Brexit, to deal or not to deal ?

To deal or not to deal ?

Dossier : EditorialMagazine N°761 Janvier 2021
Par Robert RANQUET (72)

Voilà bien la ques­tion qui occupe les esprits en cette fin d’année, alors que nous met­tons la dernière main à ce numéro qui vous apportera la deux­ième par­tie de notre dossier con­sacré à l’Europe après le Brex­it. Car, c’est cer­tain, deal ou pas, le Brex­it aura bien été con­som­mé lorsque vous lirez ces lignes. 

Alors, quelle aura été l’issue de la tem­pête diplo­ma­tique que souf­fle depuis de longs mois le gou­verne­ment bri­tan­nique ? Beau­coup de bruit pour rien, finale­ment, et donc tout est bien qui finit bien ? Ou au con­traire peines d’amour défini­tive­ment per­dues entre l’Europe et l’Angleterre : aimer cette nation et se taire devant l’inconséquence de ses dirigeants. Certes, tous ne peu­vent pas être des maîtres, mais les maîtres ne peu­vent pas tous être suiv­is en vérité ! Quoi qu’il en soit, la plus extrême con­fu­sion aura régné dans ce proces­sus, tant le beau y fut laid et le laid, beau. À ce pro­pos, nous man­quera à jamais l’inénarrable speak­er John Bercow aux cra­vates improb­a­bles, grand prêtre des litur­gies étranges dont la cham­bre basse de West­min­ster nous a grat­i­fiés : songes de nuits d’été au bord de la Tamise, où l’on dis­cu­tait à l’infini de rien ou au con­traire pleines de bruit et de fureur.

“La plus extrême confusion
aura régné dans ce processus.

Face à cette résur­gence du baroque shake­spearien en poli­tique, l’Europe a don­né dans le clas­si­cisme. Son négo­ci­a­teur, Michel Barnier, aura fait preuve de mesure, de patience et de fer­meté, cer­tains diront d’obstination : on n’en attendait pas moins d’un Savo­yard. À qui sait bien négoci­er, il n’est rien d’impossible ! Il aura été, jusqu’au bout, aus­si auda­cieux qu’il était utile, ne craig­nant rien quand il y avait tout à crain­dre ; et aus­si pru­dent qu’il était néces­saire, con­scient que le trop de con­fi­ance attire le danger. 

Gageons que, quelle qu’aura été l’issue de ces derniers jours de négo­ci­a­tion, une nou­velle entente cor­diale ne tardera pas à se renouer : le temps est un grand maître, il règle bien des choses. 

Commentaire

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Thier­ry Gaudinrépondre
5 janvier 2021 à 16 h 34 min

Ce Brex­it est une déci­sion his­torique, dans laque­lle la prospec­tive n’a pas eu sa place. En effet, les argu­men­ta­tions ont été con­finées dans un nation­al­isme étroit, com­plété par un économisme (les quo­tas de pêche…) encore plus étroit, et l’on peut se deman­der si la logique de la posi­tion bri­tan­nique est bien celle du 21ème siè­cle, ou si elle s’in­spire d’un nation­al­isme archaïque digne de la guerre de cent ans, com­plété par une reven­di­ca­tion économique digne de Mme. Thatch­er. Au 21ème siè­cle, tous les citoyens du monde, reliés par Inter­net, font par­tie de la même com­mu­nauté, et font face aux mêmes prob­lèmes plané­taires : la mon­tée des eaux et le change­ment cli­ma­tique, l’épuise­ment des ressources minérales et énerggé­tiques que prévoy­ait déjà la Club de Rome en 1970, enfin la sur­pop­u­la­tion de la planète, menaçant la survie de cen­taines de mil­lions d’hu­mains et de mil­liers d’e­spèces animales.
Pour le moment, je ne vois rien dans le Brex­it et les autres déci­sions de même nature qui puisse apporter le monde début de réponse à ces questions.

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