Teréga Solutions : acteur de l’essor de la filière hydrogène en France et en Europe

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°780 Décembre 2022Par William RAHAIN

L’essor de la fil­ière hydrogène implique l’existence d’un réseau et d’infrastructures de trans­port et de stock­age. C’est à ce niveau que con­tribue Teré­ga Solu­tions. William Rahain, Directeur Adjoint de la Busi­ness Unit Hydrogène au sein de Teré­ga Solu­tions, nous en dit plus.

L’hydrogène est un des leviers de la Transition Énergétique. Pourquoi ? 

En sa qual­ité de vecteur énergé­tique, l’hydrogène per­met de faire la liai­son entre les éner­gies. Il peut ain­si être util­isé pour pro­duire de l’électricité, de la chaleur, et peut même être util­isé comme car­bu­rant. Il a aus­si l’avantage de ne pas émet­tre de CO2. De par sa flex­i­bil­ité, son adapt­abil­ité et son poten­tiel en ter­mes d’autonomie, l’hydrogène intéresse par­ti­c­ulière­ment les acteurs des éner­gies renou­ve­lables, éolien et solaire, qui cherchent à val­oris­er leurs act­ifs ou à dévelop­per de nou­velles capac­ités de pro­duc­tion pour notam­ment pal­li­er à l’intermittence de ces éner­gies. Aujourd’hui, l’électrolyse de l’eau à par­tir d’une élec­tric­ité bas car­bone per­met de pro­duire de l’hydrogène décar­boné, mais aus­si d’utiliser cet hydrogène comme un out­il de flex­i­bil­ité pour stock­er les éner­gies renouvelables.

Aujourd’hui, que représente le marché de l’hydrogène ?

Le marché de l’hydrogène représente actuelle­ment 1 mil­lion de tonnes d’hydrogène par an. 80 % sont de l’hydrogène dit cap­tif, c’est-à-dire de l’hydrogène qui est pro­duit et con­som­mé par le pro­duc­teur. Il s’agit générale­ment d’entreprises qui opèrent dans des domaines indus­triels : raf­finer­ie, chimie des engrais… Les 20 % restants sont de l’hydrogène dit marc­hand et qui est notam­ment pro­duit par des grands acteurs gaziers comme Air Liq­uide ou Air Prod­uct. Jusque-là, le marché de l’hydrogène répondait prin­ci­pale­ment à une demande indus­trielle. 99 % de cet hydrogène est gris, donc car­boné, et est pro­duit par vapore­for­mage du méthane. 

L’émergence de l’hydrogène comme vecteur de la tran­si­tion énergé­tique va don­ner une nou­velle dynamique au marché avec un développe­ment d’hydrogène au ser­vice de la pro­duc­tion d’électricité, de chaleur ou bien comme car­bu­rant pour la mobil­ité lourde et légère. Pour bas­culer vers une pro­duc­tion d’hydrogène vert à grande échelle, l’ensemble de la chaleur de valeur doit être repen­sée : pro­duc­tion, trans­port, dis­tri­b­u­tion, stock­age. Les pre­miers pro­jets com­men­cent à se met­tre en place. C’est le cas de Cor­ri­dor H2 en Occ­i­tanie qui vise la créa­tion d’un cor­ri­dor routi­er util­isant de l’hydrogène vert en région Occ­i­tanie. Son objec­tif est d’accélérer la tran­si­tion vers une mobil­ité lourde zéro émis­sion à hydrogène, notam­ment pour le trans­port de marchan­dis­es dans des véhicules poids lourds frig­ori­fiques élec­triques à hydrogène et le trans­port de pas­sages interur­bain dans la Région Occ­i­tanie par des auto­cars élec­triques à hydrogène. 

Qu’en est-il du développement de la filière hydrogène en France ?

La France s’est dotée d’objectifs ambitieux de développe­ment de la fil­ière notam­ment dans le cadre du plan France Relance. Toute­fois, en France, se pose la ques­tion de l’arbitrage entre le nucléaire et l’hydrogène. Cela s’explique par le fait que la France dis­pose d’un parc nucléaire con­séquent en com­para­i­son à ses voisins européens. En par­al­lèle, pour les indus­triels, ce pas­sage à l’hydrogène néces­site l’adaptation de leur out­il industriel. 

Quand cela est envis­age­able, ils sont encore nom­breux à priv­ilégi­er l’électrification, d’autant plus que les coûts de l’hydrogène sont encore très élevés. Pour un pays comme l’Allemagne où l’électricité est très car­bonée, le développe­ment d’une fil­ière hydrogène est une oppor­tu­nité et une pri­or­ité. Le pays accélère, d’ailleurs, le déploiement de la chaîne de valeur de l’hydrogène et développe, en par­al­lèle, les éner­gies renou­ve­lables pour avoir une pro­duc­tion bas car­bone. L’Espagne développe égale­ment ses capac­ités de pro­duc­tion d’hydrogène vert en cap­i­tal­isant sur ses parcs solaires et éoliens avec de fortes ambi­tions en ter­mes d’exportation d’hydrogène vert. 

Dans le cadre du développement de cette filière, quels sont les principaux enjeux ?

Le pre­mier frein au développe­ment de l’hydrogène reste son prix. Pour réduire les coûts, il faut non seule­ment créer une chaîne de valeur adap­tée, mais aus­si dévelop­per des pro­jets de taille sig­ni­fica­tive sur le plan indus­triel comme des gigafac­to­ries. Aujourd’hui, dans le proces­sus de l’électrolyse de l’eau, qui est le procédé le plus courant pour pro­duire de l’hydrogène, 50 % du prix de l’hydrogène dépend du prix de l’électricité. L’accès à une énergie renou­ve­lable à un coût com­péti­tif est un véri­ta­ble enjeu pour arriv­er à faire baiss­er le prix de l’hydrogène. Au début de la mobil­ité élec­trique, le coût des bat­ter­ies con­sti­tu­ait un frein à son développe­ment. Au cours des décen­nies, son prix a sig­ni­fica­tive­ment bais­sé et est aujourd’hui large­ment acces­si­ble. On s’attend à ce qu’il en soit de même avec l’hydrogène, l’enjeu étant de pou­voir garan­tir une élec­tric­ité renou­ve­lable à un coût com­péti­tif et des instal­la­tions indus­trielles de pro­duc­tion qui per­me­t­tent de faire jouer l’effet d’échelle pour impacter à la baisse les coûts et le prix final. 

En par­al­lèle, il faut aus­si dévelop­per les usages indus­triels et pour la mobil­ité qui per­me­t­tront de sécuris­er les débouchés de la pro­duc­tion d’hydrogène. Et dans cette con­ti­nu­ité, se pose aus­si la ques­tion des infra­struc­tures de trans­port et de dis­tri­b­u­tion de l’hydrogène.

C’est justement à ce niveau que Teréga Solutions intervient…

Aujourd’hui, le trans­port de gaz par canal­i­sa­tion reste le mode le plus économique, écologique et envi­ron­nemen­tal, car il per­met d’éviter les fuites lors des rac­corde­ments, charge­ments et décharge­ments puisque les con­nex­ions sont étanch­es et soudées. Trans­porter l’hydrogène par canal­i­sa­tion est aus­si plus com­péti­tif que par camion : 10 à 30 cen­times d’euro par kg d’hydrogène trans­porté sur 1000 km con­tre 10 euros pour le trans­port par camion sur 100 km. 

Sur ces enjeux, il est pos­si­ble de déploy­er des solu­tions très rapi­de­ment, une par­tie des ouvrages gaziers exis­tants peu­vent être con­ver­tis pour trans­porter et stock­er de l’hydrogène. Selon le rap­port du Euro­pean Back­bone Report, deux tiers du réseau européen, qui sont des gazo­ducs, peu­vent être ain­si con­ver­tis ou réu­til­isés pour trans­porter l’hydrogène.

“Teréga est un acteur majeur et gestionnaire d’infrastructures de transport et de stockage de gaz en France depuis 75 ans. Ces enjeux et problématiques sont donc au coeur même de notre métier qui s’articule autour de trois axes complémentaires : la logistique, le transport, le stockage de gaz.”

Teré­ga est un acteur majeur et ges­tion­naire d’infrastructures de trans­port et de stock­age de gaz en France depuis 75 ans. Ces enjeux et prob­lé­ma­tiques sont donc au coeur même de notre méti­er qui s’articule autour de trois axes com­plé­men­taires : la logis­tique, le trans­port, le stock­age de gaz. 

Aujourd’hui, notre rôle est de con­tribuer à l’essor de cette fil­ière en met­tant à dis­po­si­tion les com­pé­tences et les infra­struc­tures néces­saires au trans­port et au stock­age du gaz. C’est la mis­sion de Teré­ga Solu­tions de dévelop­per ces infra­struc­tures pour pro­pos­er une offre logis­tique de qual­ité et qui con­tribue à garan­tir des prix compétitifs. 

Pouvez-vous nous donner des exemples de projets qui vous mobilisent en ce sens ? 

Nous tra­vail­lons sur plusieurs pro­jets en cours de développe­ment. On peut citer par exem­ple le pro­jet avec Val­orem et les acteurs insti­tu­tion­nels locaux pour dévelop­per un écosys­tème hydrogène renou­ve­lable à Saint-Brieuc dans les Côtes d’Armor.

Le pro­jet prévoit entre autres l’installation d’une unité de pro­duc­tion et de dis­tri­b­u­tion d’hydrogène, prin­ci­pale­ment pour ali­menter l’agglomération de Saint-Brieuc, qui a pour pro­jet de con­ver­tir une dizaine de bus à l’hydrogène. Nous prenons en charge toute la par­tie aval de la pro­duc­tion hydrogène, soit tout ce qui a trait à la logis­tique : trans­port de l’hydrogène vers les sta­tions de dis­tri­b­u­tion, con­struc­tion et exploita­tion des sta­tions de dis­tri­b­u­tion qui per­me­t­tront d’alimenter les bus de l’agglomération, mais aus­si des usagers privés et publics. 

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