Un X pompier dans l’armée de l’Air

Dossier : Formation humaine et militaire à l’XMagazine N°708 Octobre 2015
Par Nicolas MORIN (13)

Notre for­ma­tion a com­mencé par des cours d’aéronautique, de géopoli­tique et de man­age­ment, ain­si qu’une intense pré­pa­ra­tion sportive, du tir au pis­to­let et une ini­ti­a­tion au com­bat rapproché.

Puis, avec vingt autres élèves, j’ai suivi trois semaines d’aguerrissement à l’École de for­ma­tion des com­man­dos de l’air, située à Dijon : tir au Famas, appren­tis­sage du com­bat sur le ter­rain et par­cours d’obstacles.

REPÈRES

Les X affectés en stage dans l’armée de l’Air suivent six semaines de stage à l’École de l’air à Salon-de-Provence, accompagnés d’élèves ingénieurs militaires de l’infrastructure et d’élèves militaires de l’ENSTA Bretagne.
Cette période de formation permet d’appréhender l’organisation de l’armée et les spécificités liées à l’armée de l’Air, et facilite l’insertion au sein d’une de ses unités.

Une formation intense et variée

Cette for­ma­tion com­plé­men­taire m’a per­mis de com­pren­dre un peu mieux le quo­ti­di­en de nos sol­dats envoyés en opéra­tion extérieure et la dif­fi­culté de leur mission.

“ Comprendre le quotidien de nos soldats envoyés en opération extérieure ”

J’ai ensuite choisi de rejoin­dre le Cen­tre de for­ma­tion des tech­ni­ciens de la sécu­rité de l’armée de l’Air, situé sur la base aéri­enne 120 à Cazaux.

En effet, le méti­er de pom­pi­er de l’air, indis­pens­able à la sécu­rité de nos bases aéri­ennes, a aigu­isé ma curiosité et le stage pro­posé me per­me­t­tait de décou­vrir des envi­ron­nements nou­veaux dans une région que je ne con­nais­sais pas.

Une zone d’entraînement unique

Out­re la for­ma­tion, le Cen­tre assure l’entraînement et le main­tien des com­pé­tences opéra­tionnelles des pom­piers con­for­mé­ment aux direc­tives, notam­ment en ce qui con­cerne la com­posante aéro­nau­tique. Pour cela, il dis­pose d’une zone d’entraînement unique par ses deux sim­u­la­teurs : un avion de chas­se et un avion de trans­port repro­duits grandeur nature.

FORMER LES POMPIERS DE L’AIR

Le Centre de formation des techniciens de la sécurité de l’armée de l’Air a pour vocation la formation initiale et complémentaire des pompiers de l’armée de l’Air.
Il assure également la formation de spécialistes au profit d’organismes extérieurs à l’armée de l’Air tels que l’aviation légère de l’armée de Terre, la Marine nationale, les armées étrangères et les civils de la Défense.

Cette « aire à feux » per­met la for­ma­tion ini­tiale et con­tin­ue des spé­cial­istes à l’ensemble des tech­niques employées pour l’intervention et le sauve­tage sur les aéronefs de chas­se et de trans­port, en sim­u­lant des scé­nar­ios de sin­istres de manière très réaliste.

L’École per­met égale­ment la pré­pa­ra­tion avant pro­jec­tion des pom­piers par­tant en opéra­tion extérieure, et elle par­ticipe aus­si à des exer­ci­ces inter­na­tionaux dans le domaine nucléaire, radi­ologique, biologique et chimique.

J’ai été chargé de tra­vailler avec l’équipe des opéra­teurs de l’aire à feux afin de pro­duire un rap­port d’observation sur l’activité de ce ser­vice, rap­port des­tiné à présen­ter l’installation aux per­son­nes extérieures, mais égale­ment des­tiné à l’état-major pour leur per­me­t­tre une meilleure com­préhen­sion du dis­posi­tif et un meilleur con­trôle du bud­get de gaz con­som­mé par l’installation.

Dans le cadre de ce tra­vail, j’ai été régulière­ment amené à encadr­er les exer­ci­ces des jeunes pom­piers en for­ma­tion ou des pom­piers plus expéri­men­tés en entraîne­ment, et à par­ticiper active­ment à de tels exercices.

Se faire accepter au sein d’une équipe

À Caza­ux, sim­u­la­tion de feu de pla­fond à l’intérieur d’un avion. © CFTSAA

J’ai donc été mem­bre à part entière d’une équipe de sous-officiers spé­cial­isés. Au départ, je sen­tais bien qu’ils étaient réti­cents à inté­gr­er un nou­veau venu sans expéri­ence, et avec une mis­sion dif­férente de la leur. J’ai dû faire preuve d’une bonne adapt­abil­ité pour arriv­er à me faire accepter comme mem­bre à part entière de l’équipe, sans gên­er leurs travaux quotidiens.

Cela a été facile auprès de cer­tains opéra­teurs, ouverts et prêts à partager leur savoir-faire, mais beau­coup plus dif­fi­cile dans cer­tains cas, auprès de per­son­nes plus fer­mées et qui n’appréciaient pas d’être dérangées. Avec le temps, beau­coup d’écoute, et en leur appor­tant mon aide per­ma­nente, j’ai réus­si à réelle­ment m’intégrer à la vie opéra­tionnelle au point qu’ils m’ont per­mis de par­ticiper à des exer­ci­ces sur les sim­u­la­teurs et d’encadrer des scé­nar­ios de main­tien de compétences.

J’ai vécu avec beau­coup d’émotion les mar­ques d’affection qu’ils m’ont témoignées à la fin du stage.

Gagner l’affection et l’estime

Cela m’a fait com­pren­dre la manière de gér­er les rela­tions humaines, en pas­sant avant tout par l’écoute active et la com­préhen­sion des autres. En effet, j’ai décou­vert que pour bien tra­vailler avec des col­lègues ou pour bien com­man­der des équipes, il faut d’abord gag­n­er leur affec­tion et leur estime.

Cela s’obtient en por­tant de l’intérêt à leur tra­vail et en étant franc et sincère avec eux, ce que j’ai essayé d’appliquer tout au long de mon stage. J’ai réus­si à m’intégrer au sein de cette équipe en m’intéressant à eux et en partageant mes con­nais­sances, en répon­dant par exem­ple à leurs ques­tions scientifiques.

Ce tra­vail m’a fait décou­vrir un envi­ron­nement social et intel­lectuel très var­ié et m’a appris à être patient et péd­a­gogue dans mes rela­tions avec les autres, ce que je m’efforcerai d’appliquer dans mes futures rela­tions professionnelles.

Découvertes et sensations fortes

un Mirage N-2000, à Istres.
Devant un Mirage N‑2000, à Istres. © NICOLAS MORIN

J’ai eu l’occasion pen­dant mon stage de prof­iter des autres unités présentes sur la base aéri­enne 120.

J’ai notam­ment pris part à une mis­sion d’entraînement en héli­cop­tère Cara­cal, qui m’a per­mis de décou­vrir les mis­sions de recherche et de sauve­tage con­fiées à l’escadron ain­si que les spé­ci­ficités du vol en héli­cop­tère. J’ai pu assis­ter par exem­ple à des hél­itreuil­lages et à des dépos­es en ter­rain périlleux.

J’ai égale­ment pu par­ticiper à un vol sur Alpha­jet. Il s’agissait d’une for­ma­tion au com­bat aérien au-dessus de Mont-de- Marsan au prof­it d’un élève nav­i­ga­teur. De cette expéri­ence extrême, je retiens le stress précé­dant le décol­lage, l’émerveillement du vol en haute alti­tude et la sat­is­fac­tion d’avoir pu sup­port­er physique­ment des accéléra­tions supérieures à 5G.

Apprentissages et émotions

Mon stage a été riche en décou­vertes, en appren­tis­sages et en émo­tions. Il m’a don­né l’occasion à plusieurs repris­es de me met­tre en sit­u­a­tion de com­man­de­ment et de ges­tion d’équipe. Il restera pour moi une expéri­ence humaine pas­sion­nante et extrême­ment enrichissante.

“ Découvrir un environnement social et intellectuel très varié ”

J’ai été chaleureuse­ment accueil­li au sein de l’unité et traité avec beau­coup de bien­veil­lance. J’ai eu la sat­is­fac­tion de voir mon tra­vail appré­cié, recon­nu et utilisé.

Cela a été l’occasion de m’immerger com­plète­ment dans le monde pro­fes­sion­nel pour la pre­mière fois de ma vie et d’en retir­er de nom­breux enseigne­ments, notam­ment la manière de gér­er une équipe et de con­duire un projet.

J’y ai beau­coup gag­né en assur­ance et en con­fi­ance en moi dans les rela­tions avec les autres, en faisant des ren­con­tres pas­sion­nantes et en créant des ami­tiés fortes.

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