Les choix des polytechniciens à la sortie de l'École

Que font les X après l’X ?

Dossier : Premier PasMagazine N°697 Septembre 2014
Par Jérôme SAULIÈRE (05)

Com­mençons par une bonne nou­velle. Les poly­tech­ni­ciens ne con­nais­sent (presque) pas la crise. Seuls 1,5 % des élèves diplômés en 2010 étaient en recherche d’emploi en 2012. Pour offrir un point de com­para­i­son, 4,6 % des diplômés 2010 des écoles d’ingénieurs français­es étaient en recherche d’emploi en 2012.

REPÈRES

Chaque année, près de cinq cents jeunes polytechniciens entrent dans la vie active ou poursuivent leurs études. L’École mène une enquête systématique sur leur choix. La dernière en date porte sur les promotions diplômées jusqu’en 2011.
D’autres enquêtes récentes permettent de compléter les données sur l’orientation choisie, telles que celle de la Conférence des grandes écoles ou celle menée annuellement par les Ingénieurs et scientifiques de France (IESF).


Si l’on con­sid­ère que les poly­tech­ni­ciens pour­suiv­ent le plus sou­vent leur for­ma­tion plusieurs années quand les élèves d’autres écoles sont déjà à la recherche d’un pre­mier emploi, et si l’on ôte du compte les élèves ayant pour­suivi leurs études (les élèves des Corps d’État sont quant à eux cer­tains d’être embauchés au terme de leur for­ma­tion com­plé­men­taire), le pour­cent­age est de 2 %, ce qui reste remar­quable­ment faible.

“ Un élève sur cinq poursuit par un doctorat ”

Sans grande sur­prise, un quart de la pro­mo­tion des poly­tech­ni­ciens diplômés en 2011 (25 %) choisit les Corps d’État. Plus d’un cinquième de la pro­mo­tion (22 %) choisit de pour­suiv­re ses études par un doc­tor­at. Ce chiffre ne pour­ra man­quer d’étonner ceux qui croy­aient que le doc­tor­at ne ser­vait à rien après un diplôme aus­si pres­tigieux que celui de l’X.

Il faut dire que le doc­tor­at peut se révéler être un atout pour faire car­rière à l’étranger, ce qui est envis­agé à plus ou moins long terme par nom­bre de nos cama­rades : 22 % des jeunes diplômés 2011 ont ain­si choisi de com­mencer leur car­rière dans un autre pays.

Le doc­tor­at est égale­ment une con­di­tion sine qua non pour con­tin­uer dans la recherche, ce que choi­sis­sent de faire un nom­bre non nég­lige­able d’X.

Ain­si, par­mi les moins de 30 ans, 14 % ont fait le choix de l’enseignement supérieur ou de la recherche fon­da­men­tale, con­tre moins de 2 % en moyenne pour les écoles d’ingénieurs. À ces derniers s’ajoutent les 19 % qui ont opté pour la R&D dans les entre­pris­es (12 % en moyenne pour les écoles d’ingénieurs).

Fidèle à sa cul­ture de l’excellence sci­en­tifique, l’X con­tin­ue donc de compter dans le monde de la recherche, qu’elle soit fon­da­men­tale ou appliquée.

La bulle des finances

Un sujet dont s’émeuvent beau­coup d’anciens et l’opinion publique est le fait que des ingénieurs for­més aux frais du con­tribuable choi­sis­sent de faire car­rière (et for­tune ?) dans la finance. Cela ne con­cerne pour­tant que 6,5 % des diplômés 2011 (13 % hors doc­tor­at et Corps de l’État) qui tra­vail­lent pour le secteur des ban­ques et des assur­ances. Ce chiffre mon­tre une impres­sion­nante décrue par rap­port aux 14 % de 2010 (27 % hors doc­tor­at et Corps de l’État). La bulle serait-elle en train de se dégonfler ?

L’énergie est le premier secteur d’emploi des jeunes polytechniciens. Photos d'éoliennes
L’énergie est le pre­mier secteur d’emploi des jeunes poly­tech­ni­ciens. © CAROLE CASTELLI — FOTOLIA

Énergie et BTP

L’industrie, qui avait le plus souf­fert de la pop­u­lar­ité du secteur ban­caire, prof­ite de cette décrue et attire désor­mais près de la moitié des diplômés, hors doc­tor­at et Corps de l’État.

Les secteurs indus­triels qui attirent le plus les jeunes poly­tech­ni­ciens sont l’énergie et le BTP : ils con­cen­trent à eux deux 60 % des X ayant fait le choix de l’industrie.

Le con­seil, quant à lui, con­tin­ue sans sur­prise d’avoir le vent en poupe : son attrac­tiv­ité, en con­stante hausse depuis 2009, atteint 22 % en 2011 (hors doc­tor­at et Corps de l’État), soit pour la pre­mière fois plus que le secteur des ban­ques et assurances.

Enfin, un sujet qui intéresse tou­jours est la créa­tion d’entreprise. Mal­gré les efforts con­sen­tis dans ce domaine et la volon­té affir­mée de dévelop­per la soif d’entrepreneuriat chez les élèves, elle reste extrême­ment mar­ginale par­mi les choix des jeunes diplômés : 1 %, ce qui est tout de même un peu mieux que la moyenne des écoles d’ingénieurs français­es (0,3 %).

SOURCES

  • Enquête « premier emploi » 2013 réalisée par le pôle « Stages, Orientation, Insertion professionnelle » de l’École polytechnique sur les promotions diplômées jusqu’en 2011.
  • 24e enquête IESF, mars 2013.
  • Enquête « Insertion des jeunes diplômés » 2012 de la Conférence des grandes écoles.

LES DÉBOUCHÉS DES POLYTECHNICIENS DIPLÔMÉS EN 2011

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