L’islam devant la démocratie

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°687 Septembre 2013Par : Philippe d’IRIBARNE (55)Rédacteur : Alain HENRY (73)Editeur : Paris – Gallimard – 2013 - 5, rue Gaston-Gallimard, 75328 Paris Cedex 07. Tél. : 01 49 54 42 00. Fax : 01 45 44 94 03

Avec ce nou­vel essai, Phi­lippe d’Iribarne pour­suit son voyage à tra­vers les cultures du monde. Mais plu­tôt que d’étudier quelque contrée nou­velle, il inverse sa pers­pec­tive en mon­trant cette fois-ci com­ment l’islam – en tant qu’enseignement se vou­lant uni­ver­sel – a mar­qué d’une même empreinte les cultures des pays où il s’est implanté.

Livre : l'Islam devant la démocratie par Philippe d'IRIBARNECe fai­sant, l’auteur apporte un éclai­rage neuf sur une ques­tion qui sus­cite aujourd’hui des débats très vifs : y a‑t-il une contra­dic­tion entre l’univers de pen­sée isla­mique et les idées démocratiques ?

Phi­lippe d’Iribarne, habi­tué à arpen­ter les cultures, n’ignore pas que les pays musul­mans sont divers, aus­si divers que l’ont été leurs cultures pré­is­la­miques et leur his­toire. Mais, appli­quant à divers aspects du monde isla­mique sa pré­ci­sion exé­gé­tique habi­tuelle, il montre l’existence d’une marque qui leur est com­mune : l’expression constante d’une « noire vision du doute et du débat », liée à « une soif de cer­ti­tude » et à une sacra­li­sa­tion de « l’unité de la communauté ».

Cette oppo­si­tion est au centre du Coran. Il ne s’agit pas de quelques cita­tions habi­le­ment pré­le­vées, mais d’une oppo­si­tion consti­tu­tive du texte (mar­quant par là une nette dif­fé­rence avec le monde des Évan­giles, qui admet sans cesse le doute et les diver­gences entre disciples).

Phi­lippe d’Iribarne retrouve cette oppo­si­tion dans les tra­di­tions de la phi­lo­so­phie isla­mique, jusque chez des pen­seurs – tel Aver­roès – répu­tés proches du monde occi­den­tal. Aujourd’hui, par­de­là dif­fé­rentes accep­tions de la Sha­riah, elle imprime sa marque à la concep­tion du droit. Enfin, l’auteur en retrouve encore la logique dans le cadre laïque du mana­ge­ment des entreprises.

Une longue fré­quen­ta­tion des faits cultu­rels per­met à Phi­lippe d’Iribarne de s’affranchir des cer­taines idées reçues de la socio­lo­gie et de s’appuyer sur une vision nou­velle de la culture. Il montre l’existence d’une force de gra­vi­té, pla­cée au coeur de l’islam, qui, com­po­sant sans cesse avec d’autres forces, éclaire les mou­ve­ments des socié­tés qui s’en réclament.

L’ouvrage ne pré­tend pas pré­voir ce qui peut adve­nir diver­se­ment des visions du monde isla­mique sur le débat démo­cra­tique. Mais il jette sur cette ques­tion une lumière éclatante.

Poster un commentaire