Vintega

Luxe et économie circulaire : de belles synergies en perspective !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°768 Octobre 2021
Par Lhoucine IDBOURKHA (2009)

Sur le mar­ché du tex­tile, depuis quelques années, la seconde main connaît une très belle crois­sance avec une pro­gres­sion annuelle 20 fois supé­rieure à celle des articles et pro­duits neufs. Ce phé­no­mène touche tous les sec­teurs, éga­le­ment l’univers du luxe. Conscient de cette ten­dance qui se ren­force au fil des années, Lhou­cine Idbour­kha (2009) a créé Vin­te­ga avec pour objec­tif de don­ner une seconde vie aux sacs de Luxe. Dans cet entre­tien, il nous explique sa démarche et nous en dit plus sur ses ambitions.

Le marché de la seconde main porté par la volonté de promouvoir une économie circulaire dans le monde du textile est en croissance constante depuis quelques années. Qu’avez-vous pu observer ? 

En effet, il s’agit d’une ten­dance de fond qui ne cesse de se ren­for­cer. Tous les seg­ments du sec­teur sont concer­nés y com­pris le monde du luxe, dont un peu moins de 10 % du mar­ché fonc­tionne autour du modèle de l’économie cir­cu­laire. L’occasion et la seconde main répondent aujourd’hui à une nou­velle vision de la consom­ma­tion qui est de plus en plus plé­bis­ci­tée par les uti­li­sa­teurs finaux : réuti­li­sa­tion des res­sources, lutte contre l’obsolescence pro­gram­mée, volon­té de consom­mer dif­fé­rem­ment et de manière plus réflé­chie… Cette démarche éco­res­pon­sable qui se géné­ra­lise favo­rise le déve­lop­pe­ment d’un mar­ché de la seconde main pour les pro­duits tex­tiles de manière générale. 

Au-delà, il faut aus­si sou­li­gner que les prix de vente des pro­duits de seconde main ain­si que l’envie de nou­veau­té des consom­ma­teurs contri­buent à la dyna­mique de ce mar­ché de l’occasion. Pour les ama­teurs de pro­duits de luxe, comme les sacs à main, la seconde main per­met de faire des « bonnes affaires », de déni­cher un sac de col­lec­tion ou une édi­tion limi­tée à prix réduit, de renou­ve­ler sa garde-robe, mais aus­si de pro­mou­voir l’économie cir­cu­laire et de lut­ter contre le gas­pillage des matières premières.

Dans ce contexte, comment se positionne Vintega, la première plateforme dédiée aux sacs de luxe seconde main que vous avez créée en 2019 ? 

J’ai lan­cé Vin­te­ga en capi­ta­li­sant sur mon expé­rience dans le monde du conseil en stra­té­gie. Durant mes six années dans le conseil, j’ai eu l’occasion d’accompagner des acteurs du luxe sur des thé­ma­tiques diverses, dont le déploie­ment de stra­té­gie pour se posi­tion­ner sur ce seg­ment de la seconde main pour un acteur du e‑commerce…

À par­tir de là, j’ai pu appré­hen­der de manière très concrète ce sec­teur et iden­ti­fier les freins au déve­lop­pe­ment de l’économie cir­cu­laire dans le luxe. Une des ambi­tions de Vin­te­ga est jus­te­ment de décloi­son­ner le luxe afin de per­mettre son inté­gra­tion dans une démarche d’économie cir­cu­laire en posi­tion­nant Vin­te­ga comme la mar­ket­place qui faci­lite l’achat et la revente de sacs de luxe de seconde main.

Vintega

Dans le cadre du développement de Vintega, quels sont vos principaux enjeux ? 

Vin­te­ga donne donc la pos­si­bi­li­té aux ama­teurs de pro­duits de luxe d’acheter un sac à main d’une grande mai­son recon­nue tout en adop­tant une démarche éco-responsable. 

Au-delà se posent dif­fé­rents enjeux rela­tifs notam­ment à la dif­fi­cul­té de faire coha­bi­ter la notion de luxe et de seconde main. En effet, autour des pro­duits de luxe, il y a du côté des consom­ma­teurs et des ache­teurs des exi­gences et des attentes fortes en termes de qua­li­té, d’authenticité et de tra­ça­bi­li­té. En effet, le risque de fraude et de contre­fa­çon repré­sente des freins au déve­lop­pe­ment de la seconde main dans le luxe.

Conscients de ces enjeux, Vin­te­ga a fait le choix de com­plé­ter l’expertise humaine par une tech­no­lo­gie au ser­vice de la sécu­ri­sa­tion des achats. En effet, nous misons sur des solu­tions tech­no­lo­giques de pointe pour pro­po­ser une expé­rience sur notre pla­te­forme la plus proche de celle pro­po­sée dans l’univers du luxe. D’ailleurs, Vin­te­ga n’est pas une pla­te­forme de mise en rela­tion : nous ne met­tons donc pas les ache­teurs et les ven­deurs en rela­tion, nous ache­tons les sacs à main afin de les vendre sur Vin­te­ga. Cela nous per­met non seule­ment de garan­tir les pro­duits et articles que nous pro­po­sons mais aus­si de les pro­po­ser au prix le plus adéquat.

« Vintega a fait le choix de compléter l’expertise humaine par une technologie au service de la sécurisation des achats. »

Dans cette conti­nui­té, nous nous tra­vaillons sur plu­sieurs axes :

La sécu­ri­té et la tra­ça­bi­li­té des pro­duits pour assu­rer l’authenticité des sacs à main pro­po­sés à la vente sur Vin­te­ga : nous cher­chons à déve­lop­per une tech­no­lo­gie d’analyse pho­to­gra­phique pour vali­der la confor­mi­té des pro­duits aux règles d’origine des marques. Dans ce cadre, nous ins­pec­tons des attri­buts spé­ci­fiques des sacs à main de luxe comme le code série, des cri­tères visuels comme le cuir, les cou­tures… L’analyse de ces dif­fé­rents élé­ments nous per­mettent de garan­tir la fia­bi­li­té et l’authenticité d’un sac à par­tir de son aspect ;

Le pri­cing auto­ma­ti­sé pour opti­mi­ser les prix des sacs reven­dus sur Vin­te­ga : le pri­cing de pro­duits de seconde main est plus com­plexes que pour des pro­duits neufs notam­ment à cause de leur valeur rési­duelle. Pour rele­ver ce défi, nous nous basons sur des algo­rithmes et des ren­sei­gne­ments accu­mu­lés dans une base de don­nées (état du sac, date d’achat, ten­dance actuelle…) afin d’évaluer la valeur d’un sac et de fixer rapi­de­ment un prix. 

Et pour conclure ? 

Vin­te­ga est une entre­prise fran­çaise. Nous réa­li­sons 75 % de notre acti­vi­té sur le ter­ri­toire natio­nal. Nous avons aus­si une acti­vi­té au Royaume-Uni, en Espagne, en Ita­lie et en Alle­magne (25 %). Notre ambi­tion est de conso­li­der notre pré­sence sur le mar­ché fran­çais et d’accélérer notre déve­lop­pe­ment afin de deve­nir le pre­mier acteur sur ce seg­ment en Europe.


Site inter­net : https://www.vintega.eu/

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