Paiement et transaction : « La réalité technologique des usages d’aujourd’hui n’est pas figée »

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°774 Avril 2022
Par Marc-Henri DESPORTES (91)

Lea­der mon­dial des paie­ments et par­te­naire tech­no­lo­gique de choix des com­mer­çants, des banques et des acqué­reurs, World­line s’intéresse à toutes les évo­lu­tions et inno­va­tions qui redes­sinent les contours de ce sec­teur, avec des ten­dances qui n’ont fait que s’accélérer depuis ces deux der­nières années. Marc-Hen­ri Desportes (91), Depu­ty CEO de World­line, nous en dit plus. Entretien.

Quel est le positionnement de Worldline ?

His­to­ri­que­ment, l’industrie des paie­ments a été por­tée par les acteurs de l’industrie finan­cière. Au fil des décen­nies et des évo­lu­tions socié­tales et tech­no­lo­giques, le sec­teur s’est com­plexi­fié. Plus par­ti­cu­liè­re­ment, le digi­tal a signi­fi­ca­ti­ve­ment trans­for­mé les attentes des consom­ma­teurs. Nous avons assis­té à une diver­si­fi­ca­tion des expé­riences de paie­ment avec une place tou­jours plus impor­tante des nou­velles tech­no­lo­gies. Cette ten­dance impose, d’ailleurs, une forte spé­cia­li­sa­tion des acteurs posi­tion­nés sur ce mar­ché, mais aus­si un recours plus mar­qué aux nou­velles tech­no­lo­gies pour conce­voir et déve­lop­per de nou­velles solu­tions de paiement.

C’est dans ce contexte que World­line a vu le jour. À l’origine, l’entreprise était une filiale du groupe infor­ma­tique Atos, et sa mis­sion consis­tait à répondre aux sol­li­ci­ta­tions des banques au tra­vers d’une offre riche s’appuyant notam­ment sur l’innovation tech­no­lo­gique. Il y a 7 ans, World­line a pris son indé­pen­dance et a rejoint en 2020 le CAC 40.

Aujourd’hui, nous cou­vrons l’ensemble des tech­no­lo­gies et des solu­tions de la chaîne des paie­ments numé­riques des­ti­nées à équi­per les com­mer­çants. Ce volet consti­tue la plus grande par­tie de notre acti­vi­té. En paral­lèle, nous déve­lop­pons aus­si des solu­tions pour les banques, des­ti­nées notam­ment à l’équipement des por­teurs de moyens de paie­ment. Et nous conti­nuons à élar­gir notre offre de paie­ment afin de pro­po­ser des expé­riences numé­riques de bout en bout qui peuvent aller jusqu’à inté­grer le paie­ment d’un titre de trans­port, par exemple. 

Sur ce marché, quelles sont les principales évolutions technologiques que vous avez pu observer ? 

Au-delà de la digi­ta­li­sa­tion du sec­teur avec le déve­lop­pe­ment du paie­ment en ligne, nous avons assis­té à l’émergence du sans contact sous toutes ses formes. L’adoption du paie­ment sans contact a, par ailleurs, été accé­lé­rée par la pan­dé­mie, mais a aus­si été por­tée par les attentes des consom­ma­teurs et la place pré­pon­dé­rante que les mobiles prennent dans nos vies au quo­ti­dien. Alors que les tech­no­lo­gies étaient dis­po­nibles depuis déjà quelques années sur le mar­ché, nous nous diri­geons vers une péren­ni­sa­tion de ce mode de paie­ment. La pan­dé­mie a aus­si don­né une plus grande visi­bi­li­té aux solu­tions basées sur un QR code dans de nom­breux pays européens. 

À cela s’ajoutent des tech­no­lo­gies émer­gentes. On entend ain­si de plus en plus par­ler de paie­ment trans­pa­rent. Une fois les para­mètres et les auto­ri­sa­tions de paie­ment enre­gis­trés, le consom­ma­teur n’a plus aucune action à faire pour payer. L’exemple le plus connu et le plus par­lant est Uber. Et de plus en plus, les points de vente phy­siques s’intéressent à cette alter­na­tive et s’équipent en consé­quence. En effet, l’enjeu est de pou­voir dis­po­ser d’une solu­tion de paie­ment qui s’intègre par­fai­te­ment dans le par­cours digi­tal du consom­ma­teur. Il ne s’agit plus seule­ment de déployer un ser­vice finan­cier indé­pen­dant, mais de venir opti­mi­ser la chaîne de valeur du com­mer­çant grâce au digi­tal. C’est un tra­vail exi­geant pour nos équipes car nous devons com­prendre en pro­fon­deur les tech­no­lo­gies et l’évolution du com­merce sous toutes ses formes pour com­prendre com­ment com­bi­ner les deux dans une expé­rience à la hau­teur des attentes des consom­ma­teurs modernes. 

S’agissant des moyens de paie­ments eux-mêmes, le vire­ment ins­tan­ta­né com­mence à trou­ver ses cas d’usage, après l’impulsion ini­tiale de la Com­mis­sion européenne.

“Nous sommes à la croisée d’un foisonnement d’innovations technologiques et d’une évolution toujours plus rapide des modes de consommation qui rend notre métier toujours plus passionnant. Notre enjeu est plus que jamais de développer des solutions qui contribuent à rendre le parcours du consommateur toujours plus fluide et simple.”

Il y a, en outre, le sujet riche, mais éga­le­ment très com­plexe des cryp­to­mon­naies. Nous avons, en effet, vu l’émergence de solu­tions comme le bit­coin qui sont autant des moyens de paie­ment que des outils de spé­cu­la­tion. Les volumes géné­rés de tran­sac­tions en cryp­to­mon­naies sont d’ores et déjà gigan­tesques et ne peuvent être igno­rés.. Ain­si, la capa­ci­té à gérer les paie­ments en cryp­to­mon­naie est un enjeu qui mobi­lise l’ensemble des acteurs du sec­teur. C’est une source majeure d’innovation alors qu’il n’existe pas encore d’offre qui per­mette de gérer de manière uni­fiée et sécu­ri­sée les opé­ra­tions en cryp­to­mon­naie. Au-delà, il s’agit aus­si pour les banques cen­trales de s’emparer du sujet sur le plan réglementaire. 

La don­née devient éga­le­ment un enjeu stra­té­gique, car elle per­met d’introduire de nou­veaux ser­vices. Pour des consom­ma­teurs qui sou­haitent par­ta­ger leurs infor­ma­tions, c’est la pos­si­bi­li­té d’avoir accès à des offres ciblées, des réduc­tions… Tou­te­fois, en Europe et en France, l’exploitation et l’utilisation des don­nées res­tent très règle­men­tées (RGPD…). C’est un axe qui va très cer­tai­ne­ment se déve­lop­per sur le moyen et long terme.

Enfin, on peut éga­le­ment citer l’open pay­ment qui concerne en pre­mier lieu le monde des trans­ports. En pré­sen­tant sur un ter­mi­nal dans le bus, ou sur les portes d’accès au métro, une carte de paie­ment, le sys­tème va per­mettre d’enregistrer et de vali­der un tra­jet et de béné­fi­cier du tarif adé­quat. L’open pay­ment sim­pli­fie non seule­ment la vie du consom­ma­teur grâce à un accès simple et trans­pa­rent au ser­vice de trans­port, mais per­met éga­le­ment de résoudre la pro­blé­ma­tique des tou­ristes et uti­li­sa­teurs uniques des trans­ports en com­mun dans des grandes capi­tales ouvertes sur le monde. Au-delà, il contri­bue aus­si à réduire consi­dé­ra­ble­ment la fraude.

Et comment appréhendez-vous l’ensemble de ces enjeux ? 

En tant que pre­mier acteur des paie­ments en Europe, nous sommes mobi­li­sés sur toutes ces dimen­sions. Nous déployons ain­si des solu­tions de paie­ment trans­pa­rent pour tous les domaines d’activité de l’hôtellerie à la recharge élec­trique des véhi­cules, par exemple. En France mais aus­si en Europe, nous avons déployé des solu­tions d’open pay­ment dans de nom­breuses villes. Au niveau de la cryp­to­mon­naie, nous sommes le pre­mier acteur à avoir mis en place une solu­tion de paie­ment par bit­coin dans un point de vente phy­sique en Europe continentale. 

Nous sommes à la croi­sée d’un foi­son­ne­ment d’innovations tech­no­lo­giques et d’une évo­lu­tion tou­jours plus rapide des modes de consom­ma­tion qui rend notre métier tou­jours plus pas­sion­nant. Notre enjeu est plus que jamais de déve­lop­per des solu­tions qui contri­buent à rendre le par­cours du consom­ma­teur tou­jours plus fluide et simple, mais éga­le­ment sans couture. 

Et pour relever ces défis, quelles sont les compétences que vous recherchez ? 

Dans cet uni­vers en per­pé­tuelle évo­lu­tion, la réa­li­té des tech­no­lo­gies et des usages d’aujourd’hui n’est pas figée. Les lignes bougent régu­liè­re­ment et tou­jours plus vite ! Plus que jamais, nos métiers néces­sitent des per­sonnes qui ont des esprits exi­geants et une cer­taine appé­tence pour les sujets tech­niques et tech­no­lo­giques. Tout esprit curieux et ambi­tieux trou­ve­ra sans aucun doute un métier de choix au sein de notre groupe ! 

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