Virtuosité baroque, œuvres de Vivaldi, Corelli, Scarlatti

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°698 Octobre 2014Par : Le Palais-Royal, dir. Jean-Philippe SarcosRédacteur : Marc DARMON (83)Editeur : 1 DVD Bel-Air Classiques BAC099

Voici un con­cert d’un des orchestres français les plus emblé­ma­tiques de la vivac­ité de la vie musi­cale en France.

L’ensemble pro­fes­sion­nel Le Palais-Roy­al se con­sacre à l’interprétation des réper­toires baroque et clas­sique. Pour chaque époque, les musi­ciens utilisent des instru­ments différents.

Au-delà de la haute exi­gence musi­cale de Jean- Philippe Sar­cos, leur chef depuis le début, les œuvres sont chan­tées par cœur et sou­vent en pupitres éclatés afin de favoris­er l’expressivité et l’engagement de cha­cun au ser­vice du sens du texte et de la musique.

Du fait de la fraîcheur des voix, Le Palais-Roy­al pos­sède une couleur unique par­faite­ment adap­tée aux réper­toires anciens qui étaient, orig­inelle­ment, le plus sou­vent inter­prétés par des enfants.

Autre orig­i­nal­ité, Le Palais-Roy­al s’engage inten­sive­ment au ser­vice de la jeunesse, d’une part en four­nissant l’ossature de l’Académie de musique, chœur et orchestre d’étudiants encadrés par les pro­fes­sion­nels du Palais-Roy­al qui se pro­duisent une dizaine de fois par an, et d’autre part en ani­mant les con­certs « coup de foudre », des­tinés aux jeunes de quartiers défa­vorisés qui n’ont générale­ment pas accès à la musique clas­sique, dans le cadre des Cordées de la réussite.

Le DVD pub­lié cet été par Bel-Air Clas­siques (l’éditeur français de DVD musi­caux, au cat­a­logue d’une richesse, d’une qual­ité et d’une diver­sité incroy­ables) nous restitue un con­cert don­né en octo­bre 2010 dans la chapelle de l’École mil­i­taire à Paris.

Con­stru­it autour du fameux Sta­bat Mater à dix voix de D. Scar­lat­ti (1685–1757), avec des œuvres de Vival­di et Corel­li, le pro­gramme, inti­t­ulé Vir­tu­osité baroque, est une pure merveille.

On mon­tre ici la vir­tu­osité non pas comme une tech­nique dévelop­pée au seul ser­vice de la gloire de l’interprète, mais comme un des moyens géni­aux dont usèrent les artistes ital­iens pour traduire les mou­ve­ments pas­sion­nés de leur âme (vir­tu­osité vient du latin vir­tus qui lui-même ren­ferme vir : l’homme. Vir­tus désigne donc les qual­ités qui font la valeur de l’homme, morale­ment et physique­ment. Le mot se traduit par courage, mérite, hauts faits mais égale­ment ver­tu, per­fec­tion morale).

Le pro­gramme mon­tre aus­si la diver­sité de ses formes : vir­tu­osité instru­men­tale avec Corel­li, vir­tu­osité vocale avec Vival­di mais aus­si vir­tu­osité du com­pos­i­teur avec l’exceptionnelle maîtrise de Scar­lat­ti qui atteint des som­mets d’émotion grâce à la prouesse d’écriture des dix voix super­posées, et non mal­gré elle.

Le con­cert lui-même est superbe, à tout point de vue. L’impact est très fort, de ce chœur grandiose soutenu par un ensem­ble instru­men­tal réduit mais au niveau musi­cal très élevé. Notons en par­ti­c­uli­er le vio­lon ver­tig­ineux et extrême­ment vivant de la grande Tami Tro­man, pre­mier vio­lon réguli­er de l’en semble.

Comme les instru­ments d’époque, les tenues rouges que revê­tent les chanteurs du Palais-Roy­al pour inter­préter ces œuvres sacrées rap­pel­lent celles de leurs prédécesseurs dans les chapelles royales. Ces mêmes tenues sont encore aujourd’hui portées par de grands chœurs à tra­vers le monde, comme le chœur de la chapelle Six­tine et les pres­tigieuses for­ma­tions chorales des cathé­drales anglais­es, autrichi­ennes ou allemandes.

Un grand con­cert de musique vivante à voir, par un ensem­ble dynamique qui en est un par­fait représen­tant, et mérit­erait grande­ment d’être bien plus con­nu. Le Palais-Roy­al est un des ensem­bles les plus mar­quants de la vie musi­cale française, et son chef Jean-Philippe Sar­cos est un orfèvre très insuff­isam­ment recon­nu. Jugez-en en voy­ant ce concert.

Un sec­ond DVD du Palais-Roy­al paru cette année est édité par le fes­ti­val de Sou­vi­gny. Le Palais-Roy­al en 2013 a joué le Requiem de Cam­pra (et le Super Flu­mi­na Baby­lo­nis de Dela­lande). Ce même pro­gramme a aus­si été un des suc­cès du fes­ti­val de la Chaise-Dieu cet été 2014.

L’énergie et ent­hou­si­asme du Palais- Roy­al y ont tri­om­phé, et on les retrou­ve tout à fait dans ce DVD que le fes­ti­val de Sou­vi­gny a eu le bon goût de filmer et d’éditer.

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