Finance innovation

Une nouvelle ère qui commence pour le monde de la finance et de l’assurance

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°774 Avril 2022
Par Maximilien NAYARADOU

Selon Max­im­i­lien Nayaradou, directeur général de Finance Inno­va­tion, demain, nous aurons beau­coup plus de « tech » dans le monde de la finance et de l’assurance. Dans cet arti­cle, il nous présente Finance Inno­va­tion, pôle de com­péti­tiv­ité mon­di­al label­lisé par l’État et dédié à l’accompagnement et à la crois­sance des pro­jets inno­vants dans l’industrie finan­cière française et européenne. Il nous en dit davan­tage sur leurs pro­jets de labélisations.

Quels sont les missions et le périmètre d’action de Finance Innovation ?

Finance Inno­va­tion est l’un des 15 pôles de com­péti­tiv­ité à voca­tion mon­di­ale sur les 54 pôles de com­péti­tiv­ité label­lisés par le CIACT en France. Notre prin­ci­pale mis­sion con­siste à accom­pa­g­n­er les fin­techs, les insurtechs et les acteurs du secteur financier à lever des fonds publics et privés pour accélér­er leur croissance. 

Aujourd’hui, notre asso­ci­a­tion représente une large com­mu­nauté de 600 acteurs de l’innovation finan­cière (fin­techs, lab­o­ra­toires de recherche, petites, moyennes et grandes entre­pris­es, cen­tres d’excellence académiques et investis­seurs) dont 120 grands groupes, 400 fin­techs, 60 ETI et une ving­taine d’académiques. Con­crète­ment, nous réal­isons des pro­jets col­lab­o­rat­ifs en faisant tra­vailler ensem­ble tout cet écosystème.

Quant à notre périmètre d’action, nous accom­pa­gnons les acteurs de la finance dans six domaines d’activité : assur­ance, banque, finance durable et sol­idaire, immo­bili­er, ges­tions d’actifs et ges­tion et finance d’entreprise. À tra­vers nos comités de labéli­sa­tion, nous labélisons les pro­jets inno­vants les plus promet­teurs pour la trans­for­ma­tion dig­i­tale et le futur de l’industrie finan­cière française. En 2021, nous avions con­tribué a aidé à lever presque 2 mil­liards d’euros sur env­i­ron dix ans et avons labélisé plus de 689 projets.

Par ailleurs, nous aidons les entre­pris­es qui se sont fait labélis­er, à trou­ver des finance­ments. Pour cela, nous avons aus­si un comité d’investisseurs et de nom­breux parte­nar­i­ats. L’année dernière nous avons fait plus d’une cen­taine de webi­naires et un bon nom­bre d’évènements physiques et dig­i­taux sur des thé­ma­tiques divers­es et var­iées comme la néobanque ou encore la cryptomonnaie.

Quel regard portez-vous sur l’écosystème des fintechs en France en 2021 ? Quelles sont les tendances qui se profilent pour 2022 ?

En 2021, l’écosystème des fin­techs a explosé en France. Nous avons noté une très forte aug­men­ta­tion des lev­ées de fonds qui ont été mul­ti­pliées par 2,8 par rap­port à 2020 : nous sommes passés de 828 mil­lions d’euros à 2,3 mil­liards d’euros. En 2022, ce phénomène devrait se pour­suiv­re. D’ailleurs, nous voyons déjà appa­raître de nou­veaux mod­èles comme le « Buy Now, Pay Lat­er ». Déjà pra­tiqué depuis plus d’une décen­nie en BtoC, le paiement dif­féré est un mod­èle de finance­ment totale­ment dématéri­al­isé qui per­met aux clients de régler leurs achats en plusieurs fois. Il est désor­mais applic­a­ble en BtoB. 

Nous l’avons vu avec la fin­tech française Alma, qui vient de boucler une série C pour éten­dre ses activ­ités dans cinq nou­veaux pays et pro­pos­er sa solu­tion Buy Now, Pay Lat­er à l’ensemble des e‑commerçants, même s’ils ne sont pas parte­naires. Et, Pledg, spé­cial­iste des solu­tions de paiement avec sa lev­ée de fonds de 80 mil­lions d’euros est aus­si un bon exemple.

Par ailleurs, par­mi les nou­velles ten­dances qui se dessi­nent, nous voyons aus­si celle des néoban­ques vertes comme Helios, Only One ou encore Green-Got. Ces trois jeunes pouss­es s’accordent sur la néces­sité de trans­former la finance et plus par­ti­c­ulière­ment l’épargne en faisant des investisse­ments respon­s­ables, au niveau envi­ron­nemen­tal ou socié­tal. Enfin, notons aus­si que nous avons de nou­velles boîtes comme Good­vest, qui pro­pose des solu­tions d’assurance-vie vertueuses.

Qu’en est-il des assurtechs ?

En 2021, deux nou­velles assurtechs ont obtenu l’agrément de l’Autorité de con­trôle pru­den­tiel et de réso­lu­tion (ACPR) pour des activ­ités d’assurance. Après Sey­na et Alan, nous avons aujourd’hui Mila et Acheeel. La pop­u­lar­ité de ces nou­velles entre­pris­es est crois­sante. La mon­tée en puis­sance des assurtechs com­mence à faire réa­gir les assureurs tra­di­tion­nels, dont cer­tains craig­nent de voir leurs parts de marché s’effriter.

De manière générale, comment le monde de la finance et de l’assurance accueille l’innovation ? Y a‑t-il des freins qui persistent ?

À l’évidence, les insurtechs et les fin­techs sont perçues comme des con­cur­rents par les assureurs tra­di­tion­nels. En effet, ces dernières sont plus pro­duc­tives et arrivent à trou­ver des solu­tions avec des équipes moins nom­breuses. Néan­moins, les acteurs his­toriques ont com­mencé à com­pren­dre l’intérêt de s’unir et de tra­vailler ensem­ble. De ce fait, leur accueil sur le marché est depuis quelques années, un plus favor­able notam­ment en ter­mes de lev­ées de fonds et de partenariats. 

Les anci­ennes entre­pris­es du secteur aujourd’hui mis­ent aus­si sur la trans­for­ma­tion digitale.

D’ailleurs, pouvez-vous nous en dire plus sur votre label ? Quelles sont les dernières entreprises qui en ont bénéficié ?

Finance Inno­va­tion pro­pose prin­ci­pale­ment deux types de labels : 

  • un label pour les pro­jets indi­vidu­els, et donc d’innovation : il s’agit de 80 à 90 % des pro­jets que nous labélisons. À tra­vers ce label, nous aidons les entre­pris­es labélisées à trou­ver des clients, des finance­ments, des parte­nar­i­ats pour boost­er leurs inno­va­tions et les accélérer.
  • un label pour les pro­jets col­lab­o­ratif : en fonc­tion de l’argent pub­lic disponible, nous label­lisons entre 20 et 10 % de pro­jets de ce genre.

“Nous avons noté une très forte augmentation des levées de fonds
qui ont été multipliées par 2,8 par rapport à 2020 :
nous sommes passés de 828 millions d’euros à 2,3 milliards d’euros”

Par­mi les entre­pris­es qui ont béné­fi­cié de nos labels, nous pou­vons citer Sil­vr fondé en 2019 qui a mis au point un mod­èle de finance­ment réservé aux acteurs de l’e‑commerce, et du Saas (soft­ware as ser­vice), afin de leur per­me­t­tre de financer leur crois­sance tout en con­ser­vant la total­ité de leur cap­i­tal. namR a aus­si obtenu en décem­bre 2021 le label Finance Inno­va­tion. Cette entre­prise a créé la pre­mière plate­forme française data as a ser­vice qui décrit quan­ti­ta­tive­ment et qual­i­ta­tive­ment les 34 mil­lions de bâti­ments, les ter­ri­toires et l’environnement en France. Il s’agit d’une véri­ta­ble offre de rup­ture qui pro­pose à ses util­isa­teurs de nom­breuses don­nées raf­finées, afin de requêter les infor­ma­tions néces­saires au ciblage, pilotage ou opti­mi­sa­tion des pro­jets de transition
écologique.

Quels sont les projets et chantiers qui vous mobilisent actuellement ?

Nous tra­vail­lons beau­coup sur les pro­jets européens. Pour cela, nous tra­vail­lons beau­coup à la réponse d’appel à pro­jets. En 2022, nous dis­posons de 300 000 euros d’argent européen et nous souhaitons main­tenir ce rythme pour pou­voir, d’ici 2024, être plus autonome par rap­port aux sub­ven­tions de l’État français.

Par ailleurs, cela nous per­met aus­si de met­tre en rela­tion nos mem­bres avec plus de parte­naires européens afin de les aider à s’internationaliser.

Comment voyez-vous le secteur des fintechs et assurtechs évoluer sur le moyen et long terme ?

Nous avons la con­vic­tion qu’il y aura plus de « tech » dans la finance et dans l’assurance dans les années à venir. Cela va per­me­t­tre de dig­i­talis­er le secteur soit par l’apparition de nou­veaux acteurs inno­vants, soit par des rachats ou des regroupements. 

Poster un commentaire