Siméon-Denis Poisson

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°700 Décembre 2014Par : Yvette KOSMANN-SCHWARZBACHRédacteur : Alexandre MOATTI (78)Editeur : Les Éditions de l’École polytechnique – 2014 – route de Saclay, 91128 Palaiseau Cedex.

Bonne idée qu’a eue Mme Kos­mann- Schwarz­bach, pro­fes­seure hono­raire de l’École poly­tech­nique, de rendre hom­mage au mathé­ma­ti­cien Siméon-Denis Pois­son (1781−1840, X 1798) en réédi­tant un tra­vail col­lec­tif que lui avaient consa­cré, à l’occasion du bicen­te­naire de sa nais­sance en 1981, trois scien­ti­fiques pres­ti­gieux aujourd’hui dis­pa­rus (Michel Méti­vier, Pierre Cos­ta­bel, Pierre Dugac) – et en le com­plé­tant par des articles de cher­cheurs actuels.

La ving­taine d’articles ain­si réunis consti­tue un ensemble… dense, acces­sible à un lec­teur féru d’histoire des sciences et de mise en pers­pec­tive avec les connais­sances mathé­ma­tiques et phy­siques les plus récentes (ce qui est plus rare­ment fait, et l’est avec bon­heur dans cet ouvrage).

Car, s’il a pu être repro­ché sans ver­gogne à Pois­son, de son vivant puis plus tard, par Maxi­mi­lien Marie (X 1838) dans son His­toire des mathé­ma­tiques, d’être touche-à- tout et par sur­croît de com­pli­quer les sujets qu’il tou­chait – un comble ! – il est clair, avec cent soixante-dix ans de recul à pré­sent, que Pois­son a lais­sé une marque indé­lé­bile dans de nom­breux domaines :

  • la loi de Pois­son en probabilités,
  • la nota­tion dite cro­chet de Pois­son (un hame­çon ?) ou le coef­fi­cient d’élasticité trans­verse de Pois­son en mécanique,
  • la tache de Pois­son en optique (qui don­na du fil à retordre à Fresnel !)
  • et bien sûr l’équation de Pois­son (équa­tion aux déri­vées par­tielles de type ΔΦ = f, où Φ peut être un flux, un poten­tiel, et f est une fonc­tion) en phy­sique mathé­ma­tique, indis­pen­sable en élec­tro­sta­tique et en théo­rie de la gravitation.

L’ouvrage com­porte à la fois des articles de haut niveau mathé­ma­tique (pour ama­teurs de groupes de Lie et de géo­mé­trie sym­plec­tique) et des articles mêlant his­toire, poli­tique et science qui nous replongent dans cet âge d’or de la science en France – coïn­ci­dence, il cor­res­pond à peu près aux dates de la car­rière de Poisson.

Comme l’écrit Cos­ta­bel avec élé­gance, l’œuvre de Pois­son « s’étendit sur une trop longue durée pour ne pas pré­sen­ter autre chose que des élé­ments posi­tifs » : cet ouvrage com­plet et équi­li­bré nous per­met de faire la part des choses, d’y trou­ver un bilan posi­tif et enfin de sai­sir com­ment des idées et nota­tions arrivent à matu­ri­té bien après la mort de leur concep­teur, pour être cou­ram­ment uti­li­sées dans la science contemporaine.

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