Michel Frybourg

Michel Frybourg (46) grande figure de la recherche sur les transports

Dossier : TrajectoiresMagazine N°761 Janvier 2021
Par Bernard GAUVIN (62)

Décé­dé le 1er octobre 2020, Michel Fry­bourg est connu pour la qua­li­té de son œuvre scien­ti­fique dans le domaine des trans­ports, qui lui a valu de nom­breux témoi­gnages de recon­nais­sance et une grande noto­rié­té internationale.

Né le 19 juin 1927, Michel Fry­bourg choi­sit le corps des Ponts et Chaus­sées à sa sor­tie de l’X. De 1951 à 1963, il effec­tue ce qu’on appe­lait le ser­vice ordi­naire dans les arron­dis­se­ments de Saint-Quen­tin et d’Amiens, puis est appe­lé à l’administration cen­trale du minis­tère des Tra­vaux publics comme direc­teur du ser­vice d’études et de recherches sur la cir­cu­la­tion rou­tière. Cette fonc­tion révèle son goût et ses com­pé­tences en matière de recherche scien­ti­fique et tech­nique, qui se confir­me­ront dans tous ses emplois ulté­rieurs et qui condui­ront à lui confier en 1965 la direc­tion de l’Organisme natio­nal de sécu­ri­té rou­tière nou­vel­le­ment créé.

Un pionnier de la sécurité routière

L’accident de la route était alors consi­dé­ré comme un phé­no­mène for­tuit rele­vant de la contin­gence et fai­sant l’objet d’un trai­te­ment pure­ment juri­dique de recherche des res­pon­sa­bi­li­tés per­son­nelles. Michel Fry­bourg met en œuvre une approche scien­ti­fique ren­due néces­saire et pos­sible par l’explosion du nombre de vic­times. Il lance une étude cli­nique d’un échan­tillon d’accidents, menée par une équipe plu­ri­dis­ci­pli­naire, dans laquelle cha­cune des phases et des carac­té­ris­tiques de l’accident est minu­tieu­se­ment ana­ly­sée pour déter­mi­ner des mesures de pré­ven­tion. Cette étude est com­plé­tée par une ana­lyse sta­tis­tique per­met­tant de défi­nir des prio­ri­tés. Enfin, com­pre­nant qu’il serait illu­soire de pen­ser à sup­pri­mer les acci­dents, il ouvre un champ nou­veau de recherches sur la pro­tec­tion des occu­pants en cas de choc. 

La qua­li­té de ces tra­vaux contri­bue­ra gran­de­ment à l’efficacité de la poli­tique ambi­tieuse de sécu­ri­té rou­tière qui sera menée à par­tir de 1970, et don­ne­ra à Michel Fry­bourg et à ses équipes une répu­ta­tion inter­na­tio­nale. En 1968, il est nom­mé direc­teur du nou­vel Ins­ti­tut de recherche sur les trans­ports, fonc­tion qu’il occu­pe­ra jusqu’en 1982. Dans cet orga­nisme, il pour­sui­vra les tra­vaux sur la sécu­ri­té et ouvri­ra deux nou­veaux domaines qui condi­tion­ne­ront dura­ble­ment les recherches ain­si que le déve­lop­pe­ment des véhi­cules et du trans­port : la pro­tec­tion de l’environnement, deve­nue prio­ri­taire avec la créa­tion du minis­tère de l’Environnement en 1971, et les éco­no­mies d’énergie que le pre­mier choc pétro­lier de 1972 rend indis­pen­sables. Avec la prise en compte du réchauf­fe­ment cli­ma­tique, ces recherches ont un objec­tif clair : un trans­port propre, éco­nome et uti­li­sant une éner­gie sans carbone.

Notoriété internationale

Sécu­ri­té, envi­ron­ne­ment et éner­gie sont des sujets de com­pé­tence com­mu­nau­taire ain­si que de nom­breuses coopé­ra­tions inter­na­tio­nales. La noto­rié­té inter­na­tio­nale de Michel Fry­bourg conduit ses pairs à lui confier la pré­si­dence de trois comi­tés pilo­tant la coopé­ra­tion en matière de recherche sur les trans­ports au sein de la Com­mis­sion euro­péenne, de la CEMT (Confé­rence euro­péenne des ministres des Trans­ports) et de l’OCDE. Paral­lè­le­ment à ses tra­vaux de recherche, Michel Fry­bourg a ensei­gné comme pro­fes­seur asso­cié au Cnam (Arts et Métiers) entre 1973 et 1994 et comme pro­fes­seur à l’École natio­nale des ponts et chaus­sées entre 1983 et 1995. Il a pré­si­dé l’Enoes (École nou­velle d’organisation éco­no­mique et sociale) jusqu’en 2000.

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