Un trésor est caché

Dossier : Économie numérique : Les succèsMagazine N°675 Mai 2012
Par Jean-Pierre DARDAYROL (72)

Haut débit, très haut débit, 4G, 5G, div­i­dende numérique, cloud rebap­tisé « infonu­ag­ique », mal­wares et bot­nets, frac­tures numériques mul­ti­ples, neu­tral­ité, gou­ver­nance, nou­veaux gTLD : un grand nom­bre de débats, de polémiques aus­si, car­ac­térisent la (longue) phase de développe­ment du monde de l’Internet, struc­turent et sou­ti­en­nent sa for­mi­da­ble crois­sance, font la Une des grands médias ou le buzz de mul­ti­ples communautés.

La cou­ver­ture de ces débats est ample dans notre pays, même si cer­tains d’entre eux peu­vent appa­raître comme trop minorés – par exem­ple ceux relat­ifs à la cyber­crim­i­nal­ité, aux avatars futurs de l’Internet des objets et à l’immobilier pour les entre­pris­es du secteur –, ou au con­traire trop hégémoniques.

Cepen­dant, l’un d’entre eux mérit­erait une atten­tion plus glob­ale au-delà des réflex­ions, rich­es et mul­ti­ples, et des actions, sou­vent réussies, qui le con­cer­nent : les don­nées, ou plus exacte­ment la val­ori­sa­tion des don­nées. On pour­rait penser que les don­nées à val­oris­er sont celles du Web immergé, c’est-à-dire celles qui, pour de mul­ti­ples raisons, notam­ment leurs pro­tec­tions tech­niques, ne sont pas acces­si­bles. Elles représen­teraient plus de 90 % des infor­ma­tions, ce qui fait sou­vent com­par­er le Web à un iceberg.

Heureuse­ment, le tré­sor caché de l’Internet est con­sti­tué de don­nées et d’informations acces­si­bles directe­ment. Cepen­dant, des poli­tiques visant à lever les obsta­cles juridiques, cul­turels ou économiques à l’utilisation « opti­male » de cer­taines infor­ma­tions sont néces­saires parce que por­teuses de créa­tion d’activités et d’emplois. Ces don­nées con­stituent un fonci­er fon­da­men­tal pour l’économie numérique, une des grandes ressources du XXIe siè­cle, à l’égal des matières minérales, énergé­tiques ou de l’eau. La capac­ité de cha­cun à les met­tre en valeur pèsera dans la com­péti­tiv­ité des entre­pris­es et des col­lec­tiv­ités : les États-Unis, l’Australie, le Roy­aume-Uni ou les Pays-Bas mon­trent la voie en adop­tant des poli­tiques volon­taristes et pragmatiques.

Pour des raisons his­toriques, ce fonci­er est mal­heureuse­ment grevé de nom­breuses servi­tudes et de con­traintes, tou­jours jus­ti­fiées au moment où elles ont été retenues mais hétérogènes et par­fois dev­enues inadap­tées. Si beau­coup a été fait en ce qui con­cerne la mod­erni­sa­tion du droit des oeu­vres de l’esprit, des don­nées publiques et des don­nées per­son­nelles, il reste encore à faire dans ces secteurs tout en abor­dant d’autres sujets comme celui des don­nées attachées aux objets. À moyen terme, le mou­ve­ment des big data, c’est-à-dire l’exploitation des grands ensem­bles hétérogènes de don­nées – vidéo, sons, etc. – con­train­dra à une approche unifiée et à une poli­tique d’ensemble.

C’est ce tra­vail qui livr­era aux laboureurs de l’Internet son tré­sor caché.

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