LE PEINTRE, L’AMOUR, LA MORT

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°647 Septembre 2009Par : Brigitte Olivier-CyssauRédacteur : Michel de COLNET général de division (C.R.)

Couverture du livre Le peintre, l'Amour, la MortPeintre à la voca­tion pré­coce, Hen­ri Regnault, fils du chi­miste Vic­tor Regnault (X1830), choi­sit la voie royale du prix de Rome qu’il obtient à l’unanimité en 1866. La Vil­la Médi­cis, Madrid, Gre­nade, Tan­ger, son iti­né­raire guide l’évolution de son art autant que son ins­pi­ra­tion épouse son itinéraire.

C’est pour l’auteur l’occasion d’évoquer le Paris des beaux-arts sous le Second Empire, l’Académie de France à Rome, capi­tale d’une Ita­lie toute neuve, la révo­lu­tion madri­lène du géné­ral Prim et le fas­ci­nant Tan­ger, porte de l’Orient. Alors que la célé­bri­té d’Henri Regnault explose au Salon de 1870 avec sa Salo­mé et qu’il se fait construire au Maroc l’atelier de ses rêves, le jeune peintre, bien que dis­pen­sé d’obligations mili­taires, rentre immé­dia­te­ment en France pour par­ti­ci­per à la défense natio­nale et tombe à vingt-sept ans au der­nier com­bat du siège de Paris, apo­théose d’une vie fulgurante.

Avec Le Peintre, l’Amour, la Mort le lec­teur part à la décou­verte d’un des­tin digne des épo­pées anciennes : Roland à Ron­ce­vaux ou mieux encore Achille sous les murailles de Troie, Achille qui a si magni­fi­que­ment ins­pi­ré le jeune Regnault lors du Concours de Rome sur le thème Thé­tis appor­tant à Achille les armes for­gées par Vul­cain.

Comme le neveu de Char­le­magne, comme le fils de Thé­tis et de Pélée, Hen­ri Regnault est allé jusqu’au bout de ses rêves dans la fidé­li­té à l’honneur et au prix de sa vie. Bri­gitte Oli­vier-Cys­sau fait par­ta­ger au lec­teur avec com­pé­tence et pas­sion les émo­tions artis­tiques et intimes de son héros, dans une conni­vence qui donne à son livre un charme ori­gi­nal tout en éveillant le désir de redé­cou­vrir l’oeuvre d’Henri Regnault, brû­lant témoi­gnage d’un amour inas­sou­vi du monde et de l’existence. Car c’est à la toile, d’abord et sur­tout, que le peintre confie ce qu’il n’a pas pu, pas osé ou pas vou­lu dire. Peur de la mort, vio­lence du désir, aspi­ra­tion vers l’au-delà, la toile révèle l’homme au-delà des mots et des actes.

Certes depuis la mort d’Henri Regnault les condi­tions de vie ont chan­gé, mais pas la condi­tion humaine, l’art ne cesse de nous le rap­pe­ler. En ce sens le livre de Bri­gitte Oli­vier- Cys­sau donne aus­si envie de regar­der la pein­ture autre­ment. C’est pour le lec­teur un attrait supplémentaire.

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