Installation de géoénergie à Clamart (Celsius Energy).

SLB : Décarboner dès aujourd’hui le monde de demain !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°788 Octobre 2023
Par Olivier PEYRET

SLB dans le monde et en France se posi­tionne comme un acteur incon­tourn­able de la décar­bon­a­tion. Aujourd’hui, le groupe explore divers­es pistes afin de con­tribuer aux tran­si­tions qui redessi­nent nos sociétés. Olivi­er Peyret, prési­dent France et directeur Nou­velles Éner­gies Europe de SLB, évoque la stratégie dans l’Hexagone et nous en dit plus sur les prin­ci­paux sujets qui mobilisent SLB.

L’activité de SLB est à la croisée des transitions écologique, environnementale, énergétique et climatique. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

Aujourd’hui, le monde doit trou­ver le meilleur équili­bre pos­si­ble entre une demande crois­sante d’énergie et un besoin de sécu­rité énergé­tique, alors que la néces­sité de décar­bon­er nos usages et nos sys­tèmes énergé­tiques se fait pressante. 

SLB, anci­en­nement Schlum­berg­er, se définit comme un acteur clé de cette tran­si­tion. Ce change­ment de nom et d’identité est un mes­sage fort que nous envoyons à toutes les par­ties prenantes de la tran­si­tion et de la décar­bon­a­tion. En effet, nous nous affir­mons comme une entre­prise tech­nologique glob­ale, moteur dans l’innovation énergé­tique œuvrant pour une planète équili­brée. Nous nous appuyons sur deux com­pé­tences fon­da­men­tales : notre fine con­nais­sance du sous-sol et notre exper­tise en matière d’industrialisation technologique. 

À par­tir de là, notre feuille de route en matière de décar­bon­a­tion s’articule autour de qua­tre axes : aider les indus­tries à se décar­bon­er ; pour­suiv­re les efforts de R&D et d’innovation dans le pét­role et le gaz pour réduire les émis­sions durant la péri­ode de tran­si­tion ; dévelop­per des éner­gies nou­velles non car­bonées ; déploy­er le numérique à grande échelle pour opti­miser les proces­sus. Autour des éner­gies nou­velles, nous nous intéres­sons à la géother­mie sous toutes ses formes, au stock­age d’énergie (sous-sol, chaleur, bat­ter­ies…), aux métaux stratégiques comme le lithi­um, au CCUS (Car­bon Cap­ture, Usage and Stor­age) et à l’hydrogène bas carbone.

Dans cette continuité, quels sont votre positionnement et vos activités en France ? 

En France, notre activ­ité est en ligne avec la stratégie du groupe, avec un développe­ment axé autour des nou­velles éner­gies, pour lesquelles nous avons créé deux start-up. La pre­mière, Cel­sius Ener­gy, pro­pose une solu­tion de géoén­ergie, ou géother­mie de sur­face, qui con­tribue à décar­bon­er le chauffage et la cli­ma­ti­sa­tion des bâti­ments. Dans le monde, 50 % de l’énergie est con­som­mée sous forme de chaleur, dont 30 % juste pour chauf­fer (et de plus en plus pour refroidir) les bâti­ments. Or, sous nos pieds, il existe une source infinie, verte et non-inter­mit­tente de chaleur en prove­nance du cœur de la Terre. Quiconque con­necte cette ressource à son bâti­ment fait un grand pas vers la décar­bon­a­tion ! En instal­lant par exem­ple la solu­tion dévelop­pée par Cel­sius Ener­gy à un bâti­ment de notre tech­no­cen­tre de Cla­mart, nous avons divisé par 10 nos émis­sions de CO₂ et réduit de 70 % notre con­som­ma­tion d’énergie. Aujourd’hui, Cel­sius Ener­gy regroupe une cen­taine de per­son­nes et pour­suit son développement. 

La sec­onde start-up est une joint-ven­ture, Gen­via, qui développe une tech­nolo­gie révo­lu­tion­naire d’électrolyseurs pour la pro­duc­tion d’hydrogène vert à coût com­péti­tif. Cette tech­nolo­gie con­somme 20 à 30 % d’électricité en moins que les autres élec­trol­y­seurs disponibles sur le marché pour pro­duire de l’hydrogène. Nous sommes action­naires majori­taires de Gen­via à égal­ité avec le CEA, avec à nos côtés : Vin­ci Con­struc­tion, le cimen­tier Vicat et la Région Occ­i­tanie. Ici, nous nous inscrivons totale­ment dans la stratégie française nationale, mais aus­si régionale, en matière d’hydrogène. Et nous allons encore plus loin en trans­for­mant notre site his­torique à Béziers pour accueil­lir une ligne de pro­duc­tion pilote d’électrolyseurs.

La décarbonation des usages et le développement des énergies nouvelles soulèvent un enjeu de réindustrialisation de notre pays et de territorialisation de l’énergie. Qu’en est-il ? Comment appréhendez-vous ces questions ?

Jusqu’à présent, le monde avait une approche très cen­tral­isée de l’énergie, avec des flux d’énergies fos­siles con­trôlés par les États pro­duc­teurs et con­som­ma­teurs. Ce mod­èle évolue vite car l’énergie de demain a voca­tion à être générée locale­ment, au cœur des ter­ri­toires. L’implication de la Région Occ­i­tanie dans Gen­via en est une illus­tra­tion con­crète. Il y a en effet une volon­té poli­tique des ter­ri­toires et des régions de se réap­pro­prier l’énergie, de la pro­duire et de la génér­er locale­ment afin de dévelop­per un écosys­tème économique et socié­tal qui va con­tribuer à leur attractivité.

En par­al­lèle, tou­jours avec Gen­via, la con­ver­sion de notre site de Béziers s’inscrit dans une démarche d’attractivité économique des ter­ri­toires. Ce site dis­pose désor­mais des sys­tèmes de robo­t­i­sa­tion les plus sophis­tiqués du pays et a même été label­lisé « Vit­rine Indus­trie du Futur ». Mais un indus­triel, aus­si motivé soit-il, ne peut relever tout seul tous les défis de la tran­si­tion et de la réin­dus­tri­al­i­sa­tion tels que l’accès au fonci­er ou la for­ma­tion de main d’œuvre qual­i­fiée. Il est donc indis­pens­able de pou­voir compter sur un écosys­tème local per­for­mant. À ce titre, notre expéri­ence biter­roise est exem­plaire : tous les acteurs publics et privés, qu’ils soient indus­triels petits ou grands, élus locaux ou régionaux, mem­bres de l’Éducation nationale et plus encore, ont créé ensem­ble l’initiative EDEN pour « Écosys­tème Durable et Éner­gies Naturelles ». EDEN accom­pa­gne aujourd’hui le développe­ment de la fil­ière hydrogène et demain d’autres ini­tia­tives indus­trielles dans le cadre de la tran­si­tion énergé­tique et écologique. En moins d’un an, EDEN a su démon­tr­er son effi­cac­ité en alig­nant toutes les énergies ! 

Sur ces sujets, à une échelle européenne, voire mondiale, la France se distingue par la qualité de ses ingénieurs et de ses talents. Comment notre pays peut-il se différencier et affirmer l’excellence de son savoir-faire et de ses compétences en la matière ?

L’excellence et la qual­ité de nos ingénieurs et de nos for­ma­tions font l’unanimité dans le monde entier ! La France est une fab­rique de tal­ents ! Preuve en est le nom­bre de Français à des postes à très hautes respon­s­abil­ités dans notre groupe, en par­tie dans les métiers tech­nologiques. Cela peut s’expliquer par le fait qu’aujourd’hui, la prise de déci­sion busi­ness, économique et même éthique fait appel à des com­pé­tences sci­en­tifiques fon­da­men­tales qui sont le socle de la for­ma­tion général­iste des ingénieurs français. 

Notre enjeu est de con­tin­uer à tra­vailler sur notre attrac­tiv­ité pour attir­er encore plus ces jeunes tal­ents. Pour ce faire, nous facili­tons la mobil­ité géo­graphique et accor­dons une atten­tion par­ti­c­ulière à la mon­tée en com­pé­tences et au « reskilling » de nos ingénieurs. Par exem­ple, une par­tie impor­tante des col­lab­o­ra­tri­ces et col­lab­o­ra­teurs de Gen­via sont des ingénieurs de SLB qui n’avaient pas for­cé­ment de for­ma­tion ou de con­nais­sance du monde de l’hydrogène. Mais parce qu’ils ont un bagage général­iste solide, nos ingénieurs ont pu s’adapter et dévelop­per très rapi­de­ment une exper­tise com­plé­men­taire autour de ces éner­gies émer­gentes. C’est un atout fon­da­men­tal de la France dans la tran­si­tion énergétique.

Au-delà, le développement de nouvelles énergies implique aussi une évolution des compétences, des expertises et des techniques et pose donc un enjeu fort en termes de recrutement et de formation. Comment relevez-vous ce défi au sein de SLB ?

J’ai par­lé de la capac­ité de nos ingénieurs et tech­ni­ciens à s’adapter aux nou­velles thé­ma­tiques. Cela dit, l’hydrogène, la géother­mie, le stock­age d’énergie, l’extraction des matéri­aux stratégiques et la cap­ture du CO2 requièrent aus­si de ren­forcer nos équipes avec des experts et des tal­ents extérieurs qui vont apporter leurs com­pé­tences et con­tribuer aus­si à la for­ma­tion de nos équipes sur ces nou­velles technologies. 

Un enjeu cri­tique pour notre secteur et les fil­ières sci­en­tifiques et tech­niques est par ailleurs de par­venir à attir­er les jeunes ingénieures. Les femmes ne représen­tent que 20 à 25 % des ingénieurs en France. On doit faire beau­coup mieux !

Les indus­triels ont un impor­tant tra­vail de sen­si­bil­i­sa­tion et de péd­a­gogie à men­er pour les faire venir dans nos fil­ières et dévelop­per une cer­taine mix­ité dans nos métiers. Nous prenons par exem­ple part à plusieurs ini­tia­tives portées par des asso­ci­a­tions comme CGé­nial, pour pro­mou­voir la cul­ture sci­en­tifique et tech­nologique auprès des plus jeunes, ou comme Elles Bougent, pour sus­citer des voca­tions féminines pour les métiers d’ingénieurs.

Alors que les nou­velles généra­tions accor­dent une plus grande impor­tance à l’impact socié­tal et envi­ron­nemen­tal de leurs métiers et de leur vie pro­fes­sion­nelle, nous ren­forçons notre mar­que employeur en tant qu’acteur incon­tourn­able de la tran­si­tion et de la décar­bon­a­tion. Nous veil­lons aus­si à pro­pos­er un cadre bien­veil­lant qui val­orise le col­lec­tif et les pris­es d’initiatives indi­vidu­elles, tout en lais­sant à cha­cun la pos­si­bil­ité de co-con­stru­ire son par­cours et sa car­rière en fonc­tion de ses appé­tences. Vous avez envie de dévelop­per les éner­gies de demain ? Rejoignez-nous ! 

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