

Je n’en suis pas sûre. En effet, cer­taines femmes font preuve d’une grande écoute envers leurs équipes et les ins­pirent for­te­ment, alors que d’autres, qui ont dû se battre dans des envi­ron­ne­ments peu fémi­ni­sés, peuvent adop­ter des codes consi­dé­rés comme plus « mas­cu­lins ». En revanche, je pense les femmes plus à même de prendre des risques, par exemple en n’hésitant pas à chan­ger la stra­té­gie ou l’organisation des enti­tés qu’elles mènent. 

Pourquoi as-tu fait le choix de l’entreprise dans laquelle tu fais carrière ? 

Je suis entrée chez Total presque par hasard en 1994, embau­chée locale en Grande-Bre­tagne. Ensuite j’y suis res­tée, car je me suis prise de pas­sion à la fois pour les pro­jets géants et inno­vants de cette indus­trie de l’énergie si connec­tée à la géo­po­li­tique, et pour l’entreprise elle-même, qui me per­met­tait de chan­ger de métier régu­liè­re­ment et de côtoyer des gens d’origines très diverses. Aujourd’hui je suis hyper­mo­ti­vée par le rôle que Tota­lE­ner­gies joue dans la tran­si­tion énergétique ! 

A‑t-il semblé difficile de faire ton chemin en tant que femme ? 

Pas vrai­ment. Au début de ma car­rière on tom­bait encore de temps en temps sur un mana­ger qui ne voyait pas les femmes ailleurs que chez elles, mais c’était plus que com­pen­sé par les nom­breuses per­sonnes qui m’ont fait confiance. 

Quel conseil donnerais-tu aux jeunes générations ? 

Osez rele­ver avec pas­sion les défis qui s’offrent à vous ! 

Quel fait marquant de ta carrière souhaites-tu partager ? 

Lorsque la guerre a écla­té au Yémen au prin­temps 2015, nous avions dans le pays plu­sieurs sites en acti­vi­té, dont une grande usine de gaz natu­rel liqué­fié. À ce moment-là, j’étais direc­teur adjoint de la cel­lule de crise de Total qui a pilo­té et accom­pa­gné les opé­ra­tions d’évacuation de nos employés sur place. Un intense tra­vail d’équipe avec un scé­na­rio digne d’un film hollywoodien ! 

Un souvenir de l’X à nous confier ? 

Le cours de phy­sique quan­tique, où pour illus­trer l’effet tun­nel notre pro­fes­seur nous avait dit que la pro­ba­bi­li­té de se retrou­ver sur l’île du lac n’était pas nulle ! Et bien enten­du, tout comme Pas­cale, « les petites cailles de l’adjudant »…

Et, pour finir, ton état d’esprit en un mot ? 

Pas­sion­née.

Sylvie Jéhanno

Peux-tu te présenter en quelques mots ? 

X Mines, je suis entrée chez EDF pour y faire du mana­ge­ment de ter­rain, en tant que chef d’exploitation de réseaux de gaz, puis en tant que res­pon­sable d’un centre d’appels. Le sec­teur de l’énergie étant en pleine trans­for­ma­tion, je me suis orien­tée vers les fonc­tions mar­ke­ting et com­mer­ciales pour contri­buer à faire de l’ouverture des mar­chés de l’électricité et du gaz à la concur­rence un suc­cès pour EDF. J’ai ain­si été nom­mée direc­trice mar­ke­ting BtoB, puis direc­trice grands comptes et, enfin, direc­trice des clients par­ti­cu­liers, enca­drant plus de 5 000 per­sonnes au ser­vice des 25 mil­lions de clients d’EDF. Aujourd’hui, je suis PDG de Dal­kia depuis cinq ans et c’est une autre trans­for­ma­tion d’ampleur qui nous anime, celle induite par la tran­si­tion éner­gé­tique et la lutte contre le chan­ge­ment cli­ma­tique. Dal­kia, c’est aujourd’hui 5 mil­liards d’euros de chiffre d’affaires avec 19 000 sala­riés qui opèrent en France et à l’international pour déve­lop­per les éner­gies renou­ve­lables des ter­ri­toires et l’efficacité éner­gé­tique des bâtiments. 

Qu’est-ce que la formation scientifique t’a apporté ? 

Beau­coup de légi­ti­mi­té ! Sur plein de sujets ! Chez Dal­kia, la ther­mo­dy­na­mique est par­tout et mes équipes sont ras­su­rées de me voir com­prendre leurs pro­jets tech­niques. On ne réus­si­ra pas la tran­si­tion éner­gé­tique sans ingénieur(e)s !

L’ambition au féminin : qu’a‑t-elle de spécifique selon toi ? 

Je trouve qu’il y a encore trop de femmes qui jus­te­ment n’ont pas suf­fi­sam­ment d’ambition ! Lorsque je reçois des can­di­dats, j’aime à poser la ques­tion « com­ment vous pro­je­tez-vous dans dix ans ? ». Ce n’est pas une ques­tion facile, mais je constate que les hommes y répondent mieux et plus pré­ci­sé­ment. Cela ren­voie très cer­tai­ne­ment au sujet des rôles modèles de femmes qui sont peu nom­breux, parce que c’est plus facile de se pro­je­ter lorsque l’on a des sources d’inspiration.

Y a‑t-il un leadership au féminin ? 

Je ne suis pas à l’aise avec cette expres­sion qui tend à lais­ser entendre que les femmes sont moins direc­trices que les hommes, plus auto­ri­taires et plus rigou­reux. Je connais des femmes qui le sont plus ! L’essentiel est de déve­lop­per son propre style de lea­der­ship, le plus équi­li­bré pos­sible, pour entraî­ner et moti­ver son équipe. Cela repose sur un mélange d’écoute, de com­mu­ni­ca­tion, de vision, de bien­veillance et d’intelligence émo­tion­nelle. Est-ce vrai­ment genré ? 

Pourquoi as-tu fait le choix de l’entreprise dans laquelle tu fais carrière ? 

Au départ, une ren­contre, la qua­li­té d’un entre­tien et la confiance qu’EDF m’a accor­dée pour me mettre en situa­tion de mana­ge­ment dès le pre­mier jour. Ensuite, une suc­ces­sion de chal­lenges à rele­ver, que j’ai à chaque fois trou­vés pas­sion­nants et res­pon­sa­bi­li­sants. Enfin, le sec­teur de l’énergie car l’énergie, c’est vital ! 

A‑t-il semblé difficile de faire ton chemin en tant que femme ? 

Non, car j’ai su créer l’adhésion autour de moi. C’est une femme qui a défen­du mon pro­fil pour ma pre­mière nomi­na­tion de diri­geante, mais ensuite ce sont des diri­geants qui ont cru en moi. J’ai conduit de nom­breux pro­jets de trans­for­ma­tion chez EDF, avec de nom­breuses équipes plu­ri­dis­ci­pli­naires et diverses. Lorsqu’on est enga­gé pour réus­sir un pro­jet, on oublie les dif­fé­rences. C’est la com­pé­tence qui compte ! 

Quel conseil donnerais-tu aux jeunes générations ? 

Ne vous cen­su­rez pas et exploi­tez vos marges de manœuvre ! 

Quel fait marquant de ta carrière souhaites-tu partager ? 

J’en cite­rai deux. Le pre­mier, c’est la créa­tion d’une start-up en par­tant de zéro pour lan­cer un four­nis­seur d’énergie alter­na­tif posi­tion­nant EDF dans la Smart Home. Nous avions dix mois pour lan­cer l’offre. J’ai mon­té l’équipe pro­jet, trou­vé un pla­teau pour tra­vailler en mode agile et nous avons réus­si. Ce fut la nais­sance de Sowee, filiale d’EDF. Le deuxième, c’est lorsque j’ai été déco­rée de la Légion d’honneur. Ce fut une surprise ! 

Un souvenir de l’X à nous confier ? 

Là encore, deux sou­ve­nirs. Deux « 14 juillet », car je fais en effet par­tie des rares élèves qui ont défi­lé deux fois : la pre­mière fois dans le cadre de mon ser­vice mili­taire et la seconde fois en tant qu’élève de l’X. À chaque fois, j’ai trou­vé cela très impressionnant ! 

Et, pour finir, ton état d’esprit en un mot ? 

Enga­gée, car je me sens extrê­me­ment impli­quée dans la réus­site de Dal­kia, pour nos clients, nos sala­riés et l’ensemble de nos par­ties pre­nantes. Enga­gée aus­si car je sou­haite appor­ter ma contri­bu­tion à la construc­tion d’une socié­té plus inclusive. 

Olfa Maalej

Peux-tu te présenter en quelques mots ? 

X Ponts, j’ai fait toute ma car­rière dans la finance, entre banque et asset mana­ge­ment. J’ai com­men­cé en 1994 dans un poste de tra­ding chez JP Mor­gan, puis j’ai rejoint Pari­bas Asset Manag­ment pour gérer des fonds de pro­duits struc­tu­rés. J’ai ensuite rejoint les équipes de Socié­té Géné­rale Asset Mana­ge­ment, avant d’arriver en 2003 dans le groupe néer­lan­dais ABN Amro pour être char­gée du mar­ke­ting et de la struc­tu­ra­tion des pro­duits déri­vés. En octobre 2017, j’ai été nom­mée direc­trice des pro­duits & solu­tions et membre du direc­toire de Neu­flize OBC, la filiale fran­çaise du groupe. 

Qu’est-ce que la formation scientifique t’a apporté ? 

Une méthode de tra­vail rigou­reuse et une capa­ci­té à poser les pro­blèmes et les solu­tion­ner. L’approche scien­ti­fique per­met d’apporter une réelle valeur ajou­tée et de com­plé­ter d’autres approches. Elle a été un vrai atout dans mon par­cours pro­fes­sion­nel, notam­ment avec le besoin accru d’appliquer les modèles mathé­ma­tiques aux métiers de la finance. 

L’ambition au féminin : qu’a‑t-elle de spécifique selon toi ? 

Sans vou­loir géné­ra­li­ser, l’ambition au fémi­nin est for­cé­ment influen­cée par cer­tains déter­mi­nismes sociaux et les sté­réo­types qui condi­tionnent les hommes et les femmes dif­fé­rem­ment dès leur jeune âge. Sou­vent, les femmes se mettent des limites parce qu’elles ne se font pas suf­fi­sam­ment confiance ou qu’elles n’osent pas deman­der, si elles ne consi­dèrent pas avoir toutes les com­pé­tences requises. En outre, elles éta­blissent une échelle de valeurs dif­fé­rente de leurs homo­logues mas­cu­lins. La quête de sens est au moins aus­si impor­tante que le pou­voir et l’argent.

Y a‑t-il un leadership au féminin ? 

Chaque per­sonne, qu’elle soit homme ou femme, a son propre style de lea­der­ship qui dépend de sa per­son­na­li­té, de son his­toire et de son expé­rience. On a ten­dance à pen­ser que les femmes exercent un lea­der­ship par­ti­ci­pa­tif car elles sont plus dans l’empathie et l’écoute, alors que les hommes auraient un lea­der­ship plus direc­tif. J’ai pu voir des exemples qui confirment cette règle, mais j’ai éga­le­ment assis­té à quelques excep­tions. Aujourd’hui, la plu­part des mana­gers visent à acqué­rir un lea­der­ship agile avec un bon équi­libre entre bien­veillance et exi­gence, écoute et fermeté. 

Pourquoi as-tu fait le choix de l’entreprise dans laquelle tu fais carrière ? 

Dès mes pre­miers stages, j’ai été atti­rée par les métiers de la finance. Le pro­fil d’ingénieur y était très recher­ché pour répondre à de nou­veaux besoins, nés notam­ment du déve­lop­pe­ment de pro­duits plus sophis­ti­qués. Au début de ma car­rière, j’ai eu l’occasion de chan­ger plu­sieurs fois d’employeur mais, depuis 2003, je suis dans le groupe ABN Amro. C’est une banque néer­lan­daise qui avait une pré­sence inter­na­tio­nale et une longue his­toire en France, notam­ment grâce à l’acquisition de banques locales. J’ai pu évo­luer au sein de cette entre­prise avec des équipes basées dans plu­sieurs pays et j’ai eu l’occasion d’exercer dif­fé­rents métiers pas­sion­nants. Être dans un monde en per­pé­tuel mou­ve­ment et devoir rele­ver de nou­veaux défis était source de moti­va­tion pour moi. 

A‑t-il semblé difficile de faire ton chemin en tant que femme ? 

Je dois recon­naître que, dans un milieu for­te­ment mas­cu­lin, il m’a fal­lu quelques expé­riences dif­fi­ciles avant de réa­li­ser à quel point il est utile de me faire confiance, déve­lop­per mon asser­ti­vi­té et gagner en influence, tout en conser­vant mon authen­ti­ci­té et res­ter moi-même. Cer­taines for­ma­tions et la par­ti­ci­pa­tion à des réseaux fémi­nins ont favo­ri­sé cette prise de conscience. 

Quel conseil donnerais-tu aux jeunes générations ? 

Ne vous met­tez pas de limites, faites-vous confiance et allez de l’avant !

Quel fait marquant de ta carrière souhaites-tu partager ? 

La crise finan­cière de 2008 a été l’un des évé­ne­ments les plus mar­quants de ma car­rière. Elle a eu un impact phé­no­mé­nal sur le sec­teur finan­cier dans son ensemble et a été à l’origine de chan­ge­ments struc­tu­rants. Elle a aus­si démon­tré que savoir s’adapter et se rele­ver après une chute sont des grandes qua­li­tés dans l’expérience professionnelle. 

Un souvenir de l’X à nous confier ? 

De beaux chal­lenges avec l’équipe de vol­ley­ball fémi­nine. De très belles ami­tiés nouées pour la vie. Mais le sou­ve­nir le plus drôle pour moi est l’une des réa­li­sa­tions de la Khô­miss. Un jour d’hiver où le lac avait gelé, le Géné­ral a été sur­pris de voir sa voi­ture posée en plein milieu du lac et il a fal­lu la récu­pé­rer à l’aide d’un hélicoptère ! 

Et, pour finir, ton état d’esprit en un mot ? 

Enthou­siaste, enga­gée et positive ! 

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