2002… 2006… 2011 Face au défi international, une évolution résolue pour affirmer sa place

Dossier : L'École polytechniqueMagazine N°622 Février 2007
Par Xavier MICHEL (72)

Cet exem­ple traduit bien les para­dox­es qui car­ac­térisent l’É­cole aujour­d’hui : elle béné­fi­cie d’une recon­nais­sance incon­testée en France qui lui assure sans effort un recrute­ment de qual­ité, avec des élèves qui la choi­sis­sent d’ailleurs sans trop se préoc­cu­per par avance de ce qu’ils y fer­ont ; ses anciens élèves sont appré­ciés pour leurs com­pé­tences, par les entre­pris­es comme par ses homo­logues inter­na­tionaux ; ces derniers hési­tent même par­fois à lui envoy­er des étu­di­ants au regard des exi­gences du cur­sus poly­tech­ni­cien. Elle est pour­tant peu con­nue par le pub­lic et les entre­pris­es hors de France, et les classe­ments inter­na­tionaux la situent très iné­gale­ment ; « Grande » école française, elle n’a pas la taille cri­tique quand il faut align­er des pub­li­ca­tions et des prix Nobel, ni la puis­sance finan­cière pour les recruter. Or, c’est autour de la capac­ité de recherche et du vol­ume d’en­seignants-chercheurs renom­més que se con­stru­it l’avenir des étab­lisse­ments d’en­seigne­ment supérieur, la qual­ité des étu­di­ants en étant un effet induit.

Ce manque de notoriété inter­na­tionale sem­ble avoir eu, somme toute, peu d’im­por­tance jusqu’à ces dernières années. Il fal­lait d’ailleurs sor­tir de l’Hexa­gone pour que notre fierté en souf­fre. Mais le monde a changé. C’est tout au long de car­rières inter­na­tionales que nos élèves auront besoin de la plus-val­ue de leur diplôme. Présentes partout dans le monde, les entre­pris­es deman­dent des étu­di­ants à la for­ma­tion inter­na­tionale. Français ou étrangers, les étu­di­ants de qual­ité con­tin­ueront-ils à venir s’ils savent qu’ils peu­vent trou­ver ailleurs un sésame de meilleure vis­i­bil­ité ? L’ex­cep­tion française nous per­me­t­trait-elle d’échap­per au par­a­digme du trip­tyque enseigne­ment recherche inno­va­tion et de son apport au développe­ment économique ?

L’his­toire et la mis­sion de l’É­cole l’in­vi­tent bien au con­traire, dans sa dou­ble mis­sion d’en­seigne­ment supérieur et de recherche, à :

• s’im­pos­er au niveau inter­na­tion­al comme un étab­lisse­ment de pre­mier plan, pour être un out­il de ray­on­nement de l’ex­cel­lence sci­en­tifique française ;
 être un point d’ap­pui de la com­péti­tiv­ité française dans l’é­conomie mon­di­al­isée du savoir.

Le défi est d’am­pleur, car nous savons aus­si que la com­péti­tion inter­na­tionale sera de plus en plus bru­tale et exigeante. L’É­cole ne manque pas d’atouts pour le relever : qual­ité de ses étu­di­ants, de ses enseignants et de ses chercheurs, mon­tée en puis­sance régulière de son cen­tre de recherche depuis son démé­nage­ment à Palaiseau, répu­ta­tion, image et sou­tien de ses anciens élèves, capac­ité de son cam­pus, richesse de son envi­ron­nement scientifique.

Engagée par Bernard Esam­bert, puis Pierre Fau­rre, la réforme X 2000 s’est pro­longée avec les con­trats pluri­an­nuels que l’É­tat passe avec l’É­cole depuis 2002.

L’École polytechnique aujourd’hui

En cinq ans, l’É­cole aura con­nu des évo­lu­tions con­séquentes sous l’im­pul­sion de Gabriel de Nomazy, tous les objec­tifs fixés par le con­trat pluri­an­nuel 2002–2006 ayant été atteints, voire dépassés. Le pro­jet a porté l’ef­fort sur le cycle ingénieur, avec un dou­ble objec­tif. L’É­cole devait s’ou­vrir à l’in­ter­na­tion­al. Il fal­lait pren­dre en compte le sché­ma européen d’en­seigne­ment supérieur Licence Mas­ter Doc­tor­at (LMD), dit de Bologne.

Une offre de formation élargie au standard européen, qui facilite les échanges internationaux


Pro­gramme “Une grande école pourquoi pas moi à l’X”
© Philippe Lavialle — EP

Le cycle poly­tech­ni­cien a été entière­ment rénové.

L’an­ci­enne péri­ode d’ap­pli­ca­tion ou de spé­cial­i­sa­tion, autre­fois effec­tuée à la sor­tie de l’É­cole, s’ef­fectue désor­mais en cotutelle avec les étab­lisse­ments parte­naires, écoles d’ap­pli­ca­tion ou uni­ver­sités. Son con­tenu a été large­ment refon­du. Il s’ag­it désor­mais de la 4e année de l’É­cole, ouvrant à deux diplômes simul­tanés, celui de l’étab­lisse­ment parte­naire et de l’É­cole, sanc­tion­nant la fin du cycle Mas­ters du sché­ma LMD. 137 accords ont été passés à cet effet, en France comme à l’étranger.

L’ap­proche péd­a­gogique a été large­ment repen­sée, avec une général­i­sa­tion du suivi per­son­nal­isé et du tra­vail en équipe. Le tronc com­mun a été réduit à trois mois, les élèves ayant un large choix de cours, en gar­dant une oblig­a­tion de pluridis­ci­pli­nar­ité. Un cen­tre pour les stages et l’ori­en­ta­tion pro­fes­sion­nelle a été mis en place. Soix­ante tuteurs sont à la dis­po­si­tion des élèves pour un sou­tien personnalisé.

En par­al­lèle, ont été mis en place vingt pro­grammes de mas­ters spé­cial­isés, ouverts à des étu­di­ants non poly­tech­ni­ciens, notam­ment inter­na­tionaux. La 1re année du mas­ter s’ap­puie sur des cours de la spé­cial­ité dis­pen­sés dans le pro­gramme poly­tech­ni­cien. La sco­lar­ité de la 2e année est partagée entre l’É­cole et des étab­lisse­ments parte­naires. Cer­tains de ces mas­ters sont en anglais.

Une école nettement internationalisée

Chaque pro­mo­tion com­prend désor­mais cent étrangers recrutés sur con­cours dans les meilleures uni­ver­sités de tous les con­ti­nents. À cet effet, dix cen­tres d’o­raux sont ouverts chaque année dans le monde. L’o­ral peut s’ef­fectuer en anglais. Les élèves non fran­coph­o­nes béné­fi­cient d’un semes­tre d’ac­cueil, pour un appro­fondisse­ment de la langue française (1 200 heures). Chaque étu­di­ant étranger béné­fi­cie d’une bourse de sco­lar­ité et de frais de vie.

La très grande majorité des élèves français (95 %) effectuent un séjour d’au moins deux mois à l’é­tranger, au cours de leur sco­lar­ité. Près de la moitié (140 en 2006–2007) des non-corp­sards suiv­ent leur 4e année dans une uni­ver­sité inter­na­tionale partenaire.

Un centre de recherche en croissance au cœur de réseaux scientifiques et d’innovation technologique


35 à 40% des étu­di­ants en mas­ters et doc­tor­ats sont étrangers.
Un élève, le général Xavier Michel, M. Wen Jiabao, Pre­mier Min­istre de la République pop­u­laire de Chine, M. Gilles de Robien

Sept lab­o­ra­toires ont accueil­li de nou­velles équipes, por­tant le cen­tre de recherche de 1 300 à 1 500 per­son­nes. Le nom­bre de doc­tor­ants est notam­ment passé de 300 à 400.

Les efforts ont été mar­qués en biolo­gie, en optique et en infor­ma­tique. Dans ce dernier domaine, l’É­cole s’est asso­ciée avec le CEA, le CNRS, l’IN­RIA, Paris Sud XI, et Supélec, au sein du parte­nar­i­at Dig­i­teo Labs qui vise à for­mer un con­sor­tium de 1 200 et bien­tôt 1 800 per­son­nels de recherche. Un lab­o­ra­toire est en cours de con­struc­tion à l’École.

Le trans­fert du lab­o­ra­toire d’é­comie de la Mon­tagne Sainte-Geneviève vers Palaiseau a été décidé pour 2007, tan­dis qu’é­tait créé l’In­sti­tut supérieur d’é­conomie et de finance (INSEFI) avec HEC, et aujour­d’hui l’ENSAE.

Le cen­tre de recherche de Thales, avec une nou­velle unité mixte de recherche avec l’É­cole, et des salles expéri­men­tales dédiées aux élèves, s’est instal­lé sur le cam­pus en 2005. L’In­sti­tut d’op­tique l’a suivi à la ren­trée 2006.

L’É­cole dis­pose d’une cel­lule de val­ori­sa­tion pour faciliter la dépose de brevets et inciter à la créa­tion d’en­tre­pris­es, d’un fonds d’aide au démar­rage et d’une pépinière d’en­tre­pris­es accueil­lant sept start-ups.

Cinq chaires d’en­seigne­ment et de recherche ont été créées, asso­ciant l’É­cole avec des parte­naires indus­triels pour des pro­jets de recherche et d’en­seigne­ment autour d’une thématique.

L’É­cole est parte­naire de qua­tre pôles de com­péti­tiv­ité : System@tic, Méditech San­té, Aéro­nau­tique et Espace de l’Île-de-France et Indus­trie financière.

Le contrat pluriannuel 2007–2011

Dans le pro­longe­ment du con­trat pluri­an­nuel 2002–2006, il pour­suit la même ambi­tion de met­tre l’É­cole en posi­tion pour jouer pleine­ment son rôle, dans le développe­ment de la com­péti­tiv­ité et du ray­on­nement français dans le monde. Il iden­ti­fie six objec­tifs interdépendants.

1 — Dou­bler le poten­tiel glob­al de recherche et d’en­seigne­ment du cam­pus, et dévelop­per les parte­nar­i­ats de proximité
L’É­cole veut élargir sa base sci­en­tifique et académique, en prof­i­tant d’une part de la capac­ité d’ac­cueil de son cam­pus et d’autre part du poten­tiel excep­tion­nel de son envi­ron­nement immé­di­at. Elle béné­fi­cie aujour­d’hui d’une con­jonc­tion de fac­teurs très favor­ables. Les débats récents sur l’en­seigne­ment supérieur et la recherche ont con­va­in­cu tous les acteurs de la néces­sité de col­la­bor­er pour s’im­pos­er au niveau international.

Les pôles de com­péti­tiv­ité, la loi de pro­gramme pour la recherche, le suc­cès des pre­mières col­lab­o­ra­tions ali­mentent le dynamisme col­lec­tif. Le plateau de Saclay et ses envi­rons immé­di­ats sont sur la voie pour devenir un des tout pre­miers cen­tres européens d’en­seigne­ment, de recherche et d’in­no­va­tion tech­nologique, avec l’ef­fet amplifi­ca­teur que de telles con­cen­tra­tions ont très vite. L’É­cole a le devoir d’y con­tribuer. Avec les autres parte­naires du cam­pus, elle y joue un rôle priv­ilégié car ses étu­di­ants seront essen­tiels au développe­ment de l’ensemble.

Le développe­ment du cam­pus se des­sine. Au-delà du cen­tre de recherche de Thales et de l’In­sti­tut d’op­tique, il s’ag­it de l’ar­rivée pro­gram­mée de l’EN­S­TA et de lab­o­ra­toires de l’ON­ERA, de la con­struc­tion d’un incu­ba­teur pépinière hôtel d’en­tre­pris­es, de l’ex­ten­sion des lab­o­ra­toires de l’É­cole, dans les domaines de l’op­tique et des nanosciences, des biotech­nolo­gies, des tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion et de la com­mu­ni­ca­tion dans le cadre de Dig­i­teo, et de l’é­conomie et des finances. L’ENSAE et l’ENST étu­di­ent une éventuelle implan­ta­tion. La réal­i­sa­tion de tous ces pro­jets induirait un dou­ble­ment de la capac­ité actuelle d’en­seigne­ment et de recherche du campus.

Il faut en par­al­lèle encore mieux insér­er ce cam­pus den­si­fié dans son envi­ron­nement sci­en­tifique et tech­nologique immé­di­at (uni­ver­sité Paris Sud XI, avec laque­lle un accord de parte­nar­i­at stratégique a été signé en 2002, CEA, INRIA, CNRS, INSERM, Supélec, HEC, Syn­chro­tron Soleil…) par des parte­nar­i­ats effi­caces. Le cam­pus est par­tie prenante de deux des treize réseaux de recherche à voca­tion mon­di­ale que le gou­verne­ment vient d’ho­mo­loguer : Dig­i­teo pour les tech­nolo­gies logi­cielles, et le Tri­an­gle de la physique, qui réu­niront cha­cun 1 800 per­son­nes dans leurs équipes. L’In­sti­tut Pierre Simon Laplace dans le domaine du cli­mat et de l’en­vi­ron­nement et l’In­sti­tut d’é­conomie et de finance (INSEFI) avec HEC éten­dent ces réseaux à d’autres champs scientifiques.

Il faut aus­si ren­dre pleine­ment opéra­tionnelles les col­lab­o­ra­tions entre ces réseaux, les lab­o­ra­toires de l’É­cole et les 4 pôles de com­péti­tiv­ité mon­di­aux System@tic, Méditech San­té, Aéro­nau­tique et Espace de l’Île-de-France et Indus­trie financière.

Enfin, il faut ori­en­ter col­lec­tive­ment l’opéra­tion d’in­térêt nation­al d’amé­nage­ment de la région Massy-Saint-Quentin, récem­ment décidée, pour que les trans­ports, les pos­si­bil­ités d’ac­cueil, de loge­ment et le cadre de vie soient à la hau­teur de cette ambi­tion sci­en­tifique et technologique.

2 — Promouvoir la Graduate School (master et doctorat)

Indis­pens­able pour s’in­sér­er dans l’e­space européen d’en­seigne­ment supérieur, le développe­ment des deux cycles mas­ter et doc­tor­at, en com­plé­ment de son cycle ingénieur, est le moyen qua­si unique d’ac­cès aux meilleurs étu­di­ants européens.

L’É­cole veut ain­si ren­forcer sa « Grad­u­ate School » et éten­dre son ray­on­nement, dans la logique d’ex­cel­lence qui car­ac­térise son cycle ingénieur, en s’ap­puyant sur le poten­tiel de son cen­tre de recherche et de son corps enseignant. Il lui faut en par­ti­c­uli­er don­ner à ses mas­ters une vraie dimen­sion européenne, en for­mant des diplômés aux com­pé­tences claire­ment ciblées et iden­ti­fiées, tournés vers le monde économique et indus­triel autant que vers la recherche fon­da­men­tale, en dévelop­pant d’étroites col­lab­o­ra­tions au sein de réseaux européens sélec­tifs, en offrant aux étu­di­ants un suivi per­son­nal­isé et un sys­tème de bours­es attractif.

La 1re année des mas­ters s’ap­puyant forte­ment sur la 3e année du cycle d’ingénieur, les mas­ters sont aus­si l’un des moyens d’en­richir l’of­fre de for­ma­tion aux élèves poly­tech­ni­ciens, dans le cadre de leurs 3e et 4e années, avec des par­cours con­ti­nus de spé­cial­i­sa­tion pro­fes­sion­nelle, pou­vant débouch­er sur des for­ma­tions par la recherche. Élé­ment essen­tiel de son apport à l’in­no­va­tion et de son ray­on­nement, le cycle doc­tor­al de l’É­cole anticipe le besoin des entre­pris­es de dis­pos­er d’ex­perts aux éch­e­lons déci­sion­nels pour faire face aux enjeux de l’in­no­va­tion tech­nologique, et le besoin amont de développe­ment de la connaissance.

3 — Jouer un rôle moteur dans la construction de ParisTech

Paris­Tech, con­fédéra­tion de onze grandes écoles d’ingénieurs de la région parisi­enne, est, pour l’É­cole, un out­il de ray­on­nement inter­na­tion­al et d’in­ser­tion dans les meilleurs réseaux européens.

Lieu de com­plé­men­tar­ité avec les autres écoles pour les années de spé­cial­i­sa­tion du cycle ingénieur (3e et 4e années), les mas­ters, les écoles doc­tor­ales, la recherche, et le développe­ment à l’in­ter­na­tion­al, Paris­Tech per­met une vis­i­bil­ité et une capac­ité de parte­nar­i­at, européennes et inter­na­tionales, tant vis-à-vis des étab­lisse­ments d’en­seigne­ment supérieur et de recherche que pour le monde de l’en­tre­prise. Paris­Tech est ain­si devenu mem­bre en 2006 du réseau Idea League, regroupant les uni­ver­sités d’Im­pe­r­i­al Col­lege, de Delft, d’Aix-la-Chapelle et l’É­cole poly­tech­nique fédérale de Zurich (ETH). L’ar­rivée de l’EN­S­TA, les études pour une éventuelle implan­ta­tion de l’EN­SAE et de l’ENST démon­trent des aspects com­plé­men­taires de la con­ver­gence entre les pro­jets de Paris­Tech et de l’École.

4 — Poursuivre une démarche globale d’internationalisation

Indis­so­cia­ble des objec­tifs précé­dents, la démarche d’in­ter­na­tion­al­i­sa­tion, bien amor­cée, néces­site encore des efforts soutenus.

Les échanges d’é­tu­di­ants et d’en­seignants-chercheurs inter­na­tionaux en for­ment la par­tie la plus vis­i­ble. Les dif­férents pro­grammes de l’É­cole, ingénieur, mas­ter, doc­tor­at, doivent se com­pléter pour répon­dre à l’ensem­ble des besoins, notam­ment économiques, français. Bien étab­lis avec les pays du pour­tour méditer­ranéen, l’Eu­rope cen­trale, la Chine, le Viêt­nam et l’Amérique latine, les échanges doivent pren­dre forme avec l’Inde et pro­gress­er en Europe ain­si qu’en Amérique du nord.

L’insertion dans les réseaux d’excellence académique internationaux, notamment européens, qui forment le socle de l’enseignement supérieur du XXIe siècle, constitue un important levier complémentaire d’échanges et de notoriété.

5 — Affirmer un partenariat privilégié avec l’entreprise

L’É­cole veut aus­si ren­forcer encore ses inter­ac­tions avec les entre­pris­es et le monde économique tant en matière d’en­seigne­ment que de recherche. Cette action passe par la créa­tion de pro­jets d’en­seigne­ment et recherche en col­lab­o­ra­tion étroite avec les entre­pris­es, notam­ment sous la forme de chaires, l’ou­ver­ture et la val­ori­sa­tion du poten­tiel de son cen­tre de recherche, un accueil accru d’en­seignants et de chercheurs venant de l’en­tre­prise, une infor­ma­tion appro­fondie des élèves, étu­di­ants, enseignants et chercheurs aux enjeux de l’in­no­va­tion et de l’entreprise.

6 — Con­forter la qual­ité du cycle poly­tech­ni­cien et son ouver­ture sur les grands enjeux de la société
Le pro­gramme phare de l’É­cole reste plus que jamais son cur­sus d’ingénieur poly­tech­ni­cien. Il a trou­vé un nou­v­el équili­bre au cours du con­trat pluri­an­nuel 2002–2006. Il s’ag­it main­tenant de le con­forter avec des ajuste­ments lim­ités, sans en boule­vers­er l’é­conomie générale.

La for­ma­tion humaine gardera une impor­tance sin­gulière dans une logique de pré­pa­ra­tion à des respon­s­abil­ités de haut niveau, l’en­cadrement mil­i­taire en étant un acteur priv­ilégié. L’ou­ver­ture sur les grands enjeux de la société, la pro­mo­tion de l’éthique et du développe­ment durable, l’inci­ta­tion des élèves à s’en­gager per­son­nelle­ment au ser­vice des valeurs sur lesquelles se fonde la société française et inter­na­tionale res­teront des axes forts, avec une atten­tion par­ti­c­ulière pour les actions con­crètes visant à faciliter l’ac­cès des élèves de zones défa­vorisées aux for­ma­tions de haut niveau et la pro­mo­tion des car­rières féminines scientifiques.

Changer de dimension financière

Déclinées en objec­tifs pré­cis et quan­tifiés, ces évo­lu­tions sont con­séquentes. Elles néces­siteront un investisse­ment fort de toutes les forces vives de l’É­cole. Le con­trat pluri­an­nuel définit les engage­ments mutuels de l’É­tat et de l’É­cole en ter­mes d’ob­jec­tifs et de moyens. Il recon­duit pour la péri­ode 2007–2011 le principe du con­trat précé­dent d’un effort partagé. L’É­tat s’en­gage à assur­er, au tra­vers de ses sub­ven­tions, le finance­ment des besoins « de base » de l’É­cole (rémunéra­tions, dépens­es « inélucta­bles » de fonc­tion­nement, main­tien à hau­teur des infra­struc­tures…). L’É­cole doit s’as­sur­er les ressources pro­pres néces­saires au finance­ment de son développe­ment, soit 60 M € sur cinq ans.

Il s’ag­it d’un effort impor­tant. La part des ressources pro­pres dans le fonc­tion­nement doit pass­er de 13,5 % à 21 %. Elles devront financer plus de 50 % des investisse­ments de l’É­cole. Toutes les voies devront être explorées.

Les finance­ments tra­di­tion­nels de l’en­seigne­ment en France, tels que la taxe d’ap­pren­tis­sage, offrent une marge de crois­sance appré­cia­ble sous réserve d’une impul­sion des entre­pris­es. Celles-ci peu­vent préfér­er des actions en parte­nar­i­at leur offrant un retour plus tan­gi­ble. La qual­ité et la diver­sité des lab­o­ra­toires de l’É­cole offrent de larges pos­si­bil­ités de con­trats de recherche, qui ne deman­dent qu’à être plus sol­lic­itées. Les chaires d’en­seigne­ment et de recherche per­me­t­tent à une entre­prise de con­stru­ire un parte­nar­i­at de moyen terme avec l’É­cole autour d’une thé­ma­tique d’in­térêt com­mun. Facil­i­tant les con­tacts directs avec les élèves les plus motivés par le thème, elles organ­isent des actions com­munes de recherche-développe­ment, de for­ma­tion et de con­seil, et s’ac­com­pa­g­nent générale­ment d’un retour d’im­age. Il en est de même pour l’ac­com­pa­g­ne­ment de l’ac­tion inter­na­tionale de l’École.

La Fon­da­tion de l’É­cole poly­tech­nique, par son action auprès des entre­pris­es et des anciens élèves, joue un rôle essen­tiel. Elle accom­pa­gne avec une remar­quable effi­cac­ité le développe­ment de l’É­cole, lui four­nissant con­seil et appui financier. L’aug­men­ta­tion du besoin en ressources pro­pres amèn­era l’É­cole et la Fon­da­tion à col­la­bor­er encore plus étroite­ment. Leur suc­cès tien­dra cepen­dant pour beau­coup à la mobil­i­sa­tion des anciens élèves, comme le mon­tre l’ex­em­ple de la plu­part des grands étab­lisse­ments internationaux.

L’en­jeu va bien au-delà de la péri­ode 2007–2011. La capac­ité finan­cière des étab­lisse­ments d’en­seigne­ment supérieur et de recherche prend une impor­tance gran­dis­sante pour leur posi­tion­nement inter­na­tion­al. Les con­di­tions de vie, d’ex­er­ci­ce de la recherche et d’en­seigne­ment qu’ils offrent leur per­me­t­tent de recruter des enseignants-chercheurs de haut niveau et d’at­tir­er les meilleurs étu­di­ants. Fig­ur­er par­mi les meilleurs étab­lisse­ments d’en­seigne­ment supérieur et de recherche néces­sit­era un change­ment de dimen­sion finan­cière. Les con­cur­rents inter­na­tionaux de l’É­cole le savent depuis longtemps, en accu­mu­lant les cap­i­taux et les ressources externes.

Le con­trat pluri­an­nuel 2007–2011 con­stitue ain­si une nou­velle étape dans la longue his­toire de l’É­cole. Trente ans après son arrivée sur le plateau de Palaiseau, elle voit s’ou­vrir des occa­sions iné­galées pour chang­er de dimen­sion. Face à l’in­ten­sité crois­sante de la com­péti­tion inter­na­tionale, elle doit s’en saisir sans tarder, avec ses parte­naires, pour rester dans le cer­cle restreint des étab­lisse­ments d’en­seigne­ment supérieur et de recherche qui comptent dans le monde. Sans en nég­liger les dif­fi­cultés, elle a la chance d’avoir de nom­breux atouts. Le pre­mier d’en­tre eux est la qual­ité de son cur­sus d’ingénieur poly­tech­ni­cien, et du socle d’en­seignants et de chercheurs sur lequel il s’ap­puie. C’est pour ses élèves, d’au­jour­d’hui et de demain, que l’É­cole engage ces trans­for­ma­tions. C’est leur réus­site à l’É­cole et dans la vie qui en est la pre­mière final­ité. L’É­cole peut et doit devenir l’un des hauts lieux où l’Eu­rope investit pour son avenir, pour que se con­stitue une élite « poly­tech­ni­ci­enne » européenne et internationale.

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