Réhabiliter les biens anciens d’exception, sauvegarder le patrimoine français

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°756 Juin 2020
Par Pierre-Olivier THIBAULT (80)

Fil­iale du groupe Altarea Coged­im depuis 2014, His­toire & Pat­ri­moine est un des spé­cial­istes de la réno­va­tion du pat­ri­moine ancien bâti en France. Pierre-Olivi­er Thibault (80), son Directeur Général, nous en dit plus.

Histoire & Développement a développé une expertise unique dans le domaine de la restauration et la réhabilitation de biens immobiliers anciens. Quelques mots sur ce secteur méconnu.

C’est une activ­ité dis­tincte de la pro­mo­tion, laque­lle con­siste à con­stru­ire des immeubles neufs. Dans la restau­ra­tion et la trans­for­ma­tion d’immeubles, nous inter­venons sur des biens uniques, éventuelle­ment classés et de tou­jours grande qual­ité. Cela implique une approche per­son­nal­isée et sur-mesure, mais aus­si une exper­tise, un savoir-faire et une expéri­ence spé­ci­fiques qui ne sont pas trans­pos­ables depuis le secteur de la pro­mo­tion. C’est égale­ment un marché très étroit, où les biens — sou­vent uniques — sont rares.

En accom­pa­g­nant nos clients sur cette typolo­gie d’investissements, nous con­tribuons égale­ment à la sauve­g­arde du pat­ri­moine français. Nous par­ticipons au main­tien de l’attractivité et de la vital­ité des cen­tres-villes. Quant à nos clients, au-delà de l’investissement, nous les accom­pa­gnons aus­si dans la ges­tion des biens que nous réha­bili­tons, grâce à une fil­iale dédiée du Groupe Altarea qui prend en charge la mise en loca­tion, la gestion…

Cette typologie de biens bénéficie d’une fiscalité particulière. Qu’en est-il ? 

Rénover un immeu­ble ancien coûte plus cher que con­stru­ire du neuf. C’est en effet une opéra­tion beau­coup plus con­traig­nante : il faut respecter des con­traintes cul­turelles, admin­is­tra­tives, archi­tec­turales et pat­ri­mo­ni­ales fortes, mais aus­si faire appel à des entre­pris­es et des savoir-faire spé­ci­fiques… Résul­tat : le prix des travaux au m2 est très sou­vent de l’ordre du dou­ble de celui qu’on peut trou­ver dans le neuf.

Parce que l’État con­sid­ère que la préser­va­tion du pat­ri­moine est d’intérêt général, des avan­tages fis­caux ont été mis en place pour apporter un cer­tain équili­bre sur le plan financier, mais aus­si pour inciter ces investissements.

Le prin­ci­pal dis­posi­tif fis­cal s’applique aux biens classés mon­u­ments his­toriques et per­met de déduire tous les travaux de son revenu glob­al à con­di­tion de respecter l’intégralité des pré­con­i­sa­tions faites par les Archi­tectes des Bâti­ments de France. Pour les immeubles situés dans un Site Pat­ri­mo­ni­al Remar­quable classé et dans le cadre d’un plan de sauve­g­arde et de mise en valeur approu­vé, la Loi Mal­raux per­met de béné­fici­er d’une réduc­tion d’impôt de 30 % sur les travaux réal­isés. Con­nue prin­ci­pale­ment dans le domaine du neuf, la Loi Pinel s’applique égale­ment aux bâti­ments anciens quand ces derniers sont totale­ment rénovés ou trans­for­més à des fins loca­tives. Enfin, les investis­seurs qui dis­posent d’importants revenus fonciers et locat­ifs peu­vent déduire les coûts des travaux de réha­bil­i­ta­tion, de leurs revenus fonciers.

Comment appréhendez-vous la question de la construction durable dans votre secteur d’activité ?

Sur le plan énergé­tique et écologique, rénover un immeu­ble ancien est beau­coup plus intéres­sant que con­stru­ire du neuf. En effet, sur de telles opéra­tions, nous conser­vons la struc­ture de l’immeuble. Toute l’attention va se porter sur le sec­ond œuvre et la réno­va­tion. Si en ter­mes de temps de tra­vail, de main d’œuvre et de coûts, nous sommes sur des indi­ca­teurs iden­tiques ou supérieurs à ceux de la con­struc­tion neuve, ceux relat­ifs à la pol­lu­tion, l’empreinte car­bone et l’usage des matières pre­mières sont large­ment inférieurs. Nous por­tons aus­si une atten­tion par­ti­c­ulière à la ques­tion de l’efficacité énergé­tique, de l’étanchéité et de l’isolation avec le respect de normes spé­ci­fiques à l’ancien, qui évolu­ent chaque année. Enfin, pour priv­ilégi­er les chaînes de valeur cour­tes, nous faisons appel en pri­or­ité à des entre­pris­es et des arti­sans locaux.

Et pour conclure, pouvez-vous nous donner des exemples de réalisations emblématiques ?

Nous pou­vons citer le château de la duchesse d’Uzès à Bon­nelles (Yve­lines), dont nous venons d’achever la réha­bil­i­ta­tion. Je cit­erai aus­si les Grands Moulins à Mar­quette-lez-Lille et l’ancienne Brasserie Motte-Cor­don­nier à Armen­tières, dans le Nord : des bâti­ments indus­triels con­stru­its au début du 20e siè­cle que nous allons trans­former en rési­dences de haut standing.

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