Quinze ans d’amitié en musique

Dossier : X-Musique : En pêchant la truite avec SchubertMagazine N°654 Avril 2010
Par Thanh-Tâm LÊ (91)

Thanh-Tâm LE (91) et sa soeurEntre grands clas­siques, redé­cou­verts avec fraîcheur et jolies trou­vailles réveil­lées des limbes de l’ou­bli, il émane du con­cert annuel d’X-Musique cette ambiance atem­porelle, si par­ti­c­ulière, où cer­tains des par­tic­i­pants retrou­vent, des décen­nies après, le trac du petit musi­cien en herbe atten­dant son pub­lic, tou­jours dans un esprit con­vivial et bon enfant.

Au fil des ans, j’ai ain­si con­nu de vifs plaisirs à mor­dre en noble com­pag­nie dans un Bran­de­bour­geois, un quin­tette de Medt­ner (épique, plus encore le soir du con­cert !), une sonate à deux vio­lons de J.-S. Bach, deux Tzi­gane de Rav­el avec ma sœur Thiên-Nga mais aus­si, comme sim­ple audi­teur, à trem­per l’or­eille dans les iné­narrables vari­a­tions sur les Lavandières du Por­tu­gal ou à voir naître, en direct, une par­ti­tion de François Nico­las (67).

Les con­certs ne sont pour­tant que le vis­age pub­lic du groupe. X‑Musique, pour moi, c’est d’abord une mai­son chaleureuse, pleine de sons, de par­ti­tions improb­a­bles pour groupes impro­visés, le temps d’un dimanche après-midi. Ce sont des séances studieuses avec la famille Guil­bert et leurs amis de trente ans, entre­coupées par la son­nette d’en­trée, astu­cieuse­ment reliée à une lampe anci­enne ; des fous rires et des moments de magie, le chat des lieux blot­ti dans ma boîte à vio­lon mais allergique au son de l’in­stru­ment, de Mil­haud dro­la­tique en Franck poignant.

Quinze années d’ami­tié représen­tent une belle péri­ode d’ex­is­tences partagées, avec ses joies, avec ses épreuves aus­si, qui font taire les mots. Alors, seul le sou­venir vibrant de toutes les musiques recréées ensem­ble peut pré­ten­dre ren­dre jus­tice à la per­sis­tance des sentiments.

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