Ensemble pour un transport ferroviaire plus durable et plus vert

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°772 Février 2022
Par Raphaël DOUTREBENTE (E2018)

Dans cet arti­cle, Raphaël Doutrebente (E2018), prési­dent d’Europorte, nous présente cet acteur majeur du trans­port fer­rovi­aire en France. Il nous en dit aus­si davan­tage sur leur ambi­tion de dévelop­per un trans­port fer­rovi­aire plus durable.

Quel est le positionnement d’Europorte dans le monde ferroviaire ?

Euro­porte est une entre­prise fer­rovi­aire française fil­iale du groupe Getlink, précédem­ment nom­mé Groupe Euro­tun­nel. Nous sommes aujourd’hui un acteur majeur de la trac­tion fer­rovi­aire en France, en Alle­magne, et en Bel­gique. Et nous avons des trafics qui arrivent jusqu’en République Tchèque. Avec la col­lab­o­ra­tion active de près de 900 per­son­nes, nous réal­isons un chiffre d’affaires de l’ordre de 123 mil­lions d’euros (en 2020), et avons un Ebit­da de 28 mil­lions d’euros, soit une hausse de 17 % par rap­port à 2019, mal­gré la crise de la Covid.

Au pre­mier semes­tre 2021, nous avons réal­isé un chiffre d’affaires de 66 mil­lions d’euros, soit une hausse de 14 % par rap­port au pre­mier semes­tre 2020 et un Ebit­da de 14 mil­lions d’euros, une hausse de 42 %.

“Acteur de la mobilité et du transport éco-responsable en Europe, Europorte intègre au cœur de sa stratégie les enjeux sociaux, environnementaux et sociétaux.”

Nos clients appré­cient la qual­ité de notre ser­vice, le respect des règles de sécu­rité et la disponi­bil­ité de nos équipes 24 heures/24 et 7 jours/7. Notre dif­férence est pré­cisé­ment l’engagement des équipes auprès des clients. Grâce à une flotte de 80 loco­mo­tives, Euro­porte assure 100 % des flux du Groupe Lafarge et Exxon, 68 % des flux chimie du Groupe Total­En­er­gies, 100 % des flux du Groupe Lhoist à des­ti­na­tion de la sidérurgie alle­mande, ain­si que les flux de céréales pour le Groupe Souf­flet et tant d’autres. Notre activ­ité s’articule autour de deux métiers complémentaires :

les instal­la­tions ter­mi­nales embranchées (ITE) qui sont les activ­ités de trac­tion et de logis­tique fer­rovi­aire à des­ti­na­tion des industriels ;

la ges­tion des infra­struc­tures fer­rovi­aires que nous effec­tuons pour SNCF Réseau sur cer­taines lignes dans l’Est et en Hauts-de-France.

Il s’agit donc d’un ensem­ble d’activités cohérentes et d’une stratégie réussie qui nous ont per­mis de croître de manière soutenue et rentable depuis cinq ans. Aujourd’hui, Euro­porte est la seule entre­prise prof­itable sur le marché. Pour­tant, il s’agit d’un secteur his­torique­ment défici­taire, notam­ment en rai­son des dif­férents acteurs qui pen­dant longtemps ont réal­isé des ventes à des niveaux très bas, au détri­ment de la valeur. Euro­porte a su rester sur un sché­ma qual­i­tatif : sécu­rité, fia­bil­ité et crois­sance régulière et rentabilité.

Europorte est aujourd’hui au service de l’industrie dans le cadre d’un plan de croissance verte. Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet ?

Acteur de la mobil­ité et du trans­port éco-respon­s­able en Europe, Euro­porte intè­gre au cœur de sa stratégie les enjeux soci­aux, envi­ron­nemen­taux et socié­taux. Le fret fer­rovi­aire s’inscrit par­faite­ment dans les réformes cli­mat et trans­port au niveau européen. Nous cir­cu­lons en autonomie en France, en Bel­gique et en Alle­magne et nous avons la forte ambi­tion de devenir pio­nniers des trafics élec­triques et des car­bu­rants verts. Aujourd’hui, 80 % de nos plans de trans­port (trains) cir­cu­lent sous caté­naire. Il y a un principe de réal­ité dans notre méti­er : si nous optons pour l’électricité comme source d’énergie, celle-ci doit être issue d’une source pro­pre et durable.

Par ailleurs, puisque plusieurs de nos col­lab­o­ra­teurs ont des mis­sions qui néces­si­tent des déplace­ments fréquents, nous avons mis en place un parc auto­mo­bile con­sti­tué de véhicules 100 % élec­triques et hybrides. Au niveau du groupe, nous appliquons une lim­ite, assez stricte, de rejet de CO2 par véhicule. Cela nous per­met donc de nous inscrire de manière durable dans cette démarche éco respon­s­able comme l’énergie nucléaire. Chez Euro­porte, nous con­sid­érons que le défi envi­ron­nemen­tal ne peut être résumé à la sim­ple inten­tion « green­wash­ing ». Il doit être une réal­ité au ser­vice d’un trans­port durable.

Vous avez aussi en 2021 réalisé une expérimentation pour l’utilisation d’Oleo100. De quoi s’agit-il ?

Nous avons, en effet, été la pre­mière entre­prise fer­rovi­aire à rem­plac­er des trafics diesel par de l’Oleo100, car­bu­rant de type B100 entière­ment issu de colza français, fab­riquée par le groupe Avril. Le colza est cul­tivé, récolté et trans­for­mé en France. Il n’a pas besoin d’être irrigué. 

Et, en matière d’écologie, il nous per­met d’avoir un traf­ic décar­boné à 100 %. 

Nous avons lancé cette expéri­men­ta­tion en juil­let 2021 pour une durée de six mois, sur les lignes reliant Nogent-sur-Seine à Dunkerque et à Sot­teville-lès-Rouen, en prenant nous-même nos risques vis-à-vis des con­struc­teurs de loco­mo­tives en cas d’incident sur les machines. Il s’est avéré que cette expéri­ence a été une véri­ta­ble réus­site avec une baisse de con­som­ma­tion remar­quable par rap­port au diesel. Nous espérons prochaine­ment pou­voir rem­plac­er davan­tage de trafics diesel par de l’Oleo100.

Parmi les autres enjeux concernant votre secteur, il y a aussi la digitalisation. Qu’en est-il ?

Tout le monde en con­vient, la dig­i­tal­i­sa­tion et la dura­bil­ité sont aujourd’hui étroite­ment liées.

que diplômé de l’Executive Mas­ter de l’École poly­tech­nique, j’ai été à l’initiative d’une chaire de recherche sur la main­te­nance pré­dic­tive avec le Pro­fesseur Éric Moulines.

L’idée con­siste à analyser les pannes immo­bil­isantes de nos loco­mo­tives en recher­chant les signes avant-coureurs dans des mass­es de don­nées qui « tombent » toutes les 43 sec­on­des. L’enjeu est de dévelop­per une méth­ode fine qui représen­tera une véri­ta­ble inno­va­tion de rup­ture en ter­mes de main­te­nance pré­dic­tive. L’idée étant de pou­voir ren­dre les machines plus fiables, en ce qui con­cerne les bat­ter­ies, les moteurs et les organes de sécurité.

Vous êtes également porte-parole de la coalition 4F. De quoi s’agit-il ?

Le trans­port fer­rovi­aire souf­fre d’un manque d’investissement depuis près de 30 ans. Pour­tant, l’industrialisation de notre pays en dépend ! Si le réseau fer­ré n’est pas au ren­dez-vous, nous ne pour­rons pas tenir nos objec­tifs d’industrialisation. J’ai été sig­nataire, au nom de 4F, avec notam­ment SNCF Réseau, Denis Choumert, prési­dent de l’AUTF et le min­istre des Trans­ports le 17 sep­tem­bre 2020, d’un pacte fer­rovi­aire qui engage l’ensemble des acteurs de la fil­ière à dévelop­per le fret fer­rovi­aire et notam­ment un fret fer­rovi­aire décar­boné. En cette veille d’élection, il est impor­tant de con­sid­ér­er que les engage­ments en matière de fret fer­rovi­aire doivent être respec­tés. Bien sûr, cela passe par le respect de la loi Cli­mat et Résilience avant tout !

“Il y a un principe de réalité dans notre métier : si nous optons pour l’électricité comme source d’énergie, celle-ci doit être issue d’une source propre et durable.”

La coali­tion 4F « Fret Fer­rovi­aire Français du Futur » est une alliance inédite qui réu­nit tous les acteurs de la fil­ière en France afin de struc­tur­er un ensem­ble de mesures néces­saires à la sauve­g­arde et au développe­ment du fret ferroviaire. 

Cette coali­tion a pour ambi­tion de dou­bler la part de marchan­dis­es trans­portées par le rail d’ici 2030. 

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