L’eVescope, telescope amateur avec amplification de la lumière.

Un nouveau télescope professionnel à la portée des amateurs

Dossier : TrajectoiresMagazine N°728 Octobre 2017
Par Arnaud MALVACHE (04)

L’équipe de Unis­tel­lar a dévelop­pé pour les ama­teurs un télés­cope à ampli­fi­ca­tion de lumière qui offre des per­for­mances iné­galées et dont les don­nées observées pour­ront con­tribuer à la recherche par­tic­i­pa­tive en astronomie. Des pro­to­types exis­tent, l’in­dus­tri­al­i­sa­tion est en cours. 

J’ai tou­jours été pas­sion­né d’astronomie. À l’École, j’avais d’ailleurs choisi comme sujet de PSC le con­trôle à dis­tance d’un téle­scope. Mais cela n’a pas débouché sur grand-chose… 

“ Un système unique et simple d’utilisation ”

C’est plus tard, en faisant ma thèse dans un des labos de l’X, le lab­o­ra­toire d’optique appliquée, que j’ai ren­con­tré Antonin Borot, de la 2003. C’est avec lui, puis avec un ami d’enfance Lau­rent Marfisi, que nous nous sommes lancés dans cette aventure. 

Nous avons été ensuite rejoints par Franck Marchis, un vrai astronome du SETI Insti­tute en Cal­i­fornie, qui nous apporte la con­nex­ion avec le domaine pro­pre­ment sci­en­tifique de l’astronomie.


L’eVescope offre aux astronomes ama­teurs une qual­ité d’observation du ciel sans précé­dent, grâce à sa nou­velle tech­nolo­gie d’amplification de la lumière.

Quelle est l’idée de base de ce projet ?

L’astronome ama­teur utilise un téle­scope sim­ple, entière­ment optique, qui lui per­met d’observer con­ven­able­ment les planètes, mais même les quelques galax­ies les plus proches restent des tach­es grisâtres et floues, même avec de très gros instruments. 

UNE TECHNOLOGIE JUSQU’ICI INACCESSIBLE AUX AMATEURS

La technologie de la vision amplifiée remplace la capacité qu’ont les grands télescopes à accumuler la lumière, et fournit ainsi à l’oculaire de l’eVescope des images du ciel jusqu’à présent inaccessibles aux astronomes amateurs.

Pour pass­er au niveau supérieur, il faut utilis­er des tech­niques d’astrophotographie, qui vont per­me­t­tre de faire du traite­ment d’image sur ordi­na­teur, et don­nent des résul­tats bien plus fasci­nants. Mais ce n’est pas vrai­ment acces­si­ble à des amateurs. 

Notre but a été de juste­ment ren­dre acces­si­ble ce niveau de per­for­mance aux ama­teurs, en pro­posant un téle­scope où toutes ces fonc­tions : prise d’image, traite­ment numérique, etc., seraient inté­grées dans un sys­tème unique et sim­ple d’utilisation, et avec des vitesses de traite­ment en qua­si-temps réel. 

Ce faisant, nous avons créé une nou­velle expéri­ence, qui nous a fait appel­er notre instru­ment « Téle­scope à vision ampli­fiée », ou eVescope™ (con­trac­tion de Enhanced Vision Tele­scope). Celui-ci offre aux astronomes ama­teurs une qual­ité d’observation du ciel sans précé­dent, grâce à sa nou­velle tech­nolo­gie d’amplification de la lumière. 

Le niveau de per­for­mance per­met des obser­va­tions en direct et à l’oculaire de quelques cen­taines d’objets du ciel pro­fond, ain­si que bien d’autres objets faibles (Plu­ton, comètes, astéroïdes…), ce qui est d’ailleurs inac­ces­si­ble à bien des téle­scopes pro­fes­sion­nels util­isés en visuel. 

TÉMOIGNAGE

Des démonstrations de l’eVescope ont eu lieu cet été, et plusieurs participants ont fait part de leurs impressions : « Je ne savais pas réellement à quoi m’attendre avant d’observer pour la première fois dans l’oculaire de ce prototype. J’avais devant moi un télescope de type Newton, très compact de 114 mm, pointé sur la nébuleuse de la Lyre, un objet que j’avais déjà observé des dizaines de fois.
Je m’attendais à voir un anneau minuscule, flou et grisâtre, mais ce que j’ai observé était cette nébuleuse planétaire très vive, aux couleurs intenses, exactement comme ce qu’on voit dans les livres. »

Leo Tramiel,
astronome amateur et co-inventeur du Commodore PET

Notre objec­tif est de don­ner aux util­isa­teurs, qu’ils soient novices ou experts, la pos­si­bil­ité bien sûr de faire leurs pro­pres obser­va­tions, mais aus­si de faire d’importantes con­tri­bu­tions à la sci­ence, tout en prof­i­tant d’une qual­ité d’observation sans précédent. 

Grâce à notre parte­nar­i­at avec l’institut SETI, les util­isa­teurs pour­ront recevoir des deman­des venant de sci­en­tifiques à se join­dre à leur cam­pagne d’observation. Ceux qui le souhait­ent recevront les coor­don­nées par smart­phone, les trans­féreront en un clic à leur eVescope, et com­menceront à col­lecter des don­nées d’intérêt sci­en­tifique, par exem­ple con­cer­nant une super­no­va ou un astéroïde géocroiseur – tout en l’observant dans leur appareil. 

Les don­nées col­lec­tées lors de ces cam­pagnes seront automa­tique­ment trans­férées à une base de don­nées hébergée à l’institut SETI. Il y a donc une vraie dimen­sion de sci­ence par­tic­i­pa­tive citoyenne attachée à ce nou­veau télescope ! 

Qu’y a‑t-il de nouveau dans ce télescope ?

L’eVescope réu­nit trois fonc­tions prin­ci­pales, cha­cune étant inédite pour un instru­ment grand public. 

D’abord, la vision ampli­fiée, qui four­nit des images excep­tion­nelles, col­orées et détail­lées, des objets astronomiques les plus loin­tains en accu­mu­lant la lumière et en la pro­je­tant directe­ment dans l’oculaire du télescope. 

Images du ciel avec eVescopeEnsuite, la recon­nais­sance automa­tique du champ (RAC), util­isant le posi­tion­nement GPS, qui per­met à l’eVescope de localis­er les objets célestes à observ­er sans procé­dure d’alignement com­pliquée et sans onéreuse mon­ture équatoriale. 

Grâce au guidage intel­li­gent et au suivi automa­tique offerts par la RAC, l’astronome ama­teur, qu’il soit novice ou expert, passera davan­tage de temps à observ­er et saura tou­jours pré­cisé­ment dans quelle direc­tion il pointe. 

Cette tech­nolo­gie per­met aus­si d’identifier chaque objet présent dans le champ d’observation, grâce à une base de don­nées con­tenant les coor­don­nées de plusieurs dizaines de mil­lions d’étoiles.

Et enfin, l’eVescope pro­pose le mode « Cam­pagne d’observation », qui s’appuie sur les deux tech­nolo­gies précé­dentes et dont le développe­ment a été super­visé par Franck Marchis. Une fois ce mode activé, les images du ciel col­lec­tées par les util­isa­teurs sont envoyées automa­tique­ment sur une base de don­nées située au siège de l’institut SETI dans la Sil­i­con Valley. 

La com­mu­nauté sci­en­tifique inter­na­tionale aura alors accès à un vol­ume de don­nées sans précé­dent, provenant de mil­liers de téle­scopes répar­tis sur la planète, pris­es à des dates et à des heures différentes. 

Où en êtes-vous dans le développement ?

Nous avons réal­isé deux pro­to­types, qui ont été présen­tés début sep­tem­bre à l’IFA Next de Berlin, dans la foulée de l’annonce de notre parte­nar­i­at sci­en­tifique avec l’institut SETI. 

“ Les images collectées sont envoyées sur une base de données dans la Silicon Valley ”

Il faut main­tenant indus­tri­alis­er ce pro­duit pour le ren­dre apte à être pro­posé au grand pub­lic des astronomes ama­teurs. Notre objec­tif est de le met­tre sur le marché dès 2018. Pour financer cette dernière phase du développe­ment, nous lançons mi-octo­bre une cam­pagne de prévente qui dur­era cinq semaines, sur la plate-forme de finance­ment par­tic­i­patif Kick­starter : les pre­miers à s’inscrire pour­ront préa­cheter leur téle­scope à un prix d’environ 1 000 dol­lars, sachant que le prix pub­lic final devrait être de 1 800 dollars. 

Propos recueillis par Robert Ranquet (72)
 

3 Commentaires

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Debroise répondre
16 octobre 2017 à 22 h 09 min

Avez-vous déjà lancé l
Avez-vous déjà lancé l’opéra­tion prévente ?
Cordialement
J. Debroise/Pescoluno

Arnaud Mal­vacherépondre
17 octobre 2017 à 20 h 49 min
– En réponse à: Debroise

Préventes sur Kick­starter
Les préventes seront lancées la semaine prochaine sur la plate­forme de crowd­fund­ing Kickstarter.

Jean durandrépondre
15 janvier 2018 à 9 h 30 min

Evs­cope
Bon­jour
Avons nous la date de com­mer­cial­i­sa­tion de ce tele­scope amateur
Merci

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