Une fidélité gaulliste à l’épreuve du pouvoir

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°635 Mai 2008Par : Jean Méo (47)Rédacteur : Sharon Elbaz, directeur adjoint de la Fondation Charles de Gaulle

Couverture du livre: Une fidélité gaulliste à l'épreuve du pouvoirRare­ment l’expression « aux pre­mières loges » n’a été aus­si juste que dans le cas de Jean Méo qui nous livre ici le récit de cin­quante années pas­sées au cœur du pou­voir de la Ve République.

Poly­tech­ni­cien, ingé­nieur des Mines, il com­mence sa car­rière dans les mines du Nord à la sor­tie de la guerre. Conseiller des quatre der­niers ministres des Finances de la IVe Répu­blique, il rejoint de Gaulle dès le 4 juin 1958 : à Mati­gnon puis à l’Élysée, il vit dans son inti­mi­té et par­ti­cipe comme conseiller éco­no­mique à chaque étape de son com­bat pour recons­truire la France, lui redon­ner son rang dans le monde.

Recru­té par Pierre Guillau­mat pour édi­fier une indus­trie pétro­lière garan­tis­sant l’indépendance éner­gé­tique de la France, il est à ses côtés, à l’origine du groupe Elf, tout en res­tant dans la proxi­mi­té du Géné­ral puis de Georges Pom­pi­dou. C’est ce der­nier qui lui demande de prendre les rênes de France Soir à la mort de Pierre Laza­reff, puis ensuite du groupe Havas.

Congé­dié par Gis­card, il rejoint le RPR de Chi­rac comme secré­taire géné­ral adjoint. Élu dépu­té euro­péen et conseiller de Paris, il est, aux côtés de Chi­rac, de toutes les batailles élec­to­rales avec les joies et les ombres que com­porte le milieu poli­tique. Enfin, Chi­rac élu, il est appe­lé comme secré­taire géné­ral de la Fon­da­tion Charles de Gaulle, por­tant haut, pour les géné­ra­tions futures, les valeurs que ce der­nier lui avait léguées et qui se retrouvent dans l’Historial des Inva­lides ou le Mémo­rial de Colombey.

Lire le récit des mémoires de Jean Méo, c’est se retrou­ver dans l’intimité d’un « grand com­mis de l’État ». Grâce à sa mémoire sans faille, à son regard inci­sif « d’insider », à son sens du récit, de l’anecdote signi­fi­ca­tive, à son écri­ture clas­sique, pré­cise, légère, et vivante, c’est par­ti­ci­per en direct à ce que fut l’exercice du pou­voir dans la France de la seconde moi­tié du ving­tième siècle.

Lire ces mémoires, c’est aus­si rete­nir une leçon qui paraî­tra à tous ses lec­teurs ter­ri­ble­ment d’actualité : ser­vir l’État c’est répondre aux besoins avé­rés de la nation et des citoyens, mais cer­tai­ne­ment pas consen­tir aux exi­gences erra­tiques de l’opinion ni ser­vir ses propres inté­rêts : Jean Méo et d’autres comme lui peuvent et doivent conti­nuer à ins­pi­rer tous ceux dont l’ambition est de se dévouer à l’intérêt général.

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