Advancy, retournement d'Entreprise

Advancy : se restructurer pour être performant dans un monde différent

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°759 Novembre 2020
Par Éric de BETTIGNIES

Éric de Bet­tig­nies, fon­da­teur et asso­cié d’Advancy, nous expose sa vision du monde de la restruc­tura­tion et du retourne­ment, et des dif­férentes évo­lu­tions qui se sont pro­filées ces derniers mois. Selon lui, le sim­ple restruc­tur­ing ne suf­fit plus, il faut déjà pren­dre des posi­tions dans le monde d’après…

La crise de la covid-19 a impacté de très près le domaine de la restructuration et du retournement d’entreprise. Qu’avez-vous constaté au cours des derniers mois ?

Nous avons vécu, et con­tin­uons d’ailleurs à vivre, des évo­lu­tions majeures depuis quelques mois. Il y a déjà d’une part, le rôle de l’État qui a don­né plus de 100 mil­liards d’euros aux entre­pris­es dans le cadre des PGE. Mais main­tenant que l’épisode PGE arrive un peu à son terme, il y a déjà une vague de restruc­tura­tions qui se pro­file annonçant des change­ments très impor­tants et une accéléra­tion au niveau des retournements.

Dans ce cadre, quelles sont les problématiques auxquelles les entreprises font face ? Quelles en sont les plus exposées ?

La crise a touché certes la grande majorité des entre­pris­es, mais son impact varie énor­mé­ment en fonc­tion du secteur.

Il y a d’une part des secteurs qui ont subi un choc fort mais bref et des secteurs qui restent et res­teront très impactés. Prenons à titre d’exemple l’hôtellerie, la loca­tion de voitures, les voy­ages d’affaires ou encore le secteur des salons et des con­grès, des activ­ités qui res­teront très impactées avec un enjeu de taille aujourd’hui : réus­sir à fonc­tion­ner avec moins 30 ou 50% du chiffre d’affaires par rap­port aux années précé­dentes. Et pour ce faire, il fau­dra se trans­former et appren­dre à fonc­tion­ner dif­férem­ment avec une pro­duc­tion et des revenus en baisse, ce qui est en réal­ité très compliqué. 

Ces entre­pris­es ont en effet beau­coup de coûts fix­es. Dans le cas d’une société de loca­tion de voitures, la sta­tion de gare ou d’aéroport, doit con­tin­uer à pay­er ses loy­ers même en n’étant qu’en reprise par­tielle de ses activ­ités. Ces entre­pris­es, devront appren­dre à s’adapter encore durable­ment à un chiffre d’affaires beau­coup plus bas, et à un avenir qui sera bien dif­férent. Elles devront de ce fait aban­don­ner des posi­tions non renta­bles ou iden­ti­fi­er de nou­velles offres ren­con­trant les nou­velles attentes de leurs clients pour survivre.

Dans ce cadre, quel est votre positionnement et comment accompagnez-vous les entreprises ?

Advan­cy inter­vient à plusieurs niveaux : nous accom­pa­gnons d’abord les entre­pris­es elles-mêmes, à s’adapter à ce nou­veau monde, à ce nou­veau chiffre d’affaires et à avoir une nou­velle vision. Et c’est un tra­vail pro­fond que nous menons ensem­ble, avec une approche à la fois très stratégique mais aus­si très con­crète. Ce nou­veau monde s’annonce déjà plus dig­i­tal, avec prob­a­ble­ment une clien­tèle dif­férente et de nou­velles attentes et exi­gences. Par exem­ple, avec l’explosion du télé­tra­vail, les hôte­liers qui ont vu leur activ­ité baiss­er dras­tique­ment, devront imag­in­er de nou­velles offres, comme pro­pos­er des espaces de tra­vail amé­nagés à la journée. Les acteurs du tourisme à leur tour devront tra­vailler davan­tage sur les voyageurs français, met­tre en place des cir­cuits, des trans­ports et des héberge­ments pour une clien­tèle domes­tique courte dis­tante, voire très locale… Et donc notre mis­sion est d’aider les entre­pris­es à s’adapter vite à ce nou­veau monde.

“Advancy accompagne les investisseurs
qui se retrouvent face à des entreprises qui ne vont pas bien.”

Ensuite, Advan­cy accom­pa­gne égale­ment les investis­seurs, qui à leur tour se retrou­vent face à des entre­pris­es qui ne vont pas bien, et qui se posent des ques­tions avant de décider d’investir. Notre mis­sion con­siste dans ce cadre à iden­ti­fi­er les plans, les visions et les nou­velles direc­tions pour ces investis­seurs. Nous les ori­en­tons vers les entre­pris­es que nous jugeons capa­bles de se redress­er après un temps réal­iste et des besoins en nou­veaux cap­i­taux bien délim­ités. Ceci bien enten­du pour maîtris­er autant que faire se peut les risques de leur investisse­ment. Advan­cy tra­vaille aus­si avec eux, main dans la main avec leurs par­tic­i­pa­tions pour con­stru­ire les nou­veaux plans indispensables.

Enfin, nous tra­vail­lons avec les entre­pris­es qui nous sol­lici­tent pour les aider afin d’attirer des investis­seurs. Nous les accom­pa­gnons dans la pré­pa­ra­tion d’un plan de trans­for­ma­tion crédi­ble et même dans sa défense auprès du monde financier avec nos parte­naires du chiffre.

Et pour conclure ?

Durant cette péri­ode extrême­ment déli­cate, l’État a fait un tra­vail très remar­quable en engageant plus de 100 mil­liards d’euros à tra­vers les ban­ques dans des PGE pour aider un très grand nom­bre de sociétés de toutes taille à faire face. En même temps, et ce n’était pas facile, les PGE n’ont pas été automa­tiques pour des entre­pris­es déjà en dif­fi­culté avant la Covid. L’impact aurait été désas­treux pour tous les secteurs en pro­longeant de quelques mois des sit­u­a­tions trop dif­fi­ciles à la base pour tenir sim­ple­ment sa place dans un monde normal. 

Il y a aus­si, et c’est nou­veau par rap­port à des pra­tiques des crises précé­dentes où le saupoudrage de l’argent pub­lic n’avait pas aidé les secteurs à se ren­forcer, une vraie action pour favoris­er la créa­tion de nou­veaux cham­pi­ons viables. La presse par­le par exem­ple de But-Con­fora­ma ou Buf­fa­lo Grill-Courtepaille. L’idée sous-jacente est de créer de véri­ta­bles cham­pi­ons nationaux et inter­na­tionaux au pro­jet viable, solide et aspi­ra­tionnel pour tous. 

“Créer de véritables champions nationaux et internationaux
au projet viable, solide et aspirationnel pour tous.” 

Enfin il est aujourd’hui ques­tion de plans de relance par grands secteurs avec des visions d’avenir en se bas­ant sur de vraies réflex­ions stratégiques. C’est le dernier étage de la réflex­ion et il est tout aus­si indispensable. 

Advan­cy par­ticipe à l’ensemble de ces réflex­ions avec les dif­férentes instances, depuis l’analyse en vue d’éclairer les comités de crédit avant l’octroi d’un PGE, jusqu’à des travaux avec les fil­ières méti­er (tourisme, auto­mo­bile, aéro­nau­tique par exem­ple) pour con­tribuer à la réflex­ion sur le plan de relance.

Pour con­clure, et c’est un mes­sage extrême­ment posi­tif, nous sommes appelés à une trans­for­ma­tion de nos mod­èles en vue du monde d’après, secteur après secteur. Un mes­sage posi­tif car nous avons non seule­ment l’obligation mais surtout une oppor­tu­nité his­torique de le faire. De même par exem­ple que les ori­en­ta­tions majeures pris­es pour la recon­struc­tion de la France il y a 70 ans nous avaient dotés d’une élec­tric­ité, d’une métal­lurgie et d’une chimie durable­ment com­péti­tives, les ori­en­ta­tions que nous pou­vons pren­dre main­tenant porteront encore la France dans vingt ans au moins.


A pro­pos d’Ad­van­cy : Pour se relever et repar­tir de plus belle, il faut se trans­former !, dans La Jaune et la Rouge n° 748

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