La recrudescence de l’inflation : Faits et enjeux

Recrudescence de l’inflation et réponse politique : faits et enjeux

Dossier : InflationMagazine N°783 Mars 2023
Par Xavier RAGOT (X93)
Par Jean-Luc TAVERNIER (X80)

Le niveau actuel de l’inflation, incon­nu depuis trente ans, conduit à un débat légi­time sur l’effet de l’inflation sur le coût de la vie, sur les finances publiques ou encore sur la crois­sance éco­no­mique. À la dif­fé­rence de la dette publique, l’inflation est d’abord une expé­rience concrète pour tous, et nou­velle pour les géné­ra­tions récentes. Elle demande en même temps une ges­tion macroé­co­no­mique. La mesure même de l’inflation amène déjà des débats légitimes.

L’inflation ne mesure pas direc­te­ment le coût de la vie, mais l’évolution d’un panier moyen de biens. Nous ne fai­sons pas tous l’expérience de la même infla­tion, car les struc­tures de consom­ma­tion dif­fèrent sui­vant le reve­nu, le lieu de rési­dence ou encore le sta­tut de loca­taire ou de pro­prié­taire. Amor­cée en sor­tie de crise sani­taire, exas­pé­rée par le conflit ukrai­nien, l’inflation actuelle pro­vient de la dif­fu­sion d’une hausse des prix de biens impor­tés : gaz, pétrole, de nom­breuses matières pre­mières indus­trielles et ali­men­taires. La ques­tion essen­tielle est bien le poli­cy mix qui per­met de répondre à cette situation.

La pre­mière réponse à la crise éner­gé­tique en France a été bud­gé­taire, avec la mise en place du bou­clier tari­faire. Celui-ci était inédit, et utile pour ne pas réduire bru­ta­le­ment le niveau de vie des ménages, mais il ne peut être per­ma­nent. Un bou­clier tari­faire péren­ni­sé, coû­teux pour les finances publiques, deman­de­rait de fortes hausses d’impôts futures pour sta­bi­li­ser la dette publique. Car il ne faut pas comp­ter sur un effa­ce­ment magique de la dette par le tru­che­ment de l’inflation : la hausse des prix ali­mente certes les recettes publiques, mais elle joue éga­le­ment sur les dépenses, dont beau­coup sont indexées.

“Nous entrons peut-être dans un nouveau régime d’inflation plus volatile.”

Tout aus­si déli­cate est l’orientation de la poli­tique moné­taire ; face à une hausse des prix d’origine domes­tique, le dur­cis­se­ment s’impose ; face à une infla­tion impor­tée, les banques cen­trales ne peuvent res­ter pas­sives, ne serait-ce que pour affir­mer leur déter­mi­na­tion à assu­mer leur man­dat et à reve­nir aux objec­tifs d’inflation cible, mais l’exercice est plus déli­cat car le risque existe d’ajouter un effet réces­sif exces­sif à un phé­no­mène qui ponc­tionne déjà le reve­nu national.

Ces ques­tions sont certes anciennes, mais elles doivent être repla­cées dans le contexte actuel, qui est mar­qué par la mul­ti­pli­ci­té des risques, liés à la crise finan­cière, à un contexte de pan­dé­mie qui n’est pas com­plè­te­ment dis­si­pé, au retour de pré­oc­cu­pa­tions de sou­ve­rai­ne­té du fait de la mon­tée des ten­sions géo­po­li­tiques. À ces risques s’ajoute, sur le long terme, la néces­saire tran­si­tion vers une éco­no­mie bas car­bone qui va chan­ger la struc­ture des prix relatifs.

La ges­tion des crises, mal­heu­reu­se­ment récur­rentes, doit conser­ver l’orientation ten­dan­cielle d’une hausse du prix rela­tif des biens car­bo­nés, tout en gar­dant une infla­tion conte­nue. Nous entrons donc peut-être dans un nou­veau régime d’inflation plus vola­tile, dont ce dos­sier contri­bue à des­si­ner la nature, grâce à sept contri­bu­tions de spé­cia­listes reconnus.


Lire aus­si : Infla­tion : apports et limites de l’indice des prix à la consommation


Commentaire

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PIERRE FILLETrépondre
7 mars 2023 à 11 h 31 min

Pour­quoi n’y a‑t-il pra­ti­que­ment que des articles de membres de la fonc­tion publique ou d’associations ?

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