Anton Bruckner : Symphonie N° 4 « Romantique »

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°700 Décembre 2014Par : la Staatskapelle de Berlin, direction Daniel BarenboïmRédacteur : Marc DARMON (83)Editeur : 1 DVD ou un Blu-Ray Accentus 10217

Les sym­pho­nies d’Anton Bru­ck­ner ont été com­po­sées entre 1863 et 1896. Tous les musi­ciens de cette époque, en Alle­magne comme en France, n’ont pas été influen­cés par Wag­ner. Mais Bru­ck­ner, lui, contrai­re­ment à Brahms par exemple, a pris clai­re­ment le par­ti du Wagnérisme.

Ce com­po­si­teur autri­chien laisse à sa mort uni­que­ment une dizaine de sym­pho­nies (seules neuf sont offi­ciel­le­ment numé­ro­tées, comme chez­Bee­tho­ven , Schu­bert, Dvo­rak, Mah­ler). Ses sym­pho­nies, toutes sur la même struc­ture en quatre mou­ve­ments (héri­tée de Haydn, Mozart et Bee­tho­ven), déve­loppent une orches­tra­tion wag­né­rienne assez impressionnante.

Des œuvres monu­men­tales, puis­santes, struc­tu­rées. La Qua­trième Sym­pho­nie, dite « Roman­tique », com­po­sée en 1874, est une des plus belles et des plus acces­sibles. L’Autrichien Anton Bru­ck­ner, orga­niste et catho­lique enga­gé, n’est pas un com­po­si­teur romantique.

Quand on com­pare sa vie, sa car­rière, elles n’ont n’a rien à voir avec ce qu’ont vécu Schu­mann, Cho­pin, Liszt et même Wag­ner. Mais pour cette sym­pho­nie, Bru­ck­ner s’est astreint à décrire un pro­gramme qui a tous les mar­queurs du roman­tisme ; jugez plu­tôt com­ment Bru­ck­ner explique l’appel de cor ini­tial : « Ville médié­vale, à l’aube. Depuis les tours de la ville reten­tissent les appels… »

Accen­tus se lance dans la publi­ca­tion en DVD et Blu-Ray, toutes enre­gis­trées en juin 2010 sous la direc­tion de Daniel Baren­boïm, des « sym­pho­nies de la matu­ri­té » de Bru­ck­ner. Cela nous pri­ve­ra donc des trois pre­mières sym­pho­nies, pour­tant plus anciennes de quelques années seule­ment, ouver­te­ment wag­né­riennes (la troi­sième est même dédiée à Richard Wag­ner), mais aus­si des deux sym­pho­nies de jeu­nesse, numé­ro­tées 0 (par­fois jouée et enre­gis­trée) et 00 (très rare­ment jouée, et pour­tant intéressante).

Baren­boïm dirige la Staats­ka­pelle Ber­lin, l’orchestre de l’Opéra le plus impor­tant de la ville. Orchestre et opé­ra sont diri­gés depuis vingt ans par Baren­boïm, après entre autres Spon­ti­ni, Richard Strauss , Cle­mens Krauss, Erich Klei­ber, Her­bert von Karajan.

C’est l’un des orchestres les plus anciens du monde (XVIe siècle). Quelle chance a la ville de Ber­lin d’avoir tant d’orchestres de ce niveau inter­na­tio­nal : citons au moins l’Orchestre phil­har­mo­nique de Ber­lin, natu­rel­le­ment, diri­gé par Sir Simon Rat­tle, le Deutsches Sym­pho­nie-Orches­ter Ber­lin, ancien­ne­ment Orchestre de la RIAS (Rund­funk im Ame­ri­ka­ni­schen Sek­tor, la radio du sec­teur amé­ri­cain de Ber­lin- Ouest !) et cette Staats­ka­pelle de Berlin.

On y recon­naît d’ailleurs des musi­ciens qui ont joué pré­cé­dem­ment au Phil­har­mo­nique (tuba, contre­basse…). Les cuivres (cors, trom­pettes, trom­bones et tuba) sont phé­no­mé­naux, y com­pris dans la dou­ceur, comme, par exemple, l’appel du cor ini­tial des pre­miers et der­niers mouvements.

Le son enre­gis­tré dans la salle de la Phil­har­mo­nie, salle uti­li­sée sou­vent par l’orchestre lorsqu’il n’est pas dans la fosse de l’Opéra, est superbe.

Baren­boïm a dis­po­sé son orchestre de façon ori­gi­nale, les cordes graves, vio­lon­celles et contre­basses, étant pla­cées der­rière les pre­miers vio­lons à gauche, les cuivres et les bois au centre, lais­sant seuls les seconds vio­lons et les altos sur la droite.

Baren­boïm dirige par cœur (une prouesse compte tenu de la richesse d’une telle par­ti­tion) avec une grande éco­no­mie de geste (par­fois même une extrême éco­no­mie) ce qui tra­duit un très long temps de pré­pa­ra­tion et de répé­ti­tion. La ten­sion est tou­jours sou­te­nue, culmi­nant pro­ba­ble­ment dans un finale d’une puis­sance incroyable.

Par­fai­te­ment fil­mée (pré­fé­rez le Blu-Ray, on y voit comme au concert !) et enre­gis­trée, cette pro­duc­tion donne envie de voir vite les publi­ca­tions sui­vantes (La Sixième Sym­pho­nie est éga­le­ment parue, Accen­tus 102176).

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