Promotion 2016 de l'École polytechnique en incorporation à La Courtine

Sept mois dans les forces armées

Dossier : Le Grand Magnan 2017Magazine N°727 Septembre 2017

La for­ma­tion mil­i­taire est un temps fort du cur­sus poly­tech­ni­cien. Voici cinq témoignages de camardes des pro­mo­tions 2015 et 2016. 

Joséphine YATES (16),
stage à l’État-Major de l’OTAN à Naples


Pour Josephine Yates (2016, à gauche), l’avantage indé­ni­able de l’uniforme est qu’il per­met à tous de s’apprivoiser, sans con­sid­éra­tions d’origine.

Arrivée à l’X les poumons gon­flés d’un air nou­veau et d’une appréhen­sion mêlée à une hâte indi­ci­ble, je ne savais pas à quoi m’attendre du point de vue mil­i­taire. La semaine sur le cam­pus a été celle de la décou­verte : rétro­spec­tive­ment avec le prisme de La Cour­tine et de Coëtquidan, ce n’était qu’une esquisse d’initiation mais elle m’a per­mis de me famil­iaris­er et de rem­plac­er cette appréhen­sion par de la joie et un sen­ti­ment d’appartenance.

Je suis par­tie à La Cour­tine avec une moti­va­tion sans lim­ites. La Cour­tine m’a appris énor­mé­ment, tant sur moi que sur la com­mu­nauté. La vie en sec­tion n’était pas tou­jours facile car je suis de car­ac­tère plutôt solitaire. 

Mais l’avantage indé­ni­able de l’uniforme est qu’il per­met à tous de s’apprivoiser, sans con­sid­éra­tions d’origine. J’ai appris à con­naître et suis dev­enue amie avec des per­son­nes vers lesquelles je ne serais jamais allée naturelle­ment, force que je tente de met­tre en oeu­vre main­tenant, sans la facil­ité de l’uniforme.

La Cour­tine fut aus­si le temps des pre­miers dépasse­ments physiques – j’ai des sou­venirs réjouis­sants d’un grisant par­cours d’obstacles en équipe – et des pre­mières nuits en bivouac, entre­coupées de march­es et de récupéra­tions autour du feu. 

LA FORCE DU GROUPE

C’est donc pleine de bonne volon­té et de joie que je suis par­tie pour Coëtquidan. La pre­mière semaine a été un coup dur car le niveau mon­tait man­i­feste­ment d’un cran. Je pense n’avoir jamais si bien com­pris l’importance de la force d’un groupe. 

Avec le sou­tien de ceux que je côtoy­ais nuit et jour, j’ai pu son­der « les con­trées reculées de mon être ». Physique­ment, j’ai réal­isé que le corps n’avait de lim­ite que le men­tal. L’initiation com­man­do suiv­ie d’un raid exténu­ant res­teront ancrés dans mon esprit et dans ma chair. 

À Coëtquidan, je me suis heurtée à une dis­ci­pline qui ne me cor­re­spondait pas de prime abord. Puis, à la réti­cence pre­mière a suc­cédé la joie devant l’esthétique de cette rigueur. Après le mer­veilleux bap­tême de pro­mo­tion, bou­quet final de notre for­ma­tion, j’ai quit­té Coëtquidan avec à la fois le cœur gros et la hâte de décou­vrir la belle Naples. 

DANS LE BAIN DE L’OTAN

J’ai passé qua­tre for­mi­da­bles mois à l’Otan en Ital­ie. J’en ai tiré d’autant plus d’enseignements que c’était après la rus­tic­ité de Coëtquidan. Le milieu inter­na­tion­al me plai­sait tout particulièrement. 

Stagiaires polytechniciens à Coëtquidan
Physique­ment, j’ai réal­isé que le corps n’avait de lim­ite que le mental.

Out­re des mis­sions à l’étranger qui m’ont per­mis de dévelop­per mon adapt­abil­ité, j’ai saisi toutes les oppor­tu­nités pour dis­cuter avec des mil­i­taires de tous hori­zons. J’ai égale­ment été admi­ra­tive devant l’esprit si soudé du con­tin­gent français, qui m’a grande­ment soutenue pen­dant mon séjour. 

De sur­croît, j’ai pu explor­er les rouages d’une organ­i­sa­tion inter­na­tionale dont je suis main­tenant con­va­in­cue de la néces­sité. Je con­sid­ère réelle­ment avoir gran­di grâce à ces mul­ti­ples expériences. 

En sept mois seule­ment, j’ai énor­mé­ment évolué, et je pense être dev­enue plus moi-même. Physique­ment, je me lance beau­coup plus de défis, et je compte trans­fér­er cet esprit com­bat­if à ma vie pro­fes­sion­nelle future. 

Men­tale­ment, je pense avoir acquis une volon­té et une ouver­ture qui me seront néces­saires. Et j’ai acquis une con­nais­sance du milieu de la Défense qui me le rend beau­coup plus sympathique. 

Je pour­rais dire naïve­ment que j’aimerais pou­voir revivre ces quelques mois tant j’en ai tiré d’enseignements mais j’ai appris à aller de l’avant et je compte avancer la tête haute vers les défis qui m’attendent.


Inès FERNANDEZ (16),
stage au ministère des affaires étrangères à Madagascar

Inès Fernandez (2016) prête pour la visite du Président Hollande à Tananarive.
Inès Fer­nan­dez (2016) prête pour la visite
du Prési­dent Hol­lande à Tananarive.

Je me sou­viens encore de mon pre­mier con­tact avec l’armée : c’était le 28 août dernier, date de la ren­trée, et le chef de sec­tion, se référant à ses listes, m’avait attribué un numéro d’unité en ajoutant que je n’étais pas près de l’oublier lorsque je lui avais demandé à quoi il correspondait. 

Il est vrai que je l’ai encore en mémoire sept mois après, alors même que nous sommes tous ren­trés depuis longtemps sur le plateau et que l’environnement strict du début d’année sem­ble déjà bien loin. 

Au cours de notre for­ma­tion mil­i­taire ini­tiale à La Cour­tine, nous avons reçu un enseigne­ment mil­i­taire de base, le monde mil­i­taire étant nou­veau pour la majorité d’entre nous. 

Sor­tant de deux années de classe pré­para­toire, j’étais per­tur­bée par cette ambiance rad­i­cale­ment dif­férente, où des détails – rangers mal cirés, lacets mal faits – sem­blaient avoir une grande impor­tance aux yeux des cadres. 

C’est dans cet envi­ron­nement exigeant que se développe la cohé­sion. Et c’est par cette cohé­sion que se tis­sent des liens durables – et sou­vent inat­ten­dus – au sein d’une section. 

EN FORMATION À SAINT-CYR

Puis cha­cun part vers son lieu de stage (les élèves officiers ayant choisi l’armée rejoignent leur lieu de formation). 

Cours de français aux élèves officiers malgaches.
J’ai eu pour mis­sion prin­ci­pale de don­ner des cours de français aux élèves officiers malgaches.

Ceux d’entre nous ayant choisi l’armée de terre rejoignent Coëtquidan : la for­ma­tion à Saint-Cyr a acquis une cer­taine répu­ta­tion au sein de la com­mu­nauté polytechnicienne. 

Nous arrivons à Rennes dans la soirée du dimanche 2 octo­bre. Le change­ment de sec­tion est per­tur­bant, il faut retiss­er des liens de cohé­sion. Mais l’exigence de la for­ma­tion nous pousse à nous unir à nou­veau pour répon­dre aux attentes de l’encadrement.

Nous suiv­ons des cours sur la tac­tique mil­i­taire, les explosifs, les risques NRBC (nucléaires, radi­ologiques, bac­téri­ologiques, chim­iques). Nous sommes mis en sit­u­a­tion de com­man­de­ment. Sur le plan pra­tique, nous met­tons en oeu­vre les enseigne­ments théoriques pen­dant les terrains. 

La for­ma­tion est physique­ment exigeante, et les moins sportifs d’entre nous pren­nent goût à l’activité physique (par­fois plus par néces­sité que par choix). Out­re le fidèle aperçu de la for­ma­tion des officiers de l’armée de terre, j’ai reçu des enseigne­ments utiles et val­ables au-delà du monde des armées, notam­ment dans le domaine du management. 

Rich­es de ce mois de for­ma­tion sup­plé­men­taire, nous nous séparons une nou­velle fois pour rejoin­dre notre affec­ta­tion des cinq mois suiv­ants. Pour ma part, je me des­tine à par­tir pour la Mis­sion de Défense à Mada­gas­car, avec un autre cama­rade de ma section. 

EN MISSION AUPRÈS DE L’ARMÉE MALGACHE

Visite du Compromo X 16
Vis­ite du com­man­dant de pro­mo X 2016 à Inès.

Nous sommes placés sous l’autorité de l’attaché de Défense, qui a égale­ment sous ses ordres une équipe de coopérants mil­i­taires. Ces derniers accom­pa­g­nent le développe­ment de l’armée mal­gache. Mon tuteur de stage tra­vaille au sein de l’unique cen­tre de for­ma­tion d’officiers du pays. 

Ayant enseigné en France, il fait béné­fici­er les officiers mal­gach­es de son expéri­ence. Au cours de mes cinq mois à ses côtés, j’ai eu pour mis­sion prin­ci­pale de don­ner des cours de français aux élèves officiers mal­gach­es. La coopéra­tion mil­i­taire par­ticipe grande­ment au ray­on­nement de la France à l’étranger et ce fut pour moi un hon­neur d’y contribuer. 

De retour à Paris pour pré­par­er la ren­trée à Palaiseau, j’ai le sen­ti­ment d’avoir servi mon pays et l’envie de con­tin­uer à le faire quel que soit mon futur domaine professionnel. 


Lucas DELCROS (16),
stage au 27e bataillon de chasseurs alpins

Déplacement en ski chez les chasseurs alpins.
Déplace­ment en ski chez les chas­seurs alpins.

Orig­i­naire de l’université, et ayant tou­jours été intéressé par l’armée, j’ai été can­di­dat au con­cours grâce à l’argument de poids qu’est le statut mil­i­taire de l’École polytechnique. 

Si les pre­miers jours de for­ma­tion mil­i­taire ini­tiale à La Cour­tine furent dif­fi­ciles, je me suis rapi­de­ment fait à la rigueur et à la hiérar­chie mil­i­taire et me suis endur­ci physique­ment. Ce pre­mier con­tact avec l’armée m’a motivé à effectuer mon stage dans l’armée de terre. 

Je suis donc par­ti à Coëtquidan avec un quart de la pro­mo­tion. J’y ai reçu une for­ma­tion com­plète de sol­dat et d’officier, mar­quée par du sport, des cours théoriques, du com­bat, de la vie en cam­pagne, des céré­monies et une semaine d’aguerrissement commando. 

Après dix semaines intens­es mais très for­ma­tri­ces, mon choix s’est porté sur le 27e Batail­lon de Chas­seurs Alpins (27e BCA), pres­tigieuse unité d’infanterie spé­cial­isée dans le com­bat en montagne. 

OBSERVATEUR SENTINELLE EN MONTAGNE

Le 27e BCA est sur tous les fronts en ce moment, alter­nant opéra­tions extérieures et mis­sion Sentinelle. 

Chasseurs alpins en montagne J’ai débuté en tant qu’observateur Sen­tinelle, vivant le quo­ti­di­en des sol­dats à Cham­béry pen­dant 4 jours avant de par­tir 3 jours au côté de la Police aux Fron­tières avec la Suisse. 

Sen­tinelle est une mis­sion dif­fi­cile pour le moral des troupes et j’ai vu à quel point l’exemplarité du chef s’impose.

J’ai suivi un mois de for­ma­tion alpine mil­i­taire ini­tiale hiv­er en mon­tagne. J’ai fait du ski (de ran­don­née, de piste, en cordée, de nuit, tir en neige, pas­sages en escalade), j’ai passé une nuit dans un abri sous la neige et j’ai appris les dif­férentes tech­niques de sec­ours en avalanche. 

La mon­tagne est un milieu très exigeant et j’ai eu plusieurs fois l’occasion de me dépass­er physique­ment. Dans les sit­u­a­tions dif­fi­ciles, on doit sou­vent se repos­er les uns sur les autres, c’est l’esprit de cordée. 

L’organisation, l’efficacité et l’entretien du matériel sont pri­mor­diaux. J’ai pu observ­er le com­man­de­ment en sit­u­a­tion dif­fi­cile et mieux me situer par rap­port aux mil­i­taires du rang, véri­ta­ble leçon d’humilité.

DE GAP À ANNECY

Instruction des chasseurs alpins à la vie en campagne.
Instruc­tion à la vie en cam­pagne.

J’ai passé ensuite plus d’un mois à Gap comme chef de groupe à la for­ma­tion de jeunes recrues (ce que l’on appelait autre­fois « les class­es »). J’ai enseigné aux 12 recrues sous mes ordres les rudi­ments de la vie mil­i­taire, la vie en cam­pagne, le tir et le sport. J’ai pu tester mon com­man­de­ment et le perfectionner. 

Pen­dant cette péri­ode aus­si intense pour les recrues que pour les cadres, j’ai com­pris l’importance de l’exigence et de l’exemplarité mais en ai égale­ment vu les lim­ites : ne pas être trop autori­taire et s’adapter aux indi­vidus que l’on com­mande. Si j’ai su tir­er cer­tains vers le haut, j’ai égale­ment vécu des échecs, expéri­ence humaine très forte. 

Mon stage s’est ter­miné à Annecy par plusieurs semaines au bureau opéra­tions et instruc­tions du poste de com­man­de­ment du batail­lon. J’ai créé un out­il infor­ma­tique de ressources humaines et par­ticipé à la for­ma­tion de mil­i­taires souhai­tant mon­ter en grade, ce qui m’a fait com­pren­dre l’importance des rela­tions humaines dans le monde du travail. 

Je sors gran­di de ce stage, ayant beau­coup appris sur moi-même, pris con­fi­ance en moi et dévelop­pé un sens de l’intérêt général. J’ai été impres­sion­né par ces hommes qui don­nent leur vie et par leur sens du devoir. 

J’envisage main­tenant de faire une car­rière dans les armées ou dans la réserve opérationnelle. 

 
Omar ATTIA (16),
stage dans la légion étrangère

Omar Attia (2016)
Omar Attia (2016)

C’est avec une cer­taine exci­ta­tion que j’ai rejoint le cam­pus de l’École, une hâte inde­scriptible mêlée toute­fois à une légère appréhen­sion du monde nou­veau qui m’attendait. Un univers incon­nu s’ouvrait à moi à l’instant même où nous étions arrivés, accueil­lis par une kyrielle de cadres en treillis. 

Au pre­mier garde-à-vous effec­tué, au pre­mier toit for­mé, j’ai su que cette aven­ture mil­i­taire allait être une expéri­ence inédite. Rapi­de­ment, j’ai com­pris que c’est le stage que je voulais faire et que ce serait dif­fi­cile d’y accéder au vu de mon statut d’étranger.

Mais en défini­tive, je n’allais pas être déçu, cette immer­sion a bien valu quelques sac­ri­fices. Six mois extrême­ment intens­es où rigueur, dépasse­ment de soi et esprit de col­lec­tiv­ité ont été les maîtres mots. 

VOYAGE EN TERRA INCOGNITA.

Pourquoi l’armée ? Com­ment pou­vais-je être attiré par ce monde d’actes bruts, réputé non intel­lectuel ? La réponse est sim­ple : vivre quelque chose de nou­veau et d’excitant, créer une réelle césure avec les deux ans de pré­pa dont je sor­tais, voilà ce que je cherchais. 

Mon élan n’a pas été arrêté par les bar­rières qu’imposait mon statut d’étranger ; je n’avais pas accès à la for­ma­tion à Saint-Cyr, porte d’entrée au stage en unité des forces. Faisant tout mon pos­si­ble pour con­va­in­cre mes cadres par ma moti­va­tion, j’ai eu finale­ment la chance d’obtenir ce que je voulais, ce qui m’a valu l’honneur d’être le tout pre­mier inter­na­tion­al de l’X à faire un stage en régiment. 

LA LÉGION, UN CHOIX ÉVIDENT

Aux yeux du néo­phyte de l’armée que j’étais, le choix de la Légion étrangère m’est apparu comme évi­dent : quoi de mieux qu’une troupe d’élite, avec une notoriété la précé­dant même au-delà des fron­tières du pays, pour vivre une expéri­ence mil­i­taire mémorable ? 

C’est ain­si que le 2e rég­i­ment étranger d’infanterie m’a ouvert ses portes bar­ri­cadées. Je n’avais à ce moment aucune idée que ces mêmes légion­naires, qui regar­daient d’un air vague­ment inter­ro­ga­teur mon galon d’aspirant, allaient être mes cama­rades d’armes durant un stage com­man­do en haute mon­tagne et que j’allais vivre avec eux de rudes épreuves qui nous soud­eraient dans l’adversité.

Première section des polytechniciens à l’ESM 4.
Pre­mière sec­tion des poly­tech­ni­ciens à l’ESM 4.

Ces mêmes légion­naires, avec leur képi blanc immac­ulé et leur air mar­tial et impas­si­ble, que je regar­dais en décem­bre avec admi­ra­tion mais non sans une cer­taine crainte, j’allais les quit­ter en avril avec beau­coup de nos­tal­gie et des moments inou­bli­ables en tête. 

J’ai décou­vert grâce à cette expéri­ence d’officier de Légion le revers d’un monde réputé froid, mécanique et injuste­ment hiérar­chisé, où en réal­ité la dimen­sion humaine est omniprésente. 

La sévérité des rela­tions ver­ti­cales est en fait syn­onyme de bien­veil­lance d’un côté, et de loy­auté à toute épreuve de l’autre. J’ai décou­vert non pas des machines de guerre qu’on matraquait d’ordres comme on aimerait bien le croire, mais des légion­naires pas­sion­nés qui, unis par leur dis­ci­pline infail­li­ble et leur fidél­ité, accom­pli­raient volon­tiers l’impossible pour vous s’ils jugent que vous en valez la peine. 

Un stage avec des hauts et des bas, mais haut en rebondisse­ments et haute­ment mar­quant. C’est avec la tête haute que j’en sors et que je compte affron­ter les nom­breux défis qui m’attendent dans la vie, car c’est la leçon que je retiens de ce stage. 

J’espère que mon expéri­ence, grande­ment pos­i­tive, ouvri­ra la voie aux futurs inter­na­tionaux de l’X qui seraient comme moi motivés pour vivre six mois inou­bli­ables dans l’armée.

 
Alexis BACOT (15),

stage en État-Major et à bord d’un sous-marin

Une semaine après les atten­tats de novem­bre 2015 et alors que le prési­dent de la République avait ordon­né une inten­si­fi­ca­tion des frappes con­tre l’État islamique, j’arrivais dans l’état-major pilotant la con­duite des opéra­tions sur les théâtres mil­i­taires irakien et syrien. 

Sur place, une base aéri­enne, une base navale et le groupe aéron­aval en pleine activ­ité m’ont per­mis de voir défil­er un bel échan­til­lon des capac­ités opéra­tionnelles françaises. 

AU COEUR DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE

J’ai tenu à inté­gr­er une cel­lule chargée du ren­seigne­ment mil­i­taire, où j’ai eu la chance d’assurer les fonc­tions d’un lieu­tenant de vais­seau en tant que respon­s­able du suivi de la sit­u­a­tion en Irak. 

Je dis­po­sais ain­si d’images pris­es par satel­lite ou par avion, de rap­ports des divi­sions iraki­ennes sur le ter­rain et d’écoutes élec­tro­mag­né­tiques, mon rôle étant de con­ver­tir ce ren­seigne­ment en con­nais­sance pré­cise de ce qu’il se pas­sait sur le terrain. 

Je devais restituer cette con­nais­sance dans des rap­ports écrits quo­ti­di­ens pour la direc­tion du ren­seigne­ment mil­i­taire et lors de brief­in­gs pour l’amiral et son état-major. Con­crète­ment, cette appré­ci­a­tion de sit­u­a­tion, out­re l’aide à la pré­pa­ra­tion des frappes aéri­ennes, per­me­t­tait d’assurer la sécu­rité des pilotes volant quo­ti­di­en­nement au-dessus du théâtre – ceux-ci devaient savoir où s’éjecter –, mais il s’agissait aus­si d’une mon­naie d’échange avec nos alliés, sus­cep­ti­bles de nous fournir des ren­seigne­ments intéres­sant la sécu­rité de notre territoire. 

Cette immer­sion au coeur de la coali­tion m’a per­mis d’appréhender les enjeux tant mil­i­taires que diplo­ma­tiques de la con­duite des opéra­tions et de l’échange de renseignement. 

Au sein de la cel­lule, nous tra­vail­lions tous les jours sans excep­tion et ter­min­ions par­fois la pré­pa­ra­tion des brief­in­gs tard dans la nuit, mais nous étions pas­sion­nés et portés par une ambiance si effer­ves­cente qu’aux cartes d’état-major se sub­sti­tu­aient par­fois quelques cartes à jouer pour dis­put­er des par­ties de belote nocturnes ! 

Alexis Bacot (2015)
Alex­is Bacot (2015)

SOUS-MARINIER

Après ces quelques mois de tra­vail en état-major, les dernières semaines de mon stage ont été con­sacrées à une expéri­ence plus spé­ci­fique­ment mar­itime : un embar­que­ment à bord d’un sous-marin nucléaire d’attaque.

Héritage du génie naval français, ces sous-marins nucléaires sont les plus petits au monde : 80 mètres de long pour env­i­ron 80 marins à bord. Leur vie est hors du com­mun, leurs métiers sont pas­sion­nants. Sonars, tor­pilles, périscopes, cen­trale nucléaire et renou­velle­ment de l’air sont autant d’organes essen­tiels des entrailles du sous-marin que leurs opéra­teurs respec­tifs m’ont fait décou­vrir avec beau­coup de fierté. 

Et pour­tant, on décou­vre à leur con­tact que la fas­ci­na­tion que sus­cite la sous-mari­nade ne suf­fit pas à faire oubli­er ces longues péri­odes pen­dant lesquelles ils lais­sent femme et enfants à terre. 

Durant ces quelques moments en plongée avec eux, j’ai pu mesur­er la somme de leurs renon­ce­ments, témoignant à mes yeux de leur admirable sens du sac­ri­fice au ser­vice de la France.

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