Science et philosophie

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°603 Mars 2005Par : Alain Stahl (44)Rédacteur : Gilbert BELAUBRE (51)Editeur : Paris – Librairie philosophique J. Vrin – 2004 - 6, place de la Sorbonne, 75005 Paris.

Alain Stahl (44, major de sor­tie) nous offre un ouvrage mon­u­men­tal sous la forme d’une pub­li­ca­tion des Édi­tions philosophiques Vrin et d’un ensem­ble impor­tant d’annexes acces­si­bles sur son site Web.

La bizarrerie des struc­tures académiques héritées du passé a con­duit A. Stahl à soutenir une thèse sci­en­tifique dans un doc­tor­at de “ lettres ”.

Son ouvrage cou­vre le champ com­plet de dis­ci­plines sci­en­tifiques. Il offre une vision ency­clopédique de l’état de la Sci­ence, mais il apporte ce qui manque générale­ment aux ency­clopédies et aux “ atlas ” : une analyse cri­tique des fonde­ments, des hypothès­es et des théories.

Cette dialec­tique de l’auteur avec son sujet relance en per­ma­nence l’intérêt du lecteur qui – c’est mon cas – ren­tre dans ce jeu et fer­raille avec les idées. Cette analyse n’est per­ti­nente que grâce à une assim­i­la­tion com­plète de tous les sujets abor­dés : Stahl a dû acquérir “ tous les savoirs ”, et la con­den­sa­tion de ses exposés sup­pose chez le lecteur une cul­ture sci­en­tifique. Une telle lec­ture n’est acces­si­ble qu’à un pub­lic tel que celui de La Jaune et la Rouge. Notons cepen­dant que les textes les plus ardus se trou­vent dans les Annex­es. Mais l’ouvrage de Vrin est déjà par lui-même une somme imposante. Et pour­tant, la sim­plic­ité et la clarté de l’écriture, la lim­pid­ité de la pen­sée font que le lecteur trou­ve le chemin facile et accom­pa­gne l’auteur en se jouant… Mais voilà qu’il arrive qu’il se retrou­ve tout seul, et qu’il con­state que son guide a con­tin­ué la route, mais plus haut, plus haut, et alors il faut faire l’effort. Mais cet effort est tou­jours récompensé.

Le plus grand bon­heur de ce livre est l’expression des atti­tudes per­son­nelles de l’auteur.

Elles sont affir­mées sans aucune jac­tance. La quête d’une réc­on­cil­i­a­tion de la philoso­phie et de la sci­ence, l’ambition de l’unification de la sci­ence sont exposées comme un besoin pro­fond de l’auteur, mais les hypothès­es et les thès­es qui s’affrontent sont tou­jours exposées dans la clarté. Que l’on espère une uni­fi­ca­tion future du champ de la con­nais­sance, ou que l’on croie que “ les ” sci­ences seront, pour longtemps, peut-être pour tou­jours, réduites à mesur­er et à con­stru­ire le monde à dif­férents niveaux d’échelle, on trou­ve le même enrichisse­ment dans cette pen­sée limpide.

Il n’y a pas, à ma con­nais­sance, d’ouvrage ayant abor­dé de manière aus­si glob­ale et, en même temps aus­si détail­lée, l’état de la sci­ence, et ce que peut en dire une “ philoso­phie de la nature mod­erne ” (sous-titre de l’auteur).

Poster un commentaire