Stratégies pour l‘innovation

Dossier : Économie numérique : Les succèsMagazine N°675 Mai 2012
Par Sandrine MURCIA

REPÈRES

REPÈRES
Le développe­ment de la crois­sance et de l’emploi en Île-de-France néces­site des dis­posi­tifs conçus par des entre­pre­neurs pour les entre­pre­neurs selon qua­tre principes d’action : favoris­er les échanges entre les acteurs du numérique ; soutenir l’innovation ; accroître la vis­i­bil­ité des entre­pris­es et com­mu­nautés émer­gentes, et enfin dif­fuser la cul­ture du numérique. Au départ très mar­qué développe­ment Web et appli­ca­tions open source, « l’écosystème » s’est rapi­de­ment élar­gi aux tech­nolo­gies mobiles, out­ils col­lab­o­rat­ifs, réseaux soci­aux, open data et jeux vidéo.

Depuis dix ans a été dévelop­pée, avec l’aide de Sil­i­con Sen­tier, une vision dynamique de l’innovation des NTIC (nou­velles tech­nolo­gies de l’information et de la com­mu­ni­ca­tion) et de l’accompagnement des entre­pris­es de la généra­tion d’idées jusqu’à la mise sur le marché. Avec le label Euro­pean Liv­ing Lab (2005) ont été lancés des dis­posi­tifs à suc­cès créés par des entre­pre­neurs pour des entrepreneurs.

Accom­pa­g­n­er les entre­pris­es depuis la généra­tion d’idées jusqu’à la mise sur le marché

La Can­tine est un des pre­miers espaces mon­di­aux de tra­vail col­lab­o­ratif (cowork­ing) et de mutu­al­i­sa­tion de ressources hybrides. Chaque année, elle accueille et accom­pa­gne plus de 750 cowork­ers, plus de 400 événe­ments et plus de 16 000 vis­i­teurs. C’est le creuset où se struc­turent et s’animent les com­mu­nautés autour de thé­ma­tiques tech­nologiques pour per­me­t­tre la ren­con­tre des acteurs, la généra­tion d’idées et le tra­vail collaboratif.

Autre dis­posi­tif mis en place : le Camp­ing, pre­mier accéléra­teur de start-ups en France. Plus de 600 pro­jets ont été déposés, 25 d’entre eux ont été retenus et « accélérés ». En mobil­isant un réseau de 60 men­tors, le Camp­ing accélère le pas­sage de l’idée au pro­to­type, sans per­dre de vue les impérat­ifs du développe­ment busi­ness (clients et parte­naires). Enfin, Sil­i­con Mani­acs, média de dif­fu­sion et d’information (radio et Webzine), sen­si­bilise aux nou­veaux usages et tech­nolo­gies, aug­mente la vis­i­bil­ité des acteurs et des pro­jets d’innovation et dif­fuse la cul­ture numérique.

Faire émerger l’innovation

Tests pré­co­ces d’usage
Sil­i­con Xpe­ri­ence con­stitue la pre­mière plate­forme de bêta-test label­lisée Liv­ing Lab. Sil­i­con Xpe­ri­ence s’appuie sur un réseau de 800 bêta-tes­teurs issus de notre écosys­tème. Une équipe dédiée de chercheurs en ergonomie et soci­olo­gie des réseaux aide les por­teurs de pro­jets à iden­ti­fi­er et cern­er les besoins de leurs futurs clients.

L’expérience de ter­rain, au con­tact des besoins de l’écosystème, et les con­clu­sions tirées des dif­férents dis­posi­tifs ont amené – un peu à la façon des sci­ences expéri­men­tales – à for­muler un cer­tain nom­bre d’observations utiles dans le cadre d’une réflex­ion générale sur les leviers de l’innovation numérique. Ce que dix ans au car­refour de l’innovation et de l’entrepreneuriat nous appren­nent tous les jours : encour­ager l’innovation, c’est favoris­er ses con­di­tions d’émergence.

Reconnaître l’innovation d’usage

L’innovation ne se lim­ite pas à la tech­nolo­gie, à la R&D. La dif­fu­sion et l’adoption des NTIC sont ren­dues pos­si­bles par une appro­pri­a­tion de ces mêmes tech­nolo­gies grâce à des usages plus rapi­de­ment adop­tés par un plus grand nombre.

Faire évoluer le modèle actuel

Com­bi­en d’utilisateurs ?
Dans la fil­ière numérique, la tech­nolo­gie reste un vecteur majeur d’innovation, de rup­ture. Cepen­dant, le suc­cès d’une inno­va­tion est de plus en plus éval­ué à l’aune de son adop­tion par son marché. La ques­tion « com­bi­en d’utilisateurs ? » vient avant « com­bi­en de brevets ? ». Les réus­sites de Face­book, Twit­ter, Insta­gram, airBnB et Google, au-delà des algo­rithmes, des data cen­ters et des ingénieurs, sont dues à leurs utilisateurs.

Actuelle­ment, en France, les actions dites de sou­tien-finance­ment de l’innovation sont en fait cen­trées sur la R&D et visent à aug­menter la per­for­mance du ser­vice. Mais ces finance­ments ne sont acces­si­bles qu’à des pro­jets déjà matures, qui peu­vent s’engager dans la durée. Ils ne sont pas tail­lés pour les start-ups. Dans le mod­èle pro­posé, l’action de sou­tien est cen­trée sur l’usage. Car soutenir l’innovation d’usage, c’est per­me­t­tre aux start-ups d’augmenter rapi­de­ment leur valeur et donc de met­tre toutes les chances de leur côté en se lançant sur le marché. L’expérimentation avec les util­isa­teurs a un rôle cen­tral. Il suf­fit de quelques util­isa­teurs cocon­cep­teurs en phase de créa­tion et d’évaluation pour per­me­t­tre au ser­vice de s’améliorer rapi­de­ment et de voir en retour sa base d’utilisateurs se dévelop­per. Dans ce cas, le cycle de pro­duc­tion devient égale­ment beau­coup plus rapi­de, favorisant une mise sur le marché accélérée.

Redéfinir les rôles

Les pou­voirs publics et les acteurs de ter­rain doivent agir ensem­ble, dans une vraie démarche de parte­nar­i­at. À l’État de créer les envi­ron­nements où peu­vent s’élaborer, se tester les nou­veaux modes d’organisation socié­tale et entre­pre­neuri­ale ; de favoris­er les démarch­es mul­ti­ac­teurs. Et surtout, de respon­s­abilis­er les acteurs de ter­rain en les asso­ciant aux initiatives.

27 mil­liards d’euros
Open data désigne un mou­ve­ment de libéra­tion des don­nées. La richesse des infor­ma­tions détenues com­binée à la puis­sance de traite­ment de ces mêmes infor­ma­tions fait entrevoir un large poten­tiel de développe­ment des tech­nolo­gies et des usages asso­ciés. Dès l’année 2005, un rap­port financé par la Com­mis­sion européenne éval­u­ait à 27 mil­liards d’euros le marché européen lié à la réu­til­i­sa­tion des infor­ma­tions publiques. Open data est au cœur de l’innovation et de l’économie numérique de demain.

Sur le ter­rain, il faut met­tre en place les inter­faces entre acteurs, État et marché ; mobilis­er les savoirs et expéri­ences ; et enfin faire remon­ter les sujets en avance de phase, étape essen­tielle pour le développe­ment d’une com­péti­tiv­ité inter­na­tionale. Un exem­ple nous est don­né par le mou­ve­ment open data, enjeu majeur du développe­ment de l’économie numérique : quelles sont ces con­di­tions qui per­me­t­tront d’accélérer le développe­ment des futurs ser­vices ? Au cœur de l’open data – et dans une sem­blable mesure pour les big data –, la valeur est dans l’interfaçage des acteurs, la capac­ité de col­lab­o­ra­tion : l’auteur n’est plus unique mais multiple.

L’innovation ne se lim­ite pas à la tech­nolo­gie, à la R&D

Les acteurs de ter­rain ont la capac­ité de s’organiser pour éla­bor­er des licences col­lec­tives qui pren­nent en compte la col­lab­o­ra­tion et de les pro­pos­er à la puis­sance publique pour les faire recon­naître. Il faut met­tre en place les con­di­tions d’échange et de col­lab­o­ra­tion entre ces dif­férents types d’acteurs.

Nouveaux modèles d’échanges de savoirs

Le sou­tien à la for­ma­tion et au trans­fert intergénéra­tionnel et inter­dis­ci­plinaire des savoirs est indis­pens­able. La rapid­ité de pro­gres­sion des tech­nolo­gies et des usages néces­site une for­ma­tion con­tin­ue et un trans­fert per­ma­nent des savoirs.

Sil­i­con Sentier
Sil­i­con Sen­tier est un réseau français de clus­ters de ressources au ser­vice des entre­pre­neurs des NTIC. Asso­ci­a­tion d’entreprises regroupant cent soix­ante-quinze PME et TPE qui se dévelop­pent dans le domaine des tech­nolo­gies numériques, Sil­i­con Sen­tier pos­sède une équipe de vingt-deux per­ma­nents, avec un bud­get annuel de 2,2 mil­lions d’euros (soit 56 % de fonds publics, 44 % de parte­nar­i­ats privés). Cette équipe ani­me un écosys­tème inté­gré de plus de 12 000 con­tacts mobil­isés pour soutenir active­ment les por­teurs de pro­jets, les créa­teurs d’entreprises à fort poten­tiel et les com­mu­nautés de pra­tiques. Elle s’appuie sur des infra­struc­tures mutu­al­isées, mais aus­si sur un réseau de men­tors experts (entre­pris­es mem­bres, asso­ci­a­tions liées, grandes entre­pris­es parte­naires, acteurs publics) et d’investisseurs internationaux.

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Philippe Cuvil­li­errépondre
13 mai 2012 à 21 h 56 min

« L’expérience de ter­rain, au
« L’expérience de ter­rain, au con­tact des besoins de l’écosystème, et les con­clu­sions tirées des dif­férents dis­posi­tifs ont amené à for­muler un cer­tain nom­bre d’observations utiles dans le cadre d’une réflex­ion générale sur les leviers de l’innovation numérique. »
Bel exem­ple de phrase plus ver­beuse que riche de sens, dont l’ar­ti­cle sem­ble forte­ment maculé.
Per­son­nelle­ment, une telle ode à la généra­tion spon­tanée d’idées, phénomène inédit mais apparem­ment admis, me laisse perplexe

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