Robert Schumann : concerto pour piano

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°636 Juin/Juillet 2008Par : Martha Argerich, piano Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, Riccardo ChaillyRédacteur : Marc DARMON (83)

Coffret du DVD Concerto pour piano de SchumannCe Con­cer­to en la mineur est à la fois un des con­cer­tos les plus impor­tants du réper­toire et une œuvre clé de l’œuvre de Schu­mann. Le com­pos­i­teur le com­mença en 1840, l’année où son amour pour Clara Wieck put enfin se réalis­er, l’année où il com­pose nom­bre d’œuvres clés, dont de nom­breuses pièces pour piano et cycles de lieder. Ce con­cer­to est en trois mou­ve­ments, comme ceux de Mozart et Beethoven. Mais le mou­ve­ment médi­an n’est pas un mou­ve­ment lent. C’est en fait un scher­zo dont la par­tie cen­trale est un andan­ti­no. Il com­porte donc les qua­tre temps d’une sym­phonie, si bien qu’on peut con­sid­ér­er qu’il s’agit aus­si des pre­miers pas de Schu­mann dans l’univers symphonique.

Comme bon nom­bre de ses meilleures œuvres, le con­cer­to de Schu­mann est un hom­mage per­ma­nent à Clara et à son amour pour elle. Le thème ini­tial est même la tran­scrip­tion en nota­tion ger­manique de son nom. Clara, désor­mais Clara Schu­mann, créa le con­cer­to en 1845 et l’interpréta tout au long de sa vie, plus de trente ans après la mort de son mari. Si Clara Schu­mann est, selon de nom­breux témoins de l’époque, la plus grande femme pianiste du XIXe siè­cle, Martha Arg­erich est con­sid­érée par beau­coup comme la plus impor­tante femme pianiste actuelle. Il n’est pas éton­nant qu’elle adore le con­cer­to de Clara, et qu’elle y excelle.

Le con­cert de 2006 repro­duit ici réu­nit Martha Arg­erich, l’Orchestre du Gewand­haus de Leipzig, un des tout pre­miers orchestres au monde, et son nou­veau chef, Ric­car­do Chail­ly, qui a longtemps dirigé un autre des plus grands orchestres mon­di­aux, celui du Con­cert­ge­bouw d’Amsterdam. Ce con­cert est mag­nifique. C’est une grande per­for­mance de la pianiste et la direc­tion est pré­cise et raf­finée, ce qui n’est pas tou­jours le cas pour des accom­pa­g­ne­ments de con­cer­tos. Il est aus­si par­faite­ment enreg­istré (cela rend jus­tice au son chaud de l’orchestre et au touch­er d’Argerich) et filmé. L’image mon­tre de façon per­ti­nente et très réussie les instru­ments (superbes bois !) et le clavier. Elle ne cache rien non plus de ce qui rend la pianiste excep­tion­nelle, notam­ment son jeu con­tinû­ment sur le fil du rasoir, jouant à l’extrême bout des touch­es pour aug­menter la puis­sance, au point qu’on a peur pour elle qu’elle manque cer­taines notes, ce qui n’arrive naturelle­ment jamais.

Le con­cert est com­plété par un long doc­u­men­taire sur l’œuvre, très intéres­sant et très bien illus­tré. EuroArts édite d’ailleurs d’autres DVD sur le même principe d’un con­cert asso­cié à un doc­u­men­taire très instruc­tif : Sym­phonie du Nou­veau Monde, par C. Abba­do, Con­cer­to pour orchestre de Bar­tok que l’on recom­mande également.

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