Agathe de Vulpian (B20, à droite) et Laure de La Tour, cofondatrices de la start-up MeetEasy.

Y a‑t-il une vie après le Bachelor de l’X ? Le parcours d’Agathe (B20)

Dossier : TrajectoiresMagazine N°786 Juin 2023
Par Alix VERDET
Par Greta GUERINI

Lors du lance­ment de la pre­mière pro­mo­tion du Bach­e­lor en octo­bre 2017, nous avons fait la con­nais­sance d’Agathe de Vulpi­an (B20). Nous la retrou­vons aujourd’hui pour qu’elle nous par­le de son par­cours académique et pro­fes­sion­nel depuis qu’elle a quit­té Poly­tech­nique, de son mas­ter en machine learn­ing à Cam­bridge à son expéri­ence comme jeune entrepreneuse.


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Après le Bachelor de Polytechnique, peux-tu nous dire quelle université tu as choisie et pourquoi ?

À l’X j’ai décou­vert le monde du machine learn­ing, j’ai beau­coup appré­cié, ce qui m’a con­va­in­cue de con­tin­uer dans le domaine. Après Poly­tech­nique j’ai pos­tulé à qua­tre mas­ters à l’international, deux en Suisse et deux en Angleterre. J’ai été admis­si­ble aux qua­tre mas­ters et mon choix s’est porté sur un mas­ter spé­cial­isé en machine learn­ing à l’université de Cam­bridge. L’ambiance était for­mi­da­ble : nous n’étions pas nom­breux, ce qui a facil­ité une belle cohé­sion de classe, mes cama­rades inter­na­tionaux venaient de for­ma­tions dif­férentes et spé­ci­fiques et les pro­fesseurs étaient à la pointe de la recherche. Le seul bémol est que cette année a coïn­cidé avec la péri­ode de la Covid, donc tous les cours sont passés en « dis­tan­ciel ». Ensuite j’ai hésité à pour­suiv­re sur une thèse : j’avais adoré mon expéri­ence de recherche à Poly­tech­nique, mais je n’avais pas retrou­vé la même ambiance à Cam­bridge, le même suivi des étu­di­ants. J’ai donc décidé de ren­tr­er à Paris. À l’exception de la péri­ode passée à l’X, je n’avais jamais résidé durable­ment en France. Nor­male­ment, à la suite d’un mas­ter à Cam­bridge, les jeunes ingénieurs déci­dent de rester en Angleterre pour démar­rer leur car­rière pro­fes­sion­nelle. Pen­dant mes années à l’X je n’avais pas fait de stage ; de retour à Paris, j’en ai cher­ché un pour décou­vrir le monde du tra­vail. Je me suis inscrite à l’université pour avoir une con­ven­tion de stage et j’ai fait six mois dans une start-up dans l’imagerie par réso­nance mag­né­tique (IRM), qui util­i­sait l’intelligence arti­fi­cielle pour analyser des images de micro­scope afin de diag­nos­ti­quer des can­cers. 

Week-end d’intégration à Houlgate de la promo B20 en septembre 2017.
Week-end d’intégration à Houl­gate de la pro­mo B20 en sep­tem­bre 2017.

Qu’as-tu fait après cette première expérience ?

Peu après, j’ai eu l’occasion d’intégrer Entre­pre­neur First, un pro­gramme d’entrepreneuriat qui sélec­tionne ses can­di­dats sur le poten­tiel indi­vidu­el, en se focal­isant sur leurs com­pé­tences tech­niques ou de busi­ness. Leur idée est de repér­er des per­son­nes qui ont le poten­tiel pour créer une entre­prise, mais qui n’ont pas for­cé­ment les moyens, l’idée, les men­tors ou les parte­naires. Après trois mois, s’ils croient dans le pro­jet, ils déci­dent d’investir et ils le finan­cent à hau­teur de 90 000 euros. J’ai com­mencé cette aven­ture il y a plus d’un an, après deux mois j’ai cofondé MeetEasy, une start-up conçue pour opti­miser les réu­nions pro­fes­sion­nelles, les ren­dre plus pro­duc­tives et favoris­er l’engagement des équipes. Mon asso­ciée et moi avons finale­ment décidé d’arrêter en mars car, au moment de com­mencer une deux­ième lev­ée de fonds, nous avons fait face à une com­péti­tion gran­dis­sante et à une dif­fi­culté à se dif­férenci­er pour avoir assez de trac­tion. J’ai adoré l’expérience comme entre­pre­neuse et j’ai aus­si aimé la décou­verte de métiers dif­férents. 

Main­tenant je cherche un emploi dans la data sci­ence appliquée. J’ai envie d’un rôle trans­ver­sal qui me per­me­tte de met­tre à prof­it mes com­pé­tences en man­age­ment et en busi­ness face à face avec le client. Mon souhait est d’intégrer aujourd’hui une scale-up qui con­serve un esprit de start-up, tout en étant une grosse entité. 


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Qu’est-ce qui a motivé ton choix de master à Cambridge ?

J’ai choisi l’Angleterre pour garder le côté inter­na­tion­al que j’ai dévelop­pé pen­dant toute ma sco­lar­i­sa­tion en anglais. De plus Cam­bridge offre un cadre de vie et uni­ver­si­taire excep­tion­nel, avec beau­coup d’activités et d’événements qui vont au-delà de la for­ma­tion et de la recherche de pointe. C’était aus­si une petite vic­toire per­son­nelle, car j’avais déjà pos­tulé à Cam­bridge après mon bac et j’avais été refusée. Inté­gr­er cette uni­ver­sité plus tard pour mon mas­ter a été une fierté. 

Comment as-tu entendu parler du programme Entrepreneur First ?

C’est Entre­pre­neur First qui m’a con­tac­tée quand j’étais à Cam­bridge. J’avais refusé parce que je sen­tais que c’était trop tôt et que je n’avais pas assez d’expérience dans le monde du tra­vail. Ils m’ont recon­tac­tée plus tard à la suite de mon stage et j’ai donc accep­té. Je me suis dit que c’était une for­mi­da­ble occa­sion d’en appren­dre plus. Je me suis lancée à fond. Entre­pre­neur First m’a fait décou­vrir l’entrepreneuriat : leur struc­ture m’a per­mis d’être suiv­ie et m’a don­né un cadre péd­a­gogique qui a été très impor­tant pour moi et qui m’a accom­pa­g­née étape par étape.

Est-ce que la transition de Polytechnique à Cambridge s’est faite sans difficulté ? 

Je n’ai pas sen­ti d’écart de niveau entre Poly­tech­nique et Cam­bridge. La charge de tra­vail dans les deux for­ma­tions était con­séquente et les cours n’étaient pas faciles, mais la façon de tra­vailler était très dif­férente. À l’X l’enseignement était très théorique et focal­isé sur l’apprentissage des math­é­ma­tiques. À Cam­bridge c’était plus spé­cial­isé et pro­fes­sion­nal­isant. Nous n’avions aucun exer­ci­ce à com­pléter, peu d’examens, nous ren­dions des rap­ports et menions dif­férents pro­jets. Puisque le pro­gramme est très ori­en­té vers le monde de la recherche, il fal­lait porter une atten­tion par­ti­c­ulière à la rédac­tion et à la présen­ta­tion des résul­tats de manière claire et con­cise. Deux com­pé­tences qui sont essen­tielles dans le monde pro­fes­sion­nel. Les deux for­ma­tions étaient donc très com­plé­men­taires. 

Équipe Bachelor de foot pour la coupe de l’X. De gauche à droite : Elzette (B20), Agathe (B20), Ghjulia (B20), Clara (B20), Marine (B20), Milica (B22), Mireia (B21).
Équipe Bach­e­lor de foot pour la coupe de l’X. De gauche à droite : Elzette (B20), Agathe (B20), Ghju­lia (B20), Clara (B20), Marine (B20), Mil­i­ca (B22), Mireia (B21).

Que gardes-tu de ton passage au Bachelor de l’X ? Qu’y as-tu appris de plus important selon toi ? 

J’y ai dévelop­pé une grande capac­ité de tra­vail, d’assimilation rapi­de et de méthode. Je ne m’en rendais pas for­cé­ment compte sur le moment, mais je l’ai réal­isé quand j’ai com­mencé le pro­jet de ma pro­pre entre­prise. Je ne retiens aujourd’hui que du posi­tif, même si j’ai vécu des moments par­fois durs sur le cam­pus. Pen­dant ma pre­mière année l’adaptation a été dif­fi­cile : une nou­velle réal­ité, loin de la famille, des cours com­plex­es. Pen­dant ma deux­ième année j’ai eu une mononu­cléose et j’ai dû rester clouée au lit pen­dant qua­tre mois.

“L’X m’a appris les fondamentaux pour analyser et apprendre des concepts nouveaux.”

J’ai réus­si à suiv­re les cours grâce à mes cama­rades, les pro­fesseurs ont été très com­préhen­sifs et j’ai reçu un sou­tien et une aide pré­cieuse de la part de la pro­mo­tion. Nous étions quar­ante à vivre dans le même endroit et à partager les mêmes angoiss­es : il y avait un grand esprit de cohé­sion et d’équipe et on s’aidait beau­coup avec la prise et le partage de notes. Ce qui nous a par­ti­c­ulière­ment liés fut une expéri­ence de cinq jours au Cen­tre nation­al d’entraînement com­man­do (CNEC) à Mont-Louis au cours de la pre­mière année. Ces moments rem­plis d’activités, de jeux, de partage et de sport sont encore un de mes plus beaux sou­venirs. 

Cross de l’X équipe Bachelor, 2019.
Cross de l’X équipe Bach­e­lor, 2019.

Quel est aujourd’hui ton lien avec Polytechnique ?

En 2017 je fai­sais par­tie de la pre­mière pro­mo­tion du Bach­e­lor, aujourd’hui j’en suis une ambas­sadrice. Cette année je fais par­tie du jury d’admissibilité pour les nou­velles pro­mo­tions, donc j’ai par­ticipé à l’évaluation des dossiers. Le Bach­e­lor est devenu une for­ma­tion très demandée avec env­i­ron 1 100 à 1 200 can­di­da­tures par an pour 160 places. Mal­gré une cer­taine réti­cence ini­tiale des poly­tech­ni­ciens du cycle ingénieur vis-à-vis des Bach­e­lors, le Bach­e­lor de Poly­tech­nique est main­tenant recon­nu par­mi les meilleures for­ma­tions uni­ver­si­taires post­bac et nous ne pou­vons que nous en réjouir. À la ren­trée prochaine, le Bach­e­lor de l’X ouvre un dou­ble-diplôme avec Columbia.

En tant qu’ambassadrice, après avoir pro­mu le Bach­e­lor dans une autre uni­ver­sité à l’international, mon rôle est de présen­ter la valeur du Bach­e­lor de Poly­tech­nique dans le monde pro­fes­sion­nel. C’est le moyen de mon­tr­er au monde académique que nous avons fait nos preuves et que nous avons réus­si. 

Bal de l’X à Versailles en mai 2019 (mix de B20 et B21).
Bal de l’X à Ver­sailles en mai 2019 (mix de B20 et B21).

Gardes-tu des contacts avec tes camarades Bachelors ?

Bien sûr ! Nous avons eu notre pre­mier dîn­er de pro­mo en décem­bre, organ­isé par des B21. Il y avait beau­coup plus de monde qu’on ne pen­sait, dans une belle cohé­sion, l’événement a été un grand suc­cès. J’ai gardé le con­tact avec une ving­taine de per­son­nes, de ma pro­mo et des suiv­antes, qui sont, encore aujourd’hui, ma « bande de potes » prin­ci­pale avec laque­lle je sors tout le temps. Nous étions une pro­mo­tion toute petite, à peine soix­ante-dix, et c’est incroy­able de voir que tout le monde a trou­vé sa voie. Tous ceux qui sont par­tis à l’ENS sont com­pléte­ment épanouis dans cet envi­ron­nement, et il y a une bonne ambiance et un bon groupe à l’ETH en Suisse. C’est tou­jours une joie de se retrou­ver. 

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