DVD les quatre symphonies de Schumann

Robert SCHUMANN : les quatre symphonies

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°723 Mars 2017Par : Paavo Järvi à la direction du Deutsche Kammerphilharmonie de BrêmeRédacteur : Marc DARMON (83)Editeur : Trois DVD ou un Blu-ray C Major

On a l’habitude de sous-éval­uer, voire de dén­i­gr­er l’œuvre sym­phonique de Schu­mann. Il faut recon­naître que le roman­tique Schu­mann (comme Schu­bert avant lui) s’est surtout mag­nifique­ment illus­tré dans les œuvres pour le piano, les lieder et la musique de chambre. 

Com­pos­er des sym­phonies après Beethoven était impres­sion­nant, il est vrai. On a reproché égale­ment à ces sym­phonies une orches­tra­tion mal­adroite. Mahler s’est même sen­ti obligé de les réorchestr­er (très réussi). 

Le film que Paa­vo Järvi a fait réalis­er dans des con­di­tions incroy­ables fera taire tous ces com­men­taires, tant l’inventivité de l’interprétation et l’allègement de la struc­ture orches­trale met­tront tout le monde d’accord sur la qual­ité de chefs‑d’œuvre que sont ces qua­tre symphonies. 

Ces sym­phonies imagées (la pre­mière se surnomme Le Print­emps, la troisième Rhé­nane) sont inven­tives, rich­es, archi-roman­tiques, pleines de vie et d’esprit. Par exem­ple, le flux orches­tral du début de la sym­phonie Rhé­nane fait penser au bouil­lon­nement du Rhin, le Rhin dans lequel Schu­mann se jet­tera qua­tre ans plus tard. 

Notons pour l’anecdote que le choral de cuiv­res de la qua­trième sym­phonie a été repris par Wag­n­er dans Par­si­fal (et non le con­traire comme a ten­té de le faire croire Järvi à son orchestre durant les répétitions). 

L’idée ini­tiale de cette pro­duc­tion est un film péd­a­gogique sur les sym­phonies de Schu­mann. Très intéres­sant, il présente l’histoire de Schu­mann et mon­tre Järvi présen­tant les œuvres, exem­ples musi­caux à l’appui, avec des extraits des sym­phonies filmées dans un espace orig­i­nal, un grand hangar du Pier 2 du port de Brême, plus util­isé pour les con­certs pop et rock que pour la musique clas­sique, entière­ment amé­nagé pour l’occasion.

L’intérêt du DVD (et mieux encore, du Blu-ray) est l’interprétation inté­grale des qua­tre sym­phonies, mais dans des con­di­tions de qual­ité visuelle et acous­tique remar­quables car prévue ini­tiale­ment pour illus­tr­er le film péd­a­gogique. Les images, couleurs et les con­trastes sont superbes, le son vrai­ment très bien enreg­istré (vingt-deux micros, vingt-deux pistes, par­fait). Et ce qu’il y a à voir et enten­dre est remarquable. 

En effet, Paa­vo Järvi nous inter­prète ces sym­phonies avec l’orchestre idéal, au bon for­mat, véri­ta­ble Ensem­ble de taille inter­mé­di­aire (qua­tre con­tre­bass­es seule­ment) qui dégraisse la tex­ture orches­trale et qui fait ressor­tir l’originalité de l’orchestration, très réussie con­traire­ment à la rumeur publique. 

Avec des tem­pos sou­ples, jamais figés, Järvi sait être tan­tôt léger, très léger, tan­tôt au con­traire pro­fond, vari­ant con­tinû­ment les cli­mats. Surtout depuis son pas­sage à la tête de l’Orchestre de Paris, Paa­vo Järvi est désor­mais plus con­nu que son père, le chef boulim­ique d’enregistrement Neeme Järvi. 

C’est un des meilleurs chefs actuels, cet enreg­istrement le prouve.

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