Escalier Lozère - relier Paris et le plateau de Saclay

Relier le plateau de Saclay par tous les moyens possibles

Dossier : OIN Paris-SaclayMagazine N°774 Avril 2022
Par François BERTRAND (94)
Par Ulysse HENNEBELLE (2020)
Par Baptiste MICHELI (2020)

Le départe­ment joue un rôle déter­mi­nant dans l’aménagement du plateau et dans ses con­nex­ions avec son envi­ron­nement économique, humain et urbain. Une généra­tion plus avant, le plateau était isolé. Ce n’est absol­u­ment plus le cas et la réus­site est flagrante.

Quel est votre parcours ? Pourquoi ce poste aujourd’hui ?

Je suis entré à l’École en 1994. À l’X, motivé par l’incroyable pro­fesseur Jean Salençon, j’étudie surtout la mécanique et je pense à par­tir dans la recherche. Je rejoins cepen­dant le corps des Ponts et Chaussées et m’oriente alors vers le ser­vice pub­lic, avec un DEA d’urbanisme. De l’X, je retiens l’importance du dia­logue entre l’expertise sci­en­tifique et l’expérience de ter­rain, afin de pou­voir fournir une juste appré­ci­a­tion tech­nique. Je com­mence ensuite une car­rière d’ingénieur de la fonc­tion publique, avec de nom­breux postes en admin­is­tra­tions décon­cen­trée et cen­trale dans les domaines des trans­ports, de l’aménagement et du loge­ment. Actuelle­ment je tra­vaille au con­seil départe­men­tal de l’Essonne, plus pré­cisé­ment je suis directeur adjoint « ter­ri­toires et mobil­ités ». Aupar­a­vant j’étais sous-directeur « amé­nage­ment durable », qui exerce la tutelle de l’Établissement pub­lic d’aménagement du plateau de Saclay (Epaps).


Repères

La gou­ver­nance de l’Établissement pub­lic d’aménagement (EPA) Paris-Saclay est con­sti­tuée d’un con­seil d’administration qui compte 20 mem­bres appar­tenant à l’État, aux col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales ou étant des per­son­nal­ités qual­i­fiées. Le con­seil d’administration est dirigé par un prési­dent. L’EPA dis­pose d’un directeur général. Les dif­férentes instances sont régulées par une agence compt­able. L’agence compt­able est chargée de con­trôler le respect du code des marchés et des règles de la compt­abil­ité publique. Il existe égale­ment un con­trôle général, économique et financier. L’EPA Paris-Saclay dis­pose d’une équipe de 80–90 per­son­nes mobil­isées pour traduire en actions opéra­tionnelles et en ini­tia­tives les ori­en­ta­tions fixées par le con­seil d’administration.


Quelles sont vos missions aujourd’hui ?

J’encadre les équipes du con­seil départe­men­tal dans les domaines du trans­port et du loge­ment, mais aus­si du numérique par exem­ple, avec le déploiement de la fibre optique. Cela représente 140 per­son­nes. En ter­mes de pro­jet, nous tra­vail­lons actuelle­ment au réamé­nage­ment de la RN 20, nous avons égale­ment lancé un grand pro­gramme d’aide à la réno­va­tion énergé­tique des loge­ments et con­cevons le plan vélo du départe­ment. Con­cer­nant la fibre optique, dans cer­taines par­ties du départe­ment, notam­ment vers le sud, le câblage n’est pas pris en charge par des opéra­teurs privés, alors c’est à nous de le met­tre en place. Pour les pro­jets déjà réal­isés, on peut pass­er aux trans­ports en com­mun en site pro­pre, comme les lignes 91.06 ou 91.10 qui par­tent de Massy-Palaiseau et desser­vent le plateau par des voies réservées.

Pour parler du plateau, quel est le rôle du conseil départemental dans l’aménagement du plateau ? 

Nous sommes par­tie prenante du con­seil d’administration de l’Établissement pub­lic d’aménagement du plateau de Saclay et nos élus sont des élus de ce ter­ri­toire, par exem­ple le maire de Gif-sur-Yvette, Michel Bour­nat, qui est vice-prési­dent du con­seil départe­men­tal de l’Essonne. Nous accom­pa­gnons le pro­jet en maîtrise d’ouvrage : on va con­stru­ire des écoles, des casernes, et des routes sont à amé­nag­er… Enfin, nous par­ticipons au « lob­by­ing », en met­tant en avant les intérêts du ter­ri­toire face aux autres parte­naires. La ligne 18 a été au cen­tre de notre action ; il s’agissait de s’assurer que la ligne desserve cor­recte­ment le plateau, qui a quand même pour ambi­tion d’être un hub mon­di­al de recherche.

Certains militants pensent que la ligne n’aide pas les habitants du plateau, mais sert uniquement à l’urbanisation ; qu’en pensez-vous ? 

Si l’on souhaite avoir de vrais quartiers urbains sans voitures dans tous les sens, avec des accès aux ser­vices et à la métro­pole, la ligne 18 est com­plète­ment jus­ti­fiée. On ne peut pas oppos­er les gens à ce pro­jet. Ce dernier desservi­ra des gens qui vont vivre et tra­vailler sur le plateau ! Les nou­veaux quartiers du pro­jet sont des quartiers de gare, dens­es, qui vont accueil­lir des mil­liers d’usagers (60 000 usagers à l’horizon 2026 sur le cam­pus urbain).

Y a‑t-il un risque que l’aménagement du plateau soit déconnecté de ses fonctions et de ses habitants initiaux ? C’est un plateau agricole, à la base… 

C’est à l’Epaps de répon­dre à ces ques­tions. On peut quand même not­er la présence de zones agri­coles pro­tégées, ce qui mar­que une par­tic­u­lar­ité du plateau.

“La ligne 18 a été au centre de notre action pour desservir correctement le plateau.”

Quelle est votre vision à long terme pour le plateau ? Qu’est-ce qui doit évoluer ? 

Ce qui va suiv­re n’engage que moi. Per­son­nelle­ment, X94, j’ai con­nu le plateau avec Poly­tech­nique. Point. Pen­dant les grèves de 1995, on se sen­tait vrai­ment coupé du monde. Aujourd’hui, l’aménagement du cam­pus et du plateau n’a rien à voir avec son état d’il y a vingt-cinq ans. Je ne sais pas si tout le monde mesure la réus­site col­lec­tive de l’État, des col­lec­tiv­ités, des uni­ver­sités et des entre­pris­es. Mon­ter en si peu de temps un pôle mon­di­al de recherche, avec de belles entre­pris­es français­es, dans un cadre urbain mod­erne de qual­ité, c’est vrai­ment un pro­jet extra­or­di­naire. Je dirais que le plateau manque encore un peu de vie sociale, mais cela est amené à se dévelop­per naturelle­ment. Le point clé : c’est un plateau. L’accessibilité, la con­nex­ion avec la métro­pole doivent être ren­for­cées et mobilis­er notre atten­tion. J’imagine que vous mon­tez sou­vent les march­es de Lozère ?

À vrai dire, le bus 91.06 nous amène directement sur le campus désormais… 

Je vois… En tout cas la sit­u­a­tion géo­graphique est un vrai sujet de tra­vail. Par exem­ple, il va fal­loir ren­forcer la capac­ité de la RN 118 en ouvrant des voies pour les bus. Le sujet des trans­ports sera une réflex­ion per­ma­nente : il fau­dra tou­jours les dévelop­per en pro­por­tion de l’activité du plateau.

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