Decarbonation

La décarbonation, c’est maintenant !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°788 Octobre 2023
Par Pierre-René SÉGUIN (X73)

La décar­bo­na­tion est une dimen­sion essen­tielle de la poli­tique envi­ron­ne­men­tale du gou­ver­ne­ment. L’annonce faite tout récem­ment par le Pré­sident de la Répu­blique d’une « pla­ni­fi­ca­tion éco­lo­gique » contri­bue à la rame­ner sur le devant de la scène, même si elle ne l’a jamais réel­le­ment quit­tée. En effet le CO2 est un gaz à effet de serre et il contri­bue pour une grande part au réchauf­fe­ment cli­ma­tique dont nous sen­tons de plus en plus net­te­ment les effets dans notre vie cou­rante. Réduire sa pro­duc­tion est donc l’un des objec­tifs majeurs de toute poli­tique envi­ron­ne­men­tale qui se res­pecte, même si ce n’est pas le seul. 

L’hydrogène dans ce contexte est une solu­tion éner­gé­tique inté­res­sante et il jouit d’une grande faveur dans l’esprit des gens, car il a d’emblée une image « propre ». L’idée est que son uti­li­sa­tion éner­gé­tique, qui repose sur sa com­bi­nai­son avec l’oxygène de l’air, ne pro­duit que de l’eau et est donc essen­tiel­le­ment décar­bo­née. Encore faut-il que la pro­duc­tion de cet hydro­gène n’ait pas elle-même pro­duit beau­coup de gaz car­bo­nique… La France est dans ce domaine bien pla­cée : elle a un nombre d’acteurs impli­qués dans cette filière d’un demi-mil­lier d’entreprises, de labo­ra­toires, de col­lec­ti­vi­tés ; elle dépose dans ce domaine un nombre consi­dé­rable de bre­vets ; elle a sur­tout une source pri­maire d’énergie qui est très peu car­bo­née, à savoir le nucléaire.

“La décarbonation est une dimension essentielle de la politique environnementale du gouvernement.”

La construc­tion est l’un des sec­teurs prin­ci­paux en termes d’empreinte car­bone et elle doit faire l’objet d’une atten­tion par­ti­cu­lière dans les poli­tiques de décar­bo­na­tion. C’est l’utilisation du ciment et du béton qui a le plus fort impact en la matière. On remar­que­ra l’émergence d’un « béton de bois », sorte d’oxymore piquant mais aus­si tech­nique pro­met­teuse ; le sable et le gra­vier sont rem­pla­cé par des gra­nu­lats valo­ri­sant les chutes de bois indus­triel ; cela per­met de construire jusqu’à du R + 10 ! Beau­coup d’avantages, outre un bilan car­bone néga­tif : confort ther­mique, légè­re­té, iso­la­tion acous­tique, pos­si­bi­li­tés de pré­fa­bri­ca­tion, recy­clage à 100 %… Le monde de la construc­tion a aus­si un pro­blème de trai­te­ment des déchets, qui sont habi­tuel­le­ment enfouis. On remar­que­ra une tech­nique inno­vante de fos­si­li­sa­tion accé­lé­rée de ces déchets, qui per­met de pro­duire des gra­nu­lats et de séques­trer le CO2. Certes, comme pour toute muta­tion d’importance, il faut accep­ter un lourd inves­tis­se­ment, mais si rentable ! 

Reste la mobi­li­té, si pro­duc­trice de car­bone… Le choix tech­no­lo­gique n’est que la pre­mière étape d’un pro­ces­sus plus géné­ral qui doit inté­grer l’ensemble du cycle de vie du pro­duit de mobi­li­té. Ain­si les émis­sions liées à la fabri­ca­tion d’un véhi­cule élec­trique sont très impor­tantes en rai­son des bat­te­ries et dimi­nuent nota­ble­ment l’intérêt de cette solu­tion en termes de décar­bo­na­tion. Il faut donc tra­vailler sur la décar­bo­na­tion de la pro­duc­tion, sur une éco­no­mie cir­cu­laire du sec­teur en le réor­ga­ni­sant, sur l’autopartage et le covoi­tu­rage, sur le dimen­sion­ne­ment des véhi­cules en fonc­tion des uti­li­sa­tions réelles. 

Enfin il n’y pas que l’État qui oriente la décar­bo­na­tion de notre socié­té. Les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales ont un rôle impor­tant à jouer. C’est au plus près des usages et des pro­duc­teurs que se joue le suc­cès des poli­tiques envi­ron­ne­men­tales, notam­ment en matière de décarbonation.

Poster un commentaire